Il y a quelques jours de cela, j’ai eu l’occasion d’assister à l’avant-première du troisième volet de la saga Avatar, baptisé De Feu et de Cendres. Après une suite très aquatique et contemplative, James Cameron décide de mettre Pandora et ses personnages à l’épreuve, presque à feu et à sang pour la petite allusion au titre. À la veille de la sortie du film, le réalisateur va-t-il confirmer le succès de la saga ? Comme on a l’habitude de le dire, « jamais deux sans trois », mais c’est sans compter les difficultés que rencontre le box-office. Après le triomphe de Zootopie 2, est-ce que Disney termine l’année 2025 (et débute 2026) de façon mémorable grâce à Avatar 3 ? Voici mes impressions sur le film De Feu et de Cendres !
Avatar : De Feu et de Cendres, l’un des films les plus marquants de 2025 ? La pression pèse sur la saga de James Cameron
Sincèrement, est-ce que vous avez vu passer les trois années qui ont séparé la sortie des films Avatar : La Voie de l’eau et Avatar : De Feu et de Cendres ? En tout cas, le temps nous a paru moins long qu’entre les deux premiers volets. Toujours est-il qu’en ces temps difficiles pour le box-office, la programmation d’un nouveau film signé James Cameron, l'un des hommes à avoir révolutionné notre imaginaire, est autant une bénédiction, compte tenu de son passé hollywoodien, qu’une source d’inquiétudes. Et si Avatar : De Feu et de Cendres n’arrivait pas à reproduire la réussite insolente des deux précédents volets ? Et si les faibles résultats de ce nouvel opus venaient à condamner l’avenir de la saga ? Il faut dire que 400 millions de dollars de budget — d’après les récentes estimations —, ça fait un sacré montant à rentabiliser… Quoi qu’il en soit, l’ambiance est à la prudence, et même James Cameron tempère les attentes et évoque la nécessité de réduire les coûts de production, le tout entre deux trois piques adressées à celles et ceux qui cèdent aux sirènes de l’intelligence artificielle générative.

En cette veille de sortie du film, la tension est palpable, mais le retour en force de la saga est déjà prégnant. Il y a quelques jours de cela, je vous ai parlé de ma découverte du nouveau contenu additionnel du jeu vidéo Avatar : Frontiers of Pandora, baptisé D’Entre les Cendres, soit une référence évidente au troisième volet cinématographique. Après respectivement trois et deux ans d’absence, film et jeu vidéo coïncident pour célébrer le grand retour de la franchise. En tout cas, je ne sais pas vous, mais toute cette actualité florissante autour d’Avatar m’a donné envie de revoir les films et de faire d’une pierre deux coups, à savoir de revoir mon jugement sur les deux blockbusters de James Cameron et avoir les événements précédents en tête pour aborder le visionnage de De Feu et de Cendres en étant dans les meilleures dispositions. En début de mois, nous sommes nombreux à avoir eu l'occasion de découvrir ce troisième volet, et, pour ma part, j’ai même eu la chance de m’entretenir (très) rapidement avec Sam Worthington et Stephen Lang, respectivement Jake Sully et Miles Quaritch dans la saga. Après deux triomphes au box-office, eux non plus ne réalisent pas ce qu’il se produit autour de cette saga. « Je trouve ça incroyable. Quand on fait un film, on veut qu'il touche le public. Je ne pense pas qu'on puisse avoir la prétention de croire qu'il va toucher un public aussi large » m’a confié Sam Worthington. Une confession sur laquelle Stephen Lang a surenchérit. « Nous faisons partie de quelque chose d'assez extraordinaire et nous donnons le meilleur de nous-mêmes ». Alors, est-ce que les révisions scénaristiques opérées par James Cameron après la sortie de La Voie de l’eau sont payantes ? Est-ce que l’extension de l’univers et les ambitions, sombres et spectaculaires, font leur effet ? Est-ce que les acteurs se sont donné à fond au point d'en faire le meilleur volet de la saga ? C’est le moment d’y répondre, mais je sais déjà que les détracteurs de James Cameron vont adorer s’en prendre à ce film.

James Cameron signe un blockbuster quasi-parfait, mais les détracteurs d’Avatar ne vont pas louper le film De Feu et de Cendres
Alors, on les encaisse comment ces cent quatre-vingt-dix-sept minutes d'Avatar : De Feu et de Cendres ? En réalité, on n’a même pas besoin de les « encaisser » car cette projection, c’était comme être enveloppé dans une bulle d’eau. Pas même un petit coup de mou ou les paupières légèrement lourdes ? Pas le moins du monde ! Avec ce troisième volet, que je vous conseille vivement de vivre au cinéma, James Cameron démontre que les deux précédents volets ont été source d’enseignements en matière de gestion du rythme puisque c’était presque irréprochable, là où on pouvait se montrer plus mesuré avec les précédents. Malgré le format imposant de ce troisième épisode (le plus long à ce jour, rappelons-le), James Cameron jongle entre les séquences d’action, les respirations scénaristiques, la progression des arcs narratifs et les moments d’évolution des personnages avec une maîtrise certaine. Et ce sans jamais faire tomber une seule balle, pour filer notre métaphore. Preuve de cette fluidité, je n’ai pas regardé ma montre une seule fois, ni même eu l’impression qu’il fallait accélérer la cadence ou écourter quoi que ce soit. Bien au contraire ! Chaque scène de ce troisième volet paraît avoir sa raison d’être, comme si rien n’était superflu, que l’ensemble servait une vision globale et que James Cameron était allé jusqu’au bout de son propos. « Tu ne perds pas le fil de ce qui se passe. Parfois, je regarde un blockbuster, et ça devient du bruit blanc. Là, je suis l'histoire, ça m'excite, je suis dedans », m'a confessé Sam Worthington lors de notre rencontre, et j’avoue partager le même sentiment que lui face à ce troisième volet !

Une fois de plus, James Cameron prouve que la saga Avatar est une pure expérience de divertissement et de cinéma qui se vit pleinement dans l’obscurité des salles, là où (presque) aucun autre bruit ne peut parasiter cette ambiance qui nous happe du début à la fin. Visuellement bluffant – le HFR est un vrai plus qui accroît les sensations –, d’une grande beauté et doté d’une bande-son et d’un sound design d’exception qui nous fait oublier le travail technique qu’il y a derrière, Avatar : De Feu et de Cendres est l’exemple typique du blockbuster moderne, celui qui promet un moment hors du temps et qui marque (très) longtemps parce qu'il a ce « petit truc en plus » cher au réalisateur. « Tout le troisième acte (ndlr : Avatar : De Feu et de Cendres) devient complètement dingue » pour reprendre les propos de Sam Worthington pendant notre échange, et je pense qu’il ne sera pas le seul à juger ça « cool » dans les salles à partir de demain. Évidemment, tout n’est pas parfait et, si je devais pointer deux petites déceptions (sans trop en dévoiler), ça concernerait le traitement des Mangkwan, mais peut-être que James Cameron en garde sous le coude pour la suite… Tandis que l’autre petite déception concerne l’une des séquences de bataille. C’est solide, spectaculaire, efficace, mais ça donne parfois cette sensation de déjà-vu, comme si la saga n’était pas capable de monter encore d’un cran par rapport au reste. Sur ce point, j’attendais d’être davantage bousculé et je suis légèrement resté sur ma faim. Fort heureusement, ce troisième volet reste très intéressant, presque comme une synthèse des deux précédents volets, l’alliage parfait même. Parmi les grandes surprises de ce troisième opus, je retiens l’évolution des personnages, et certains (que je ne citerai pas) plus que d’autres. Pour moi, Neytiri est l’une des plus grandes héroïnes modernes du cinéma, et je pèse mes mots ! Quoi qu’il en soit, si on les connaissait déjà, ils gagnent en importance et se montrent même sous un nouveau jour à travers des facettes inattendues.

Finalement, c’est aussi ça Avatar : une fresque quasiment théâtrale où chaque personnage à un rôle à jouer, d’une manière ou d’une autre. Ce nouvel opus peut bien s’appeler De Feu et de Cendres, quelques-unes des séquences de ce film m’ont donné des frissons, et je ne mettrais pas ça sur le dos de la climatisation qui parcourait la salle. Non, James Cameron a encore réussi à ponctuer son récit de moments forts et inoubliables, le genre de choses qu’on attend d’un blockbuster de cette trempe et d'un film qui porte son nom. « Je pense que chaque fois que je regarde le film, je vais probablement avoir un moment préféré » m'a avoué Stephen Lang il y a de cela quelques jours, et c'est ce qui ressort de cette séance ponctuée de moments grandioses, d'instants touchants et même de passages assez comiques entre lesquels notre coeur peut balancer lors de chaque visionnage. Pourtant, je ne peux m’empêcher de croire que ce troisième volet aura du mal à convaincre une partie du public sur le fond, cette même portion qui faisait des reproches à la saga à ses débuts et face à La Voie de l'eau. Or, si l’on prend le temps de s’y pencher, Avatar est une saga fabuleuse qui, au-delà de ses thématiques, développe ses thématiques autant qu’elle déconstruit des sujets et des tropes cinématographiques. Avatar : De Feu et de Cendres n’est pas là pour totalement redistribuer les cartes, il vient synthétiser quinze ans de cinéma, capturer l’essence de ce que James Cameron construit depuis le début, tout en amorçant une nouvelle étape de sa saga. Ce n’est pas pour rien que James Cameron envisage de marquer son prochain film (s’il se fait, on croise les doigts) d’une ellipse de plusieurs années, comme pour reprendre son récit à l’aune d’un nouveau chapitre pour mieux servir des enjeux inédits. Désormais, la saga Avatar affiche une silhouette claire, une trajectoire de plus en plus affirmée à chaque film. Et c’est peut-être ça, finalement, la plus grande réussite d’Avatar : De Feu et Cendres : il donne le sentiment d’un univers qui ne cesse de grandir, de muter, de se densifier, sans jamais sacrifier l’expérience sensorielle ni l’émotion qui l’accompagnent et en épousant pleinement sa condition de blockbuster. Dans 10 ans, je crois que je penserai encore à ce film : Avatar est devenu mon nouveau Star Wars, et ce troisième film me l’a confirmé.