Le licenciement de 31 développeurs travaillant sur GTA 6 provoque un séisme politique au Royaume-Uni. Accusé de répression syndicale, Rockstar fait face à une enquête ministérielle après que le Premier ministre Keir Starmer a jugé l’affaire « profondément préoccupante ».
C'est une situation épineuse dans laquelle se trouve actuellement le géant Rockstar... Le licenciement de 31 développeurs de GTA 6 au sein de la branche britannique, en octobre 2025, a déclenché une onde de choc qui a rapidement dépassé les frontières du studio pour arriver jusqu’aux bancs du Parlement britannique. L’Independent Workers’ Union of Great Britain (syndicat indépendant britannique) a dénoncé ce qu’elle considère comme un acte d’« union busting », une pratique antisyndicale destinée à décourager ou sanctionner l’organisation collective des employés. Les développeurs concernés faisaient partie d’un groupe Discord privé lié à l’IWGB, qui cherche à organiser les studios de jeux britanniques.
Face à la polémique, le Premier ministre Sir Keir Starmer a qualifié la situation de « profondément préoccupante » lors de la séance des Questions au Premier ministre du 10 décembre 2025. L’affaire prend désormais une dimension politique, puisque le chef du gouvernement s’est engagé à ce que ses ministres mènent une enquête.
Les licenciements de Rockstar s’invitent à Westminster
C’est Chris Murray, député travailliste d’Edinburgh East and Musselburgh (la circonscription où se trouve Rockstar North) qui a porté l’affaire devant la Chambre des Communes. Selon lui, la direction du studio n’a pas été en mesure de le rassurer quant au respect du droit du travail britannique. Il a également révélé un épisode surprenant : la réunion organisée avec Rockstar aurait débuté par un refus d’entrée aux parlementaires, à moins qu’ils ne signent un accord de non-divulgation, une condition finalement abandonnée face au refus des élus.

Murray a demandé au Premier ministre si toutes les entreprises, indépendamment de leur taille ou de leur réussite économique, doivent respecter la législation sur l’emploi et garantir le droit fondamental d’adhérer à un syndicat. La réponse de Starmer a été sans ambiguïté :
« C’est une affaire profondément préoccupante. Chaque travailleur a le droit d’adhérer à un syndicat. »
Le chef du gouvernement a assuré que ses ministres examineraient de près le dossier et tiendraient les députés informés de l’évolution de la situation.
Début d’un bras de fer juridique
De son côté, Rockstar justifie les renvois par des allégations de « faute grave », et Take-Two Interactive affirme que les employés incriminés ont « distribué et discuté d’informations confidentielles dans un forum public ». Selon plusieurs enquêtes journalistiques, dont celles de Bloomberg et People Make Games, les 31 employés concernés étaient membres d’un serveur Discord privé, où des discussions sur l’organisation syndicale auraient eu lieu. Le partage interne d’un message de la direction concernant des restrictions sur l’usage de Slack aurait servi de fondement juridique au licenciement.
L’IWGB conteste fermement cette version. Le syndicat évoque « l’un des actes de répression syndicale les plus flagrants et impitoyables de l’histoire de l’industrie du jeu vidéo », dénonçant un mépris total pour la loi et pour les travailleurs qui « rapportent des milliards » à l’entreprise. Les conséquences humaines sont lourdes : certains employés ont été contraints de quitter le Royaume-Uni après la suppression de leur visa de parrainage. En parallèle, la solidarité interne s’organise. Plus de 200 employés de Rockstar North ont signé une lettre ouverte condamnant ces licenciements et demandant la réintégration de leurs collègues.