C’est l’un des RPG les plus vantés de ces dix dernières années. Preuve de son succès, il a remporté un prix de “Jeu de l’année” en 2015 continue d’être plébiscité dans le monde du jeu vidéo. Le nouvel épisode de la licence, “pas prévu avant 2017”, fait partie des titres les plus attendus de ces prochaines années aux côtés de mastodontes comme GTA 6. Une popularité qui a attiré de nombreux joueurs qui, comme moi, ont peut-être posé la manette après seulement quelques heures de jeu. Mais je vous assure qu’une fois que l’on a compris que l’on pouvait en faire abstraction, c’est un merveilleux univers qui vous attend.
The Witcher 3 : Wild Hunt est l’un des RPG les plus vantés de ces dix dernières années, avec un titre de jeu de l'année en 2015 par exemple. Un jeu acclamé dont le succès a attiré de nombreux joueurs. Il est donc logique que, proportionnellement à sa popularité, il existe des joueurs rebutés par certains aspects difficile d'accès lors d'une ou plusieurs premières tentatives. Moi-même, à l'époque complètement ignorant de l'univers, ait été découragé. À deux reprises, j'ai lancé le jeu et l'ait désinstallé au bout de 10h. Mais la troisième fut la bonne : ce titre de CD Projekt fait désormais partie de mes jeux préférés de tous les temps et même plus. C'est tout son univers que j'apprécie désormais et il serait dommage de s'en passer en ce moment vu sa réduction jusqu'à 90% sur Steam.
The Witcher 3 : un RPG colossal et exigeant à apprivoiser
Sur le papier, The Witcher 3 : Wild Hunt a tout du RPG de rêve. Un vaste monde ouvert découpé en grandes régions – Blanchefleur, Velen, Skellige, puis Toussaint avec Blood & Wine– une quête principale ambitieuse, des dizaines d’histoires secondaires, des contrats de sorceleur, de l’exploration à cheval ou en bateau, sans oublier une écriture qui s’appuie sur l’univers des romans d’Andrzej Sapkowski. L’édition complète regroupe en prime les deux DLC, des quêtes supplémentaires et un épilogue XXL qui offre une vraie conclusion à la saga de Geralt de Riv.
Manette en main, on découvre aussi un système de jeu truffé de petites contraintes auxquelles il faut s’habituer. Le sac se remplit très vite, obligeant à trier sans cesse le butin si l'on ne veut pas être ralenti. Les vendeurs ne peuvent pas acheter tout ce que l’on essaie de leur refourguer. La montée en niveau dépend surtout de l’avancée dans la quête principale, ce qui peut décourager celles et ceux qui aiment tout faire en parallèle.
Quant aux combats, ils reposent sur une véritable “boîte à outils” de sorceleur. Une boîte à outils qui a énormément de sens quand on a le background de la profession, quand on sait comment elle fonctionne grâce aux livres ou aux précédents jeux. Quand on débarque pour la première fois dans l'univers, la prise en main est déconcertante voire déceptivepour quiconque aime utiliser n'importe comment les armes qu'on lui donne. Mais The Witcher 3 est avant tout un jeu où l'on joue Geralt de Riv, un sorceleur dans le monde du Continent.
Un début déroutant qui donne envie de lâcher la manette
Le véritable mur, pour moi, a pourtant été la quête principale elle-même. The Witcher 3 prend place après les événements de deux jeux déjà bien denses, eux-mêmes héritiers de plusieurs romans. On débarque dans un monde que l’on connaît mal, entouré de personnages qui, eux, se connaissent par cœur. Les non-dits fusent, le contexte politique est implicite, tout le monde semble au courant de ce qui se joue… sauf le joueur qui n’a pas pris le temps de se documenter. Résultat : on se sent davantage spectateur que véritable acteur, alors qu’on est censé vivre cette recherche de Ciri (la fille de Geralt) en première ligne. Plusieurs joueurs ont dû se dire qu'ils étaient là pour jouer, pas pour réviser un cours magistral de géopolitique fantaisiste.

C’est exactement ce qui m’a fait décrocher à deux reprises. Les deux fois, j’ai abandonné au même moment : juste après avoir retrouvé Yennefer et quitté Blanchefleur, ce premier village tutoriel. La première fois en 2018, la seconde au début de l’année 2020, en plein Covid, à une période où The Witcher 3 paraissait pourtant l’option idéale pour s’occuper en attendant Cyberpunk 2077, la production du même studio. Ironie du sort, à sa sortie en novembre 2020, Cyberpunk 2077 a provoqué chez beaucoup le même réflexe que moi face à The Witcher 3 quelques années plus tôt : une désinstallation rapide, pour des raisons aussi variées qu’il y a de joueurs. Ne disposant pas de l'ordinateur capable d’encaisser le nouveau “chef d’œuvre” du studio, je me suis dit qu’il était temps de redonner, encore, une chance au précédent.
Du rejet au coup de cœur : pourquoi lui redonner sa chance
Cette troisième tentative a tout changé puisqu'elle et a été suivie d’une quatrième, d’une cinquième, d’une sixième, puis d’une septième partie. En faisant abstraction de mon incompréhension de l’univers ,The Witcher 3 se révèle d’une générosité rare. L’écriture des dialogues et des personnages est ciselée : les protagonistes parlent avec un ton moderne, parfois très cru, tout en restant parfaitement ancrés dans ce cadre médiéval-fantastique. On cite souvent la célèbre quête du Baron Sanglant, dont l’issue varie selon vos choix et qui reste l’une des plus marquantes, mais une immense partie des quêtes secondaires est tout aussi prenante. On doit se saouler pour pister un vampire, on découvre une histoire d’amour vouée à l’échec entre une femme et son beau-frère, ou encore la vie d’un chaman à la recherche de sa chèvre Princesse. Proportionnellement à son importance dans le jeu, chaque personnage bénéficie d’une écriture qui lui rend justice.
La quête de la traque ivre est prenante du début à la fin.

Cette qualité se prolonge dans Hearts of Stone et, surtout, dans Blood & Wine. Le premier, plus court, raconte une histoire parfaitement tenue de bout en bout, presque comme un conte sombre. Le second reste, à mes yeux, le sommet absolu du DLC : le biome ensoleillé de Toussaint - inspiré de la Provence - offre une direction artistique lumineuse qui tranche avec les paysages maritimes et grisâtres de Skellige, tout en apportant un nouvel arbre de talents qui injecte un peu de variété et de fun dans un système de combat parfois jugé moyen. On y rencontre de nouveaux personnages mémorables (Detlaff, Anna Henrietta, Régis…) et Blood & Wine sert de point final à la saga de Geralt, avec plusieurs fins différentes selon vos décisions. En somme, une expérience globale qui sert d'excellente porte d'entrée aux livres (ainsi qu'à The Witcher 4, pas attendu avant 2027).
La Toussaint reprend les légendes arthuriennes décrites dans les derniers livres de la saga ; Olgierd Von Everec, personnage majeur de Hearts of Stone à l'histoire prenante.


Si la quête principale vous a laissé sur le bord de la route à l’époque, c’est compréhensible. Reste que la traque de Ciri prend une toute autre saveur quand on lit les romans, même a posteriori ! On comprend alors les allusions au boss final, on s'attache d'autant plus à certains personnages de Blood & Wine. Lire les livres, c'est se donner encore plus l'envie de jouer. Mais même sans ce bagage, The Witcher 3 mérite qu’on lui laisse une nouvelle chance, surtout si vous avez déjà tenté l’aventure sans réussir à accrocher. Vous êtes peut-être à une partie de découvrir l’une de vos futures pépites personnelles. Ce serait dommage de passer à côté d’un RPG de cette ampleur quand son édition complète, avec les deux DLC, est proposée à 9,99 €. Soit exactement le prix auquel je l’ai acheté avant de finir par y consacrer plus de 200 heures...