Prometteur au premier abord, The Painscreek Killings séduit par son atmosphère oppressante et sa narration subtile. Pourtant, derrière cette expérience d’enquête fascinante, la fin du jeu révèle ses limites.
Seul le dernier paragraphe de l'article dévoile des éléments importants sur le contenu du jeu, et en l'occurence sa fin.
Pendant mes vacances de novembre, j’ai nourri l’obsession de me lancer dans toutes sortes de jeux d’enquête passionnants. Mais il est difficile de dénicher de nouvelles pépites quand on a déjà l'impression d'avoir exploré la plupart des grands chefs-d’œuvre modernes du genre. Comment trouver plus formidable qu’Obra Dinn, Her Story, The Case of the Golden Idol, The Roottrees are Dead, ou encore Lorelei and the Laser Eyes et Blue Prince, si on élargit le spectre aux jeux d’énigmes ? J’ai donc fouillé les forums Reddit à la recherche de l'ultime perle rare, d’une expérience capable de me procurer le même bonheur que ces références citées plus haut. Un nom est régulièrement apparu : The Painscreek Killings.
L’argument qui a motivé mon achat était simple : The Painscreek Killings est un jeu d’enquête pur jus qui ne vous prend jamais par la main. Votre personnage est largué devant la grille qui enferme un village abandonné et vous devez, seul, interpréter les raisons de votre venue et les circonstances de la disparition des habitants. Dans le principe, l’expérience me rappelait plus ou moins Everybody's Gone to the Rapture, un superbe walking simulator de The Chinese Room que l’on explore librement, la narration se tissant au fil des découvertes aléatoires.

Une enquête immersive, au début
L’histoire commence à l’été 1999. Le joueur incarne Janet Kelly, une journaliste envoyée à Painscreek, une petite ville abandonnée, afin d’enquêter sur un meurtre non résolu ayant marqué la communauté quatre ans plus tôt. En juillet 1995, le corps de Vivian Roberts, épouse de l’ancien maire, a été retrouvé devant sa maison au petit matin. Un suspect masculin est arrêté mais relâché faute de preuves, puis son propre corps est retrouvé à proximité dans des circonstances mystérieuses. Janet arrive sur place pour rédiger un article et doit reconstituer le passé de la ville à travers des indices laissés par les habitants et les événements tragiques.
Le joueur débute sans tutoriel ni instructions précises, avec pour seule indication de bien observer son environnement, prendre des notes dans un carnet (Saint-Graal pour les amateurs de jeux d'enquête), capturer des clichés et collecter des informations pour comprendre la chaîne d’événements et identifier le coupable, le tout dans un rythme agréablement lent. Parfait pour réaliser mon rêve ultime : incarner une Sherlock Holmes des temps modernes sans qu'on m'indique quoi faire. Le concept devient vite passionnant à mesure que se dévoile une histoire riche, mêlant complots, jalousies et drames humains. The Painscreek Killings captive par son atmosphère mystérieuse et le silence des environnements, qui plonge le joueur dans une solitude à la fois fascinante et malaisante.



Les limites de l’expérience
Ce qui est particulièrement plaisant, c’est que l’histoire se construit progressivement à travers des indices disséminés, maintenant le joueur dans une réflexion constante. Mais au bout de quelques heures, on se rend compte que la plupart des notes deviennent obsolètes. La majorité de l’enquête consiste à chercher des clés et des codes de cadenas ou à parcourir des lieux vides, plutôt qu’à une véritable investigation ; on passe plus de temps à ouvrir des portes qu’à rassembler des preuves et élaborer des déductions. Bien que le jeu ne tienne jamais la main dans l’exploration, il livre énormément d’informations via des journaux intimes plutôt que par des indices visuels ou des témoignages. Étrangement, tous les habitants semblent posséder un petit carnet secret (c'est adorable mais soyons réalistes un instant...), un détail qui dénature quelque peu l’immersion initiale, pourtant brillante.
Une fin frustrante
Comble de l’horreur, la fin du jeu se révèle particulièrement décevante. En entrant dans une pièce jusqu’ici fermée, je n’étais pas avertie que franchir cette porte m’amenait à un point de non-retour. Mon enquête, encore inachevée et avec des énigmes non résolues, se voit soudain interrompue par la diffusion d’une bande audio explicative, révélant les motivations du crime et annulant les déductions patiemment construites durant des heures d’exploration. La séquence finale, incluant une course-poursuite improbable, apparaît ratée et rend la conclusion d’autant plus frustrante.
En tout cas, l'idée était bonne. Il nous faut plus de jeux d'enquête dans la veine de The Painscreek Killings.