Chaque génération de consoles entraîne son lot de changements – plus ou moins importants – dans le monde du jeu vidéo. Cependant, en 5 ans, le paysage vidéoludique a été tellement bouleversé que nous pourrions commencer à ne plus vraiment le reconnaître.
Un monde du jeu vidéo sens dessus dessous… qui se restructure ?
Nous ne voulons pas réécrire l’histoire. Bien sûr, toutes les générations de consoles ont apporté des changements majeurs, que ce soit dans l’industrie vidéoludique ou dans la manière de jouer aux jeux vidéo. Par le passé, nous avons connu l’arrivée des consoles portables, la révolution de la 3D, l’explosion du jeu en ligne, la fureur du motion gaming, la démocratisation des Stores numériques et aussi l'hégémonie des jeux service. En parallèle, nous avons vu des géants comme SEGA sortir du marché des consoles, les services d’abonnement se multiplier, les GAFA tenter de percer dans le monde du JV, ou encore les machines portables fusionner avec les consoles (Switch) et les PC (Steam Deck). Il se passe toujours quelque chose dans le monde du jeu vidéo, et c’est ce qui le rend aussi passionnant à observer.
Seulement voilà, quand bien même l’industrie nous aurait habitués à des retournements de situation, ces derniers se révèlent presque anecdotiques par rapport à ce que nous avons vu au cours de ces cinq dernières années. Rendez-vous compte, entre le mois de septembre 2020 et le mois de septembre 2025, nous avons assisté aux acquisitions de Bethesda et d’Activision (par Microsoft), la proposition de rachat d’Electronic Arts (par 3 fonds d’investissement) et le mariage presque consommé entre Ubisoft et Tencent. Nous pourrions ajouter à cela le fait que Warner Bros étudie des découpes possibles, et donc une éventuelle revente de WG Games. Oui, en dehors de Take-Two, la plupart des éditeurs occidentaux figurant dans le top 5 ont été rachetés ou ont vu leur structure se transformer drastiquement.
Ouvrir les systèmes, mais surtout les esprits
En-dehors des histoires de consolidation de l’industrie, de vente à la découpe, ou d’actionnariat majoritaire, nous avons assisté à des fermetures de studios (Arkane Austin, Volition, The Initiative, Firewalk Studios, London Studio, PixelOpus, etc.) et à des changements de stratégie importants. Aussi fou que cela puisse paraître, Microsoft abandonne les exclusivités tandis que Sony sort aussi des jeux sur d’autres plateformes ! Récemment, Valve a même révélé le retour de sa Steam Machine, histoire de tenter de dynamiter le marché des consoles de salon qui a longtemps refusé l’ouverture pour s’imposer, et qui semble petit à petit revoir ses positions. Il ne faudrait pas oublier l’incroyable nouvelle de ces derniers jours, à savoir l’annonce d’un partenariat – qui aurait été inimaginable il y a quelques années – entre Unity et Epic Games. Les deux concurrents dans le monde fermé des moteurs de jeux s’ouvrent, eux aussi, en permettant aux développeurs Unity de publier leurs jeux dans Fortnite.
Alors que le marché s’est longtemps appuyé sur l’exclusivité pour vendre ses consoles et ses services, voilà que le nouveau mot d’ordre est “l’ouverture”. L’ouverture du hardware, avec la possibilité d’installer le Store que l’on veut sur sa console, comme sur un PC. L’ouverture des moteurs, octroyant la possibilité de publier du contenu sur un service concurrent. L’ouverture des écosystèmes, permettant de retrouver ses sauvegardes et de jouer avec ses amis peu importe la plateforme sur laquelle on joue. Cela donne l’opportunité aux éditeurs de maximiser les revenus des jeux et donc de prendre moins de risques financiers à une époque où la moindre déconvenue peut engendrer des conséquences désastreuses. Cela facilite aussi la tâche des développeurs. La chose la plus difficile à ouvrir, pour ces géants, sera les mentalités. Celles des joueurs dits historiques, attachés aux exclusivités, aux “identités” des plateformes et à cette impression qu’ils font partie d’un club… fermé.