L’intelligence artificielle est partout et, au milieu de ce bouillonnement parfois délirant brassant des centaines de milliards de dollars, les acteurs sont particulièrement inquiets. De plus en plus souvent, il est demandé aux comédiens de céder les droits de leurs visages ou de leurs performances. Pour cette star d’Hollywood, impliquée dans la récente grève menée par la SAG-AFTRA, l’arrivée de l’IA constitue tout simplement un vol.
Du rôle de Dieu à Nelson Mandela : la riche carrière de Morgan Freeman
Qu'on l'accepte ou qu'on la rejette, qu'on s'en serve ou non, l'IA est partout. Par IA, on entend ici intelligence artificielle générative, qui exploite sa base de données et ses capacités de recherche pour fournir un résultat le plus proche possible de la requête formulée. Dans la production artistique, cela peut se traduire par l'utilisation de dessins générés, de lignes de dialogues ou de musiques.
Les problématiques sont nombreuses et il faudrait un livre entier pour ne serait-ce que dresser un bilan superficiel du sujet. Dans le cinéma, l'inquiétude liée à l'utilisation de l'IA a fait partie des motivations derrière la grande grève menée par le principal syndicat dénommé SAG-AFTRA. Les comédiens et les différentes personnes travaillant dans le domaine exigeaient notamment des garanties et des protections vis-à-vis de l'utilisation de l'intelligence artificielle.
En France, le mouvement TouchePasMaVF regroupe de nombreux comédiens de doublage, déterminés à protéger cette exception culturelle. Mais revenons de l'autre côté de l'Atlantique à la faveur d'une longue interview accordée par Morgan Freeman au Guardian. Âgé de 88 ans, l'acteur est revenu sur ses 60 ans de carrière à Hollywood et ses nombreux rôles marquants. Si on ne devait en ressortir qu'un, il s'agirait probablement de celui dans lequel il incarne Nelson Mandela (Invictus).

Morgan Freeman en guerre contre l'utilisation de sa voix
Il est notamment connu pour sa voix, qu'il déclare avoir travaillée tout au long de sa carrière. Il explique notamment que sa voix n’est pas un simple don naturel : il a travaillé intensivement pour la modeler et en faire un outil expressif à l’écran. Il reconnaît que cet instrument vocal est désormais au centre de débats autour de l’IA. Certaines entreprises ont créé des voix artificielles très proches de la sienne sans autorisation, ce qui constitue selon lui une violation de ses droits.
Je suis un peu énervé... ne m'imitez pas avec fausseté. Je n'apprécie pas ça et je suis payé pour faire ce genre de choses, donc si vous le faites sans moi, vous êtes en train de me voler.
Ses avocats ont été saisis pour traiter ces cas. Morgan Freeman s'en prend aussi à ce qui se cache derrière Tilly Norwood, la "première" actrice 100 % créée par IA qui a enflammé la Toile et provoqué un véritable tollé auprès des acteurs. De son côté, Morgan Freeman indique très clairement qu'il n'a absolument pas l'intention de prendre sa retraite et qu'il repart sur un plateau dès qu'un projet lui plaît. On devrait donc le retrouver à l'affiche jusqu'à sa disparition, qu'on souhaite la plus tardive possible, ou à un problème de santé majeur, ce qu'on ne lui souhaite évidemment pas. Si vous vous rendez au cinéma dans les prochains jours ou les prochaines semaines et que vous allez voir Insaisissables 3, vous le retrouverez au casting.