Croix de Fer : Le chef-d'œuvre antimilitariste de Sam Peckinpah qui a redéfini le film de guerre

Titre original : “Le meilleur film de guerre que j’ai vu” Aucun film ne l'a égalé en 48 ans et même l’un des réalisateurs les plus cultes du cinéma a dû s’incliner devant lui

Ce film de 1977, œuvre singulière d’un cinéaste réputé pour sa mise en scène de la brutalité, est aujourd’hui encore vénéré comme un chef-d’œuvre inégalé du genre guerrier. Sa réalisation intransigeante lui ont valu la reconnaissance d’une légende d’Hollywood.

Quarante-huit ans après sa sortie, une production de 1977 continue de dominer le panthéon des films de guerre. Il s'agit de Croix de Fer (Cross of Iron dans son titre original), l'unique incursion du réalisateur Sam Peckinpah dans ce registre cinématographique, un monument de violence crue et d'antimilitarisme qui a immédiatement fait sensation lors de sa parution.

Une œuvre culte encensée par Orson Welles

L'impact de ce long-métrage fut tel qu'il impressionna profondément la critique et les figures emblématiques du septième art. Le grand Orson Welles a notamment salué l’œuvre de manière retentissante, déclarant qu'il s'agissait du « meilleur film de guerre qu'il ait vu sur le simple soldat depuis À l'Ouest, rien de nouveau (1930) ». Welles, séduit par ce qu’il qualifiait même de manière plus générale de « meilleur film de guerre que j'ai jamais vu », transmit son admiration à Peckinpah par télégramme.

Ce jugement éloquent a contribué à solidifier la réputation du film, qui s'est distingué par son réalisme extrême. Vingt-et-un ans plus tard, lorsque Il faut sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg fut acclamé pour son approche réaliste des combats du Débarquement de Normandie, Croix de Fer conservait déjà son titre de référence incontestable en matière de représentation de la violence armée. Le cinéaste a cependant dû composer avec des difficultés de production, notamment des problèmes de financement initial insuffisant et la nécessité de réviser le scénario, sans compter un tournage mouvementé en Yougoslavie.

La vision sans concession du front russe

Adapté de l'œuvre éponyme de Willi Heinreich, le film se déroule en 1943 sur le front russe, dans la péninsule de Taman, alors que les armées allemandes sont en pleine retraite. Ce qui confère à Croix de Fer son caractère essentiel et sa différence fondamentale avec les productions contemporaines est le choix radical de raconter l'histoire exclusivement du point de vue des soldats allemands. L'intrigue s'articule autour d'une profonde animosité entre le sergent Steiner, interprété par James Coburn, un combattant respecté par ses hommes qui méprise les officiers, et le nouveau commandant de bataillon, Stransky (Maximilien Schell), un aristocrate prussien obnubilé par l'obtention de la très convoitée Croix de Fer.

“Le meilleur film de guerre que j’ai vu” Aucun film ne l'a égalé en 48 ans et même l’un des réalisateurs les plus cultes du cinéma a dû s’incliner devant lui

Malgré des accusations contemporaines reprochant à Peckinpah de glorifier la violence, son œuvre est d'une force implacable et clairement antimilitariste, dénuée de toute grandeur et de tout héroïsme. Cette brutalité réaliste, rehaussée par le travail remarquable du directeur de la photographie John Coquillon et les talents de monteur de Peckinpah, a cherché et réussi à contrarier les spectateurs. Bien que le film ait marqué durablement les esprits, une suite sortie en 1979, La Percée d'Avranches, ne connut qu’un succès limité auprès du public et des critiques.