Il y a bientôt dix ans, Shigeru Miyamoto, le légendaire créateur de Mario et de Zelda, signait pour la dernière fois en date la réalisation complète d’un jeu vidéo.

Il y a neuf ans, en décembre 2016, Super Mario Run débarquait sur iOS. C’était le tout premier jeu mobile estampillé Mario signé Nintendo, et surtout, un projet directement dirigé par Shigeru Miyamoto en personne. Ce détail, souvent méconnu, revêt aujourd’hui une importance particulière : il s’agit du dernier jeu en date sur lequel le créateur de Mario, de Zelda et de Donkey Kong a été crédité en tant que “director”, autrement dit le réalisateur du jeu.

Le dernier jeu « dirigé » par Miyamoto

Dans l’industrie japonaise du jeu vidéo, le rôle de “director” n’est pas une simple mention honorifique. Il s’agit de la fonction la plus impliquée dans la création concrète d’un titre : le director supervise le game design, les mécaniques, la direction artistique et le rythme du jeu. En clair, c’est lui qui « met les mains dans le cambouis », décidant de la manière dont le joueur interagit, progresse, saute, ou s’émerveille. Super Mario Run portait donc la patte directe de Miyamoto, jusque dans ses choix de rythme et sa philosophie de jeu mobile sans microtransactions agressives.

Producteur, producteur exécutif... les rôles évoluent

Depuis, le papa de Mario a peu à peu quitté le terrain de la direction pour endosser des rôles de supervision plus globaux. Sur Super Mario Odyssey (2017), il est crédité comme executive producer ; sur The Legend of Zelda : Breath of the Wild (2017), Tears of the Kingdom (2023) et Pikmin 4 (2023), comme general producer.

Ces titres désignent une hiérarchie bien différente : le producer gère la production et les ressources du jeu, tandis que le executive ou general producer surveille l’ensemble d’une série ou d’un ensemble de projets, garantissant la cohérence et la qualité générale sans forcément participer au développement quotidien. Miyamoto supervise également les produits dérivés des jeux de la firme nippones, comme les parcs d'attractions Super Nintendo World, et les films issu des licences Mario et Zelda.

Super Mario Run, son dernier jeu en date... pour le moment

Autrement dit, Miyamoto n’est plus aujourd’hui au cœur du développement quotidien, mais agit désormais comme un mentor et un gardien de la philosophie Nintendo : celle de la curiosité, de l’accessibilité et de l’amusement pur. Super Mario Run demeure ainsi, à ce jour, le dernier jeu qu’il a réalisé lui-même, celui où il a tenu un rôle créatif direct du début à la fin. Mais ce statut de « dernier en date » n’a rien de définitif : s’il devait un jour surgir un concept véritablement révolutionnaire, un projet capable de rallumer en lui la flamme de l’expérimentation, rien n’empêcherait Shigeru Miyamoto de repasser derrière le volant en tant que director. Après tout, s’il y a bien une chose que son parcours a prouvée, c’est que chez Nintendo, l’innovation finit toujours par le faire sauter dans la mêlée.