Ce classique du cinéma américain est actuellement proposé gratuitement et légalement sur YouTube. Ce long-métrage, qui a profondément marqué l’histoire du genre en subvertissant les codes établis du western hollywoodien, fut sévèrement critiqué à sa sortie pour la rudesse de son propos et son cynisme sans concession. Aujourd’hui considéré comme un chef-d’œuvre, il demeure un incontournable pour les amateurs de films de genre.
Vera Cruz, un western américian magistral réalisé par Robert Aldrich, dont la sortie initiale eut lieu aux États-Unis le jour de Noël 1954, est un drame de 94 minutes, mettant en vedette les légendaires Gary Cooper et Burt Lancaster. Souvent désigné comme un tournant fondamental dans l'évolution du western classique, il introduit une nouvelle dimension de moralité ambiguë. Actuellement, il est disponible gratuitement sur la chaîne YouTube d'Arte.
Une œuvre précurseur et sa réalisation audacieuse
L'intrigue de ce récit intense se déroule au Mexique durant l'intervention française des années 1860, période agitée marquée par une guerre civile opposant les partisans de Benito Juárez à ceux de l'Empereur Maximilien, qui avait été imposé par Napoléon III. C'est dans ce contexte d'instabilité que se rencontrent Benjamin Trane (interprété par Gary Cooper), un soldat américain démobilisé, et Joe Erin (Burt Lancaster), le chef d'une bande de brigands sans scrupules. Les deux hommes sont recrutés par le marquis Henri de Labordère afin d'escorter la comtesse Marie Duvarre dans son carrosse jusqu'à la ville portuaire de Vera Cruz. Toutefois, ils ne tardent pas à soupçonner l'existence de raisons beaucoup plus impérieuses cachées derrière ce voyage.
Produit par la société Hecht-Hill-Lancaster, dont Burt Lancaster était associé, le film fut le deuxième réalisé par Robert Aldrich en 1954 pour le compte du studio United Artists. L'aspect le plus novateur du long-métrage réside dans le caractère de ses figures principales : contrairement aux archétypes habituels qui opposent le bien au mal, les personnages de Vera Cruz sont avant tout motivés par leurs propres intérêts plutôt que par une cause noble, les établissant ainsi comme des précurseurs directs des protagonistes que l'on retrouvera dans les westerns-spaghettis ultérieurs.
La réception scandaleuse et un casting étoilé
L'atmosphère de cynisme et de brutalité, jugée particulièrement dérangeante, fut un véritable choc pour la critique de l'époque. À sa sortie, l'œuvre a été « condamnée pour sa dureté ». Des publications majeures, à l'instar du New York Times, n'ont pas manqué de fustiger l'œuvre, la qualifiant de « spectacle sadique » empli de « violence gratuite ». Même si la représentation de la violence a évolué depuis 1954, certains moments conservent leur puissance, telle que la menace proférée par le personnage de Lancaster de tuer des otages mineurs, dont la cruauté est toujours saisissante.

Outre le duo Cooper-Lancaster, la distribution rassemble une brochette d'acteurs de renom, y compris Cesar Romero, Denise Darcel, Sara Montiel et Ernest Borgnine. Il est notable que Charles Bronson figure au générique sous son nom de naissance, « Charles Buchinsky », où il joue d’ailleurs de l'harmonica, un instrument qu'il réutilisera quatorze ans plus tard dans Il était une fois dans l'Ouest. Sur le plan de la réception culturelle, Vera Cruz a également créé la controverse au Mexique, où les autorités ont protesté vigoureusement contre l'image dépréciative que le film véhiculait de la population locale, entraînant des restrictions pour les tournages américains futurs dans le pays.