Alors qu’elle arrive bientôt à son terme, la saga des Trails s’offre un remake de son premier épisode afin d’attirer de nouveaux joueurs. Pour se faire, Falcom a mis les petits plats dans les grands en livrant ce qui semble être son projet le plus ambitieux à l’heure actuelle.

En 2004, Falcom sort The Legend of Heroes : Trails in the Sky - First Chapter, épisode fondateur de ce qui allait devenir l'une des plus grandes franchises du légendaire studio japonais. Vingt et un ans plus tard, la saga de jeux de rôle à la japonaise comporte douze opus et approche de plus en plus de son dénouement alors que le treizième, The Legend of Heroes: Trails beyond the Horizon, est prévu pour janvier 2026.

Ces dernières années, de plus en plus de joueurs portent un intérêt à la série tandis qu'elle paraît difficile d'accès. Il faut dire que rattraper une saga qui comporte autant d'épisodes qui se suivent tous alors qu'ils dépassent souvent la cinquantaine d'heures et qu'ils affichent un style graphique parfois daté, le tout en anglais, cela peut être décourageant. C'est là que Falcom a eu une excellente idée : proposer un remake du tout premier opus pour rendre la série accessible et attirer un nouveau public. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils ont mis le paquet.

Une histoire riche... peut-être trop ?

La particularité des Trails, c'est que tous les épisodes de la franchise se suivent pour ne former qu'une seule grande histoire au sein du même univers. Pour autant, la série est découpée en arcs narratifs qui correspondent aux différentes régions du continent de Zemuria. Dans Trails in the Sky 1st Chapter, remake du premier jeu du premier arc de la saga comme son nom l'indique, on se retrouve au Royaume de Liberl, petit état au sud-ouest de la carte, qui se remet doucement du conflit avec son voisin, l'Empire d'Erebonia.

On y suit les aventures d'Estelle Bright, fille du héros de guerre Cassius Bright, qui cherche à rejoindre la Guilde des Égides (Bracer en anglais), une organisation non gouvernementale qui œuvre pour maintenir la paix et protéger les civils. Alors qu'elle obtient sa certification avec son frère adoptif Joshua, tout bascule quand leur père disparaît suite à accident d'aéronef dans lequel l'Empire pourrait être mêlé. Les deux adolescents vont donc parcourir le Royaume de Liberl pour retrouver leur paternel alors qu'un complot semble se tramer dans le pays.

La force des Trails a toujours été son histoire et ses personnages et ce premier épisode ne déroge évidemment pas à la règle. En premier lieu, on a droit à un casting de protagonistes particulièrement attachants qu'on apprend à découvrir au fil de leur aventure dans le royaume de Liberl. Et puis, comme tous les jeux de la série, ce titre fondateur profite d'une excellente écriture qui donne du relief au moindre PNJ à qui l'on parle, autant pour lui offrir une personnalité que pour en apprendre plus sur le continent de Zemuria. Si tout ce texte est aussi plaisant, c'est grâce à une traduction particulièrement réussie dans son travail d'adaptation et surtout... en français ! Ça ne paraît rien dit comme ça, mais la saga n'a quasiment jamais été proposée dans la langue de Molière, si ce n'est pour Trails of Cold Steel III dont la qualité de la traduction laissée à désirer. Entre le fait qu'il s'agisse du remake du tout premier jeu de la série et qu'il est entièrement en Français, cela fait de ce Trails in the Sky 1st Chapter le point d'entrée idéal pour découvrir la franchise dans les meilleures conditions.

D'ailleurs, heureusement que les dialogues ont fait l'attention d'un soin particulier, car comme tous les jeux de la série, Trails in the Sky 1st Chapter est un titre très bavard ! Par cette volonté d'entrer dans le détail et d'explorer le lore, le titre souffre parfois de certaines longueurs narratives qui peuvent ralentir le rythme de l'aventure. Et puis, comme tout Trails, c'est une expérience qui prend son temps, avec un scénario qui tarde à révéler ses véritables enjeux. C'est d'autant plus vrai qu'on est en face d'un premier épisode d'un arc qui sont souvent les jeux de la franchise qui mettent le plus de temps à se mettre en place. Il faut dire qu'ils ont la lourde tâche de présenter un nouveau contexte ! Pour autant, le titre ne souffre pas du syndrome de Persona de parler pour ne rien dire et chaque ligne de dialogue apporte quelque chose à l'aventure, même s'il y en a beaucoup. En plus, on peut souligner que ce remake profite d'une mise en scène plus poussée qu'à l'accoutumée, avec plus de dialogues qui profitent de doublages, même si on retrouve toujours des cinématiques bizarrement à moitié doublées.

Un remake qui déborde d'ambitions visuelles

Ce qui a longtemps empêché la série des Trails d'exploser auprès du grand public comme Persona, c'est aussi sa partie graphique. Depuis toujours, la franchise avait une à deux générations de retard d'un point de vue technique. Alors quand on découvre les visuels de Trails in the Sky 1st Chapter, vous comprendrez aisément pourquoi il y a de quoi être agréablement surpris. Avec ce remake, Falcom s'est donné les moyens de ses ambitions en livrant un jeu dans une esthétique anime stylisée parfaitement maîtrisée. Cela se voit surtout sur les modèles des personnages, leurs textures et les éclairages dont ils profitent, mais aussi sur les expressions typiques des animes qui apparaissent lors de certains dialogues.

Vraiment : comparé aux anciens épisodes, le studio japonais a fait un bond de géant ! Et encore, ce n'est rien par rapport aux animations de combat où Falcom a mis le plus le paquet, notamment celles des compétences et des sorts. Sincèrement, ces courtes séquences ne sont pas rappelées les animations de gacha comme Honkai : Star Rail qui misent tout dessus tant elles sont réussies. Il faut dire que le studio japonais s'est pas mal inspiré des animes du moment pour inclure des impacts frames et autres effets du genre pour rendre ces attaques plus dynamiques. Et le mieux dans tout ça, c'est que les compétences profitent même d'une variation dans leurs animations, ce qui témoigne du soin apporté par les développeurs.

À de côté de ça, il y a de quoi être impressionné de découvrir cet univers qu'on a exploré en vue dessus et en 2D dans le jeu original prendre vie ici en 3D avec une caméra libre. Un peu comme Final Fantasy VII Remake, on a la sensation de revisiter ces lieux pourtant familiers sous un nouveau jour puisqu'ils ont conservé le même agencement. Les grandes routes qui relient les villes du royaume de Liberl sont aussi resplendissantes par leur végétation généreuse et leur relief, même si elles finissent par se ressembler un peu toutes. Ajouté à cela beaucoup de monstres pour rendre le tout vivant et on n'oublie presque à quel point ces zones sont vides d'autres choses à faire que des combats.

Si tout ce remake est franchement réussi d'un point de vue graphique, ma seule pointe de déception concerne finalement la musique. Hormis un fantastique thème de combat plus dynamique que jamais, tout le reste de la bande-son sonne assez plat notamment à cause de mélodies un peu trop basiques et d'instrumentalisation souvent assez cheap. Pourtant, le titre propose de l'écouter dans trois modes différents : standard, réarrangé et original. Mais rien n'y fait, ce n'est pas l'OST la plus mémorable de la saga.

L'un des meilleurs systèmes de combats de JRPG

Si je ne taris pas d'éloges depuis tout à l'heure sur Trails in the Sky 1st Chapter, vous ne m'avez pas encore entendu parler du gameplay. C'est simple : à mes yeux, c'est l'un des meilleurs systèmes de combat de RPG avec celui de Final Fantasy VII Rebirth tant il est riche en possibilités. Il faut dire que le titre de Falcom prend le meilleur des deux mondes avec une formule hybride entre temps réel et tour par tour. Et non, il ne s'inspire pas Metaphor : ReFantazio, c'est en réalité plutôt l'inverse puisque le jeu d'Atlus reprend cette idée... de Trails Through Daybreak ! Sur le terrain, vous pouvez commencer à frapper vos ennemis afin de les étourdir et prendre un avantage avant d'engager un affrontement au tour par tour plus classique. Mais là où Falcom fait fort, c'est que ces deux aspects sont aussi réussis l'un que l'autre tout en étant complémentaire.

Pour ce qui est de la dimension action, les contrôles sont assez simples à base d'enchaînement de coups, d'esquive avec un timing parfait et une super attaque qui se charge pour étourdir rapidement l'ennemi. Mais là où ça fonctionne particulièrement bien, c'est parce que ce gameplay en temps réel est dynamique et jouissif grâce à des animations encore une fois très réussies. En même temps, on vous rappelle que Falcom est aussi connu pour la saga des Ys qui sont des Action-RPG réputés pour leur rythme soutenu. Et puis, si vous voulez aller encore plus vite, le titre a la bonne idée de permettre d'accélérer la vitesse du jeu. Mais aussi sympathiques soient-ils, ces combats en temps réel ne sont que l'entrée avant d'attaquer le plat principal : le tour par tour !

Dans Trails in the Sky 1st Chapter, le temps réel sert à gagner un avantage pour les combats au tour par tour et ne les remplace pas vraiment, si ce n'est pour vaincre rapidement les monstres bien plus faibles. En réalité, c'est une fois que l'action se fige que les affrontements montrent toutes leurs saveurs ! Et on peut dire qu'il y en a des saveurs différentes... Entre les sorts de magie, les compétences, les capacités ultimes, les attaques enchaînées, les vulnérabilités élémentaires et les ennemis qui peuvent être étourdis, ce Trails reprend toutes les mécaniques de JRPG modernes pour les combiner dans un même jeu ! Il en résulte des combats grisants, car rapides contre des monstres de base, mais qui deviennent beaucoup plus stratégiques face à des boss assez corsés. Clairement, ces derniers font office d'épreuves pour voir si le joueur maîtrise bien les codes du jeu. Mais justement, c'est ce qui les rend si satisfaisants ! Dans tous les cas, grâce à son système de combat aussi réussi, Trails in the Sky 1st Chapter parvient à nous faire enchaîner frénétiquement les affrontements sans jamais se lasser, ce qui permet d'oublier que ses donjons sont finalement assez basiques. Bien joué Falcom !

Conclusion