Bien après sa sortie, Matrix continue de fasciner les fans, qui continuent de ressortir toutes sortes de théories… jusqu’à remettre en question la légitimité de Néo !
Vingt-cinq ans après la sortie de The Matrix, une théorie longtemps méconnue refait surface et remet en question ce que beaucoup tenaient pour acquis : Néo est-il vraiment l’Élu ? En s’appuyant sur des éléments « effacés », des versions alternatives et des textes parfois supprimés, cette hypothèse nuance le rôle central que Neo joue dans la mythologie de la saga, et suggère qu’il pourrait n’être qu’une pièce du puzzle, manipulée par d’autres entités.
L'élu ? Ou le désituté
D’après ''Textual Variations'', il existerait un « prédécesseur » à Néo, un personnage antérieur dont le destin devait lui ressembler, mais dont l’histoire a été largement effacée dans le montage final (et dans les versions alternatives). Ce prédécesseur aurait rempli la même fonction : réveiller des humains, semer le doute, s’opposer aux machines. Toutefois, contrairement à Néo, il ne serait jamais parvenu à aller au bout de la prophétie – son récit aurait été jugé « trop proche » du récit mythologique traditionnel, ou trop perturbant pour le sens philosophique que les Wachowski voulaient donner à à Néo.
Cette suppression n’est pas anodine : elle change la perspective. Si Néo succède à quelqu’un, cela rend l’idée d’“Élu” moins unique et moins absolue. L’élu ne serait pas un être unique, mais un “rôle”, un personnage qu’on fait (re)naître. Moins cool, quoi. Ainsi, ce prédécesseur effacé révèle que l’Élu n’est pas une exception, mais une fonction, ce qui désacralise la victoire de Néo, le transformant en maillon d’une machine narrative.

Néo The One
Si Néo n’est pas le premier et qu’il n’est pas le seul Élu possible, cela change l’interprétation de plusieurs scènes clés. Par exemple, dans la rencontre avec l’Oracle, dans les visions et les rêves, dans les décisions fatales qu’il prend, on peut lire non plus la marque d’un destin unique, mais celle d’un schéma que l’on répète intentionnellement. L’Oracle ne serait pas seulement guide : elle serait gardienne d’un cycle. L’Architecte, de son côté, aurait besoin de ce cycle pour maintenir l’équilibre entre l’ordre (les machines) et la rébellion humaine.
D’un point de vue philosophique, cela rejoint les thèmes de la simulation, du déterminisme et de l’identité. Si l’Élu est reproductible, cela interroge ce qu’est vraiment “liberté” dans Matrix : être l’Élu, est-ce agir ou simplement endosser un rôle pré-écrit ? Et la question du choix libre se pose avec plus d’acuité encore : Néo choisit-il vraiment, ou répète-t-il un scénario écrit d’avance dont le prédécesseur était la version pilote ?