Coppola trouve que ce réalisateur visionnaire n’a pas eu la reconnaissance qu’il méritait… à juste titre !
Il y a des oeuvres qui traversent le temps, incompris à leur sortie ! Jacques Tati et son monumental PlayTime en sont l’exemple parfait. C’est cette trajectoire, faite de passion dévorante et de ruines personnelles, que Francis Ford Coppola salue aujourd’hui. Alors qu’il vient lui-même de tout miser sur Megalopolis, Coppola voit en Tati un compagnon artistique.
PlayTime : chef-d’œuvre en ruine
Quand Jacques Tati imagine PlayTime, il ne pense pas à l’économie du cinéma, encore moins à la rentabilité. Il rêve grand, trop grand peut-être : une ville entière reconstruite en studio, des décors futuristes, une mise en scène millimétrée. Le résultat : un film hors du commun, à mi-chemin entre poésie cinématographique et satire sociale. Sorti en 1967, le film déçoit et dérange. Loin des succès précédents comme Les Vacances de Monsieur Hulot, PlayTime s'effondre au box-office. Tati, ruiné, doit vendre ses droits et finit ses jours ruinés, loin de la reconnaissance qu'il aurait du avoir... Il faudra attendre des décennies pour que la critique, puis le public, réhabilitent ce chef-d’œuvre visionnaire. Trop tard pour son auteur, mort sans fortune, sans reconnaissance immédiate.
Francis Ford Coppola has issued a blistering response to “winning” worst director for Megalopolis after the film was given six Razzie nominations — including worst picture and worst screenplay. https://t.co/y1UjiQmXrN
— The Hollywood Reporter (@THR) March 1, 2025
Diviser pour moins bien régner
Coppola, en 2024, réalise Megalopolis avec la même ferveur que Tati en son temps. Il y met tout : son nom, son héritage, et surtout, ses 100 millions de dollars personnels. Le film divise, intrigue, mais peine à nouveau à séduire le grand public. Résultat : un échec commercial cuisant. Pourtant, dans les images grandioses et les intentions philosophiques de Megalopolis, se dessine un parallèle évident avec PlayTime : celui de l’artiste prêt à tout sacrifier pour une vision. « J’ai dépensé mes derniers 100 millions », confiera-t-il.
C’est donc sans surprise que Coppola choisit d’honorer Jacques Tati au Criterion Closet. Pour lui, Jacques Tati n'a pas eu la fin qu'il méritait à cause du système de l'époque :
Jacques Tati était un cinéaste formidable qui croyait en son film et a dépensé toute sa fortune parce que le système financier de l'époque ne le finançait pas .
Une phrase qui résonne comme une confession. Derrière l’hommage, une vérité brutale : les gens trop en avance paient souvent le prix fort. Mais comme Tati, Coppola espère une postérité qui transformera l’échec d’aujourd’hui en succès plus tard.