Alors que la saga Pokémon s’apprête à recevoir son nouvel opus Légendes Pokémon Z-A dans un peu plus d’un mois, Nintendo compte bien s’assurer de ne plus avoir de problèmes de plagiat à la Palworld. Petit problème : ils sont allés un peu trop loin et ça pourrait avoir des conséquences dramatiques sur l’industrie du RPG…
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Nintendo obtient l’autorisation de breveter plusieurs fonctionnalités de Pokémon
Même si la licence Pokémon se vend généralement par palettes et que cela ne risque pas de s’arrêter avec Légendes Pokémon Z-A prévu pour le 16 octobre prochain sur Nintendo Switch et Nintendo Switch 2, beaucoup de joueurs commencent à reprocher à Nintendo et à The Pokémon Company de se reposer un peu trop sur leurs lauriers. Il faut dire qu’en dehors des nouvelles petites créatures et de l’arrivée du monde ouvert, les jeux Pokémon ne se sont pas beaucoup renouvelés avec le temps à tel point que la première génération n’est pas si différente des dernières. L’occasion pour d’autres développeurs d’essayer de faire leurs propres concurrents comme Temtem ou Cassette Beasts par exemple, ce qui ne semblait pas déranger Nintendo jusqu’à l’année dernière.

En effet, en janvier 2024, le studio Pocket Pair a frappé fort avec Palworld et ses plusieurs millions de ventes en quelques semaines. Longtemps comparé à un Pokémon avec des armes à feu, les similarités de design étaient telles que Nintendo a finalement choisi de lancer des procédures juridiques contre Pocket Pair. Cependant, plutôt que de frapper sur le design clairement très proche entre les Pals et les Pokémon, Big N a choisi de se reposer sur l’utilisation de quelques fonctionnalités brevetées comme le lancer d’une boule pour capturer une créature. Une technique qui leur a clairement donné des idées, puisque Nintendo revient à la charge en faisant valider deux nouveaux brevets qui font halluciner les spécialistes.
Des brevets hallucinants qui pourraient mettre à mal toute l’industrie
Ces derniers jours, Nintendo a en effet obtenu l’autorisation de breveter deux concepts bien précis de la part du USPTO (United States Patent and Trademark Office, l’organisme qui gère les brevets aux Etats-Unis). Le premier (numéroté 12.409.387) concerne le fait de pouvoir chevaucher un objet terrestre ou volant pour traverser un terrain qui n’est pas le terrain de base, autrement dit exactement ce que les joueurs de Pokémon font quand ils utilisent Surf pour traverser les parties aquatiques par exemple. Le second brevet (numéroté 12.403.397) protège quant à lui le fait d’utiliser une invocation pour se battre automatiquement contre d’autres adversaires, soit le nouveau système introduit par Pokémon Écarlate et Violet que l’on peut utiliser en pressant la touche .

Petit problème, si ces deux systèmes sont bien utilisés dans les jeux Pokémon et font partie de leur ADN, il s’agit bien d’éléments très simples de game design qui ont également été utilisés par beaucoup d’autres jeux. Selon Kirk Sigmon, un avocat américain spécialisé dans le droit des brevets qui a pu s’entretenir avec PC Gamer à ce sujet, de tels brevets n’auraient jamais dû être validés par le USPTO, et encore moins aussi facilement. En effet, de façon générale, une autorisation de brevetage prend beaucoup plus de temps et nécessite un examen approfondi de la part de l’organisme compétent. Or, pour ces deux brevets, quasiment aucune analyse n’a été faite et l’autorisation a été donnée presque immédiatement. Kirk Sigmon estime même que cet événement est “un échec embarrassant pour le système de brevetage américain”.
Toujours selon l’avocat américain, valider de tels brevets ne peut qu’avoir des conséquences désastreuses sur l’industrie, et plus particulièrement sur les petits développeurs. En effet, si la valeur légale du brevet n’a pas été scrupuleusement analysée avant d’en donner l’autorisation, cela signifie qu’elle ne pourra être débattue que lors de procès qui risquent de coûter des sommes astronomiques que les petits développeurs ne peuvent pas se permettre de débourser. En somme, c’est donc la porte ouverte pour laisser Nintendo abuser de son pouvoir et s'emparer de concepts rudimentaires de game design. Difficile de savoir à quel point ces brevets impacteront le futur des jeux de rôle puisque même les avocats spécialisés dans ce domaine semblent perdus, mais les joueurs ne sont clairement pas rassurés.