Souvent relégué au rang des pires adaptations de jeux vidéo avec un score critique avoisinant les 11%, le film Street Fighter de 1994 est largement considéré comme un navet incohérent. Cependant, au milieu de ce désastre cinématographique, la performance emblématique de ce personnage se dresse comme un monument…
Le film Street Fighter, sorti en 1994, est une adaptation cinématographique ambitieuse mais controversée du célèbre jeu vidéo de Capcom. Perçu par beaucoup comme un échec retentissant, il est même inclus dans la liste des pires films de tous les temps sur AlloCiné. Pourtant, au milieu de ce qui a été largement décrié comme un navet incohérent, la performance d'un acteur se démarque, élevant le film au-delà de sa réputation et le rendant, pour certains, étrangement mémorable : celle de Raúl Juliá dans le rôle du Général M. Bison.
L'adaptation du chaos pour Street Fighter
Réalisé par Steven E. de Souza, qui souhaitait un mélange de Star Wars, de James Bond et d'un film de guerre plutôt qu'un film d'arts martiaux classique, Street Fighter a reçu des critiques très mauvaises tant des fans du jeu que des non-initiés. Les reproches sont nombreux : un scénario mal mis en scène et, surtout, une adaptation trop libre des personnages aux besoins du scénario. Des transformations majeures ont dérouté les fans, comme Dhalsim, passé de maître yogi à scientifique, Balrog de boxeur à cadreur, ou Chun-Li d'agente d'Interpol à journaliste. Le film a été qualifié de "douloureux à regarder", de "cacophonie sans fin", d'''"offensant et ennuyeux''", et même de ''"perte de temps complète''" par Jeff Shannon. De nombreux critiques ont déploré l'incapacité du film à saisir l'essence du matériel source, certains notant que le film "''déchire littéralement le matériel source en faveur d'un film de guerre centré sur Van Damme"''. La performance de Jean-Claude Van Damme en Colonel Guile, par exemple, a été jugée "''des plus inexpressives"'', et des problèmes de tournage liés à la toxicomanie de l'acteur ont également été avoués par le réalisateur.
Une performance pour tout sauver
C'est précisément dans ce contexte de chaos cinématographique que la prestation de Raúl Juliá, dans son dernier rôle avant son décès, brille de mille feux. Incarnant le maléfique Général M. Bison, Juliá a injecté une énergie et un charisme tels que sa performance est souvent citée comme la seule raison de voir le film. Tim Brayton affirme que Juliá "est la raison pour laquelle c'est un triomphe mémorable de cinéma kitsch, ironiquement aimable, et pas seulement une pagaille ennuyeuse d'un film d'action". Preuve de la reconnaissance de son talent, Raúl Juliá a même été nominé au prix du meilleur acteur dans un second rôle aux Saturn Awards 1995. Le film lui est d'ailleurs dédié, avec un message poignant « Raul, vaya con Dios » apparaissant au générique de fin. Malgré ses défauts criants et sa réputation de l'une des pires adaptations de jeu vidéo, Street Fighter reste dans les mémoires, non pas pour ses combats ou son scénario décousu, mais pour le legs d'une performance magistrale.