Retour sur les échecs de Nintendo dans les années 90 : Virtual Boy et Satellaview, entre innovations ratées et jeux cultes

Titre original : Cette console de Nintendo est un échec. Pourtant, il y avait des jeux vidéo Zelda et Mario dessus !

Avec la Switch première du nom, Nintendo a connu l’un des plus grand succès de l’histoire des consoles de jeu. Pionnière dans le domaine des machines grand public après le krach de 1983, la marque n’a jamais été aussi performante ni aussi riche. Cependant, les échecs font partie de l’histoire de Nintendo, comme on va le voir avec ces machines et extensions.

Nintendo : dans les années 90, une oscillation entre jeux d'anthologie et tentatives manquées

A l'aube des années 90, Nintendo règne presque sans partage sur le jeu vidéo console. La Super Nintendo/Famicom est arrivée et a pris la relève d'un NES qui a relancé tout un marché. Mario est déjà un immense carton et Nintendo prépare doucement mais sûrement le passage à la 3D qui interviendra avec la Nintendo 64. A ce moment-là, le seul vrai challenger est SEGA qui, avec la MegaDrive puis Sonic dès 1991, résiste. Sony n'est pas encore le constructeur que l'on connait aujourd'hui, et la PlayStation n'est pas encore sortie.

Tout ça pour dire qu'à cette époque, Nintendo est une entreprise sûre d'elle. Gunpei Yokoi, l'un des créateurs de la GameBoy, profite de cette position de force et du soutien d'Hiroshi Yamauchi pour se lancer dans un projet novateur. La réalité virtuelle ou tout du moins augmentée commence à faire parler d'elle auprès des ingénieurs, mais la technologie reste très limitée. Yokoi, qui est persuadé que les joueurs en auront bientôt marre des affichages traditionnels, travaille sur le concept d'un casque de réalité virtuel censé proposer un nouveau type d'expérience aux joueurs. Vous l'aurez compris, on parle ici du Virtual Boy, lancé en 1995 au Japon et en Amérique du Nord.

Ce casque-console totalement indépendant se pose sur une table et propose des jeux rouges et noirs avec un effet de profondeur. Plusieurs fois retardé par Nintendo, le Virtual Boy ne sera finalement qu'une étoile filante. La technologie n'est pas prête, le public ne répond pas présent et certains se plaignent même de forts maux de tête. La commercialisation s'arrêtera rapidement après un peu plus de 770 000 unités vendues ou un peu moins d'un million en fonction des estimations. La ludothèque ne compte que 22 jeux, idéal pour les collectionneur ! Le Virtual Boy est globalement perçu comme un accessoire plutôt que comme une console par le public.

Cette console de Nintendo est un échec. Pourtant, il y avait des jeux vidéo Zelda et Mario dessus !Cette console de Nintendo est un échec. Pourtant, il y avait des jeux vidéo Zelda et Mario dessus !

Le Satellaview, l'échec oublié de Nintendo

Si on veut parler de vrais échecs de façon plus générale avant la GameCube ou la WiiU, on va plutôt se tourner vers le Satellaview. Sorti en 1995, le Satellaview est une extension de la Super Famicom (SNES) conçu en partenariat entre Nintendo et la société St. GIGA, une entreprise spécialisée dans la radio par satellite. Il s’agit en réalisté d'un simple modem à placer sous la console capable de capter les émissions diffusées et les jeux proposés.

La programmation étant communiquée via des magazines et une cartouche BS-X enregistrait les données téléchargées par satellite. L’abonnement au service de St. GIGA est donc littéralement l'ancêtre des services de vidéo ou de jeux à la demande. Problème, profiter du Satellaview nécessaitait, comme à la télévision auparavant, d'être disponible sur des plages horaires bien précises pour jouer aux jeux Broadcast Satellite (BS) développés pour l'appareil (F-Zero Grand Prix 2, BS Fire Emblem ou encore BS Super Mario USA).

Ces diffusions n'étaient accessibles qu'une heure par jour et ne concernaient qu'un seul titre par mois. Pour jouer et poursuivre ses aventures de BS Zelda, car oui il y a une trilogie Zelda sur Satellaview, il fallait donc être au rendez-vous. Pire encore, si les joueurs avaient le malheur de manquer une diffusion, il n'était plus possible de progresser. Si la bande-passante permettait des visuels de grande qualité et même l'intégration de voix, cela n'a pas été suffisant. Le partenariat entre Nintendo et St. GIGA n'a pas été renouvelé et le service a été débranché en 2000 en sachant que Nintendo a arrêté de proposer des nouveautés dès 1999. Les objectifs de vente n'ont jamais été atteints.