Gachiakuta : Une Nouvelle Série Animée Prometteuse des Créateurs de My Hero Academia

Titre original : Méchamment stylé ! J'ai été époustouflé par la nouvelle bombe animée des créateurs de My Hero Academia, Gachiakuta...

Dans un paysage de l’animation japonaise saturé de récits scolaires ou fantastiques plus ou moins formatés, Gachiakuta fait figure de proposition singulière. Adapté du manga de Kei Urana, dont les planches frappent par leur noirceur et leur densité visuelle, l’anime pose dès ses premiers épisodes les bases d’un monde crasseux, hiérarchisé, où les déchets – qu’ils soient matériels ou humains – finissent tous au même endroit : la Fosse. J’ai eu l’opportunité de visionner les deux premiers épisodes de l’adaptation animée en avant-première. Une entrée en matière marquante, qui réussit à installer un univers riche, bien que tout ne soit pas encore pleinement exploité.

Bones au service d’un monde en décomposition

Derrière l’animation de Gachiakuta, on retrouve le studio bones film (My Hero Academia et Sk∞), dont l’expérience dans la mise en scène de récits énergiques et stylisés n’est plus à prouver. La direction artistique, ici, se distingue immédiatement. Les décors alternent entre les hauteurs lisses de la cité céleste, société rigide dirigée par les Apôtres, et les profondeurs insalubres de la Fosse, immense dépotoir où s’échouent criminels et objets jetés.

C’est dans cette zone que chute Rudo, le protagoniste, après avoir été injustement accusé du meurtre de son père adoptif. Le point de départ du récit – la chute brutale d’un marginal déjà rejeté – s’inscrit dans une tradition shônen bien connue, mais l’univers dans lequel il évolue parvient à s’en distinguer. Le character design, en particulier, est l’un des éléments les plus marquants de l’adaptation. Très crayonné, brut, il épouse l’atmosphère d’un monde en ruine, où la frontière entre l’inerte et le vivant devient floue.

Côté casting vocal, Aoi Ichikawa incarne Rudo avec justesse, conférant au personnage une cohérence bienvenue malgré son archétype. Katsuyuki Konishi, dans le rôle d’Enjin, introduit dans l’épisode 2, impose également une présence immédiate.

Méchamment stylé ! J'ai été époustouflé par la nouvelle bombe animée des créateurs de My Hero Academia, Gachiakuta...

Une mise en scène maîtrisée, mais encore timide sur l’action

Narrativement, Gachiakuta prend le temps de poser son monde. Les éléments de lore s’intègrent de manière fluide, sans être surchargés d’explications, et la progression est efficace : en deux épisodes, le spectateur comprend les dynamiques sociales, les règles brutales de la cité céleste, et entrevoit les enjeux liés à la Fosse.

Cependant, malgré ce démarrage solide, l’anime reste pour l’instant assez mesuré dans ses séquences d’action. Si la Fosse offre un terrain de jeu visuel très prometteur – entités composées d’amas d’ordures, combats contre des créatures régénératrices – le rythme reste encore contenu. Les affrontements sont brefs, parfois un peu avares en animation, ce qui peut surprendre venant de Bones, habitué à livrer des séquences dynamiques sur d’autres licences. D'autant que le système de pouvoirs est prometteur. À la surface, certaines personnes sont des Forgeurs d'Âmes : de quoi insuffler la vie dans les objets qu'ils ont pris soin. C'est bien évidemment le cas de notre héros et notre petit doigt nous dit que c'est à partir de cette base que les choses peuvent grimper en intensité. Par ailleurs, l’équilibre entre narration, installation de l’univers et moments de tension reste globalement bien tenu.

Méchamment stylé ! J'ai été époustouflé par la nouvelle bombe animée des créateurs de My Hero Academia, Gachiakuta...

Un monde à fort potentiel narratif

L’un des points les plus intéressants de Gachiakuta reste sans conteste son univers. Le contraste entre la cité céleste – froide, immobile, élitiste – et la surface, considérée comme une déchetterie, soulève des questions sociales claires, sans appuyer lourdement le propos.

En revanche, les rares tentatives d’humour ou d’allègement de ton, présentes dans les deux épisodes, apparaissent parfois en décalage avec l’ambiance générale. Dans un cadre aussi sombre et thématiquement fort, ces ruptures de ton nuisent légèrement à l’immersion.

Malgré une certaine retenue sur l’action, Gachiakuta pose ainsi les bases d’un univers solide, porté par une direction artistique affirmée et une narration bien rythmée. L’enjeu, désormais, sera de maintenir cette ambition visuelle tout en intensifiant la mise en scène des affrontements et des pouvoirs, afin de révéler tout le potentiel de l’œuvre originale. Si Bones parvient à enclencher la vitesse supérieure dans les épisodes à venir, l’anime pourrait bien devenir l’une des excellentes surprises de l’année.