Avec Batman Begins, Christopher Nolan a complètement bouleversé les codes du cinéma de super-héros. Mais avant de parvenir au résultat que tous les spectateurs connaissent, le cinéaste et son scénariste ont d’abord eu à convaincre la production, qui était plutôt fébrile face à un tel parti-pris.
Une introduction tardive
Quelque temps après le désastre Batman & Robin, quand Christopher Nolan est choisi par la Warner pour redynamiser la franchise de l'homme chauve-souris, le cinéaste décide alors de prendre le contrepied des précédentes adaptations pop et kitch pour proposer une origin story sombre, un récit réaliste et mature qui se concentre d'abord sur l'homme derrière le masque. Le parti-pris s'est avéré payant et Nolan a fini par réaliser toute une trilogie qui a rapporté des milliards à Warner Bros. Mais avant de donner son feu vert, le studio s'est plutôt montré réticent à l'idée de prendre ce virage aux antipodes des films réalisés auparavant. Invité dans le podcast "Happy Sad Confused" à l'occasion des vingt ans de Batman Begins, le scénariste du film David S. Goyer est revenu sur les débuts du projet et a expliqué que les producteurs s'étaient montrés fébriles, notamment à cause du fait que Bruce Wayne ne porte son costume qu'après une bonne heure de film.
Ils n’étaient pas contents de ça. Sans manquer de respect aux acteurs qui ont joué Bruce Wayne auparavant, les spectateurs se tournaient toujours les pouces en attendant que le personnage se mette en costume et que le film commence. Mais pourquoi cela ?
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Bruce Wayne avant Batman
La plus grande problématique pour Goyer et Nolan fut de convaincre le spectateur de patienter sagement jusqu'à la première apparition du chevalier noir. Ils ont essayé de comprendre pourquoi le héros l'emportait toujours sur son identité secrète et ont décidé justement de résoudre ce problème en accordant une place importante à Bruce Wayne cette introspection qui le place face à ses démons et ses traumatismes d'enfance, ainsi que ce rite initiatique et son apprentissage auprès de Ra’s al Ghul.
Nous savions assez tôt qu’il fallait que le public tombe amoureux de Bruce Wayne. Il nous fallait une séquence d’action incroyable avec Bruce Wayne, et non Batman. C’est comme ça qu’on a imaginé cette énorme fuite du temple, et sa glissade sur la glace.
Des années après la trilogie du chevalier noir, la franchise est maintenant menée par Matt Reeves qui a adopté une nouvelle ligne directrice avec The Batman, un film plus gothique et proche des comics les plus récents, mais toujours avec cette volonté d'humaniser un héros qui vit au coeur des ténèbres. En parallèle, James Gunn, maintenant à la tête du DCU, tente lui aussi de trouver la bonne direction pour introduire le justicier masqué au sein de son univers cinématographique. Une tâche qui s'avère encore bien complexe...