On connaît tous ces films soi-disant pour enfants qui nous ont traumatisés. Et on a probablement déjà vécu ce moment où nos parents, pensant bien faire, nous ont embarqués dans un “piège”. En croyant nous mettre devant un programme adapté aux plus jeunes, ils nous ont parfois collés devant des films en réalité pensés pour des ados de 13-14 ans…

Lors de certaines soirées films en famille, vos parents vous ont sûrement déjà installés devant des films qu’ils pensaient adaptés aux enfants… mais qui ne l’étaient pas vraiment. Parmi ces faux films familiaux, E.T. l’extra-terrestre de Steven Spielberg (1982) en est un bon exemple : émouvant, certes, mais aussi sombre et parfois angoissant. Tout comme Gremlins de Joe Dante, qui a traumatisé plus d’un enfant avec ses créatures incontrôlables et ses scènes effrayantes, alors qu’il était pourtant présenté comme un simple divertissement de Noël. Le Labyrinthe de Pan est l'un de ses oeuvres aux allures fantaisiques aux premiers abords, mais qui se révèle sombre.

Des créatures horrifiques

Réalisé et écrit en 2006 par Guillermo del Toro, Le Labyrinthe de Pan mêle plusieurs genres : fantasy, aventure et guerre. Des thématiques qui, à première vue, n’ont rien d’effrayant. Mais c’était sans compter sur la nature profondément sombre, dramatique et historique du film, qui flirte aussi avec l’horreur. Ce conte cruel, à la croisée du réel et du fantastique, plonge le spectateur dans une atmosphère oppressante, loin des récits féeriques traditionnels. Si ce titre est particulièrement terrifiant pour certains, c'est notamment à cause de la créativité du réalisateur mexicain qui a réussi à créer des créatures particulièrement terrifiantes

Le vieux faune

Parmi les créatures les plus marquantes (et pas forcément de manière positive) pour les jeunes spectateurs, le vieux faune occupe une place centrale. Il est celui qui révèle à l’héroïne, Ofelia, qu’elle est la réincarnation de la princesse Moanna, et lui confie trois épreuves à accomplir pour retrouver ses véritables parents. Ce dernier ressemble fortement au dieu Pan, une divinité grecque, avec des cornes de bouc.

Quelque peu effrayant certes, mais ce n’est pas la première créature à laquelle vous pensez généralement en parlant du Labyrinthe de Pan. En effet, celle qui hante véritablement les esprits, c’est le Pale Man, ce monstre pâle à l’apparence humaine, au corps blanchâtre, aux yeux dans les paumes, et au regard vide mais terrifiant. Sa scène, glaçante, est l’une des plus marquantes du film et a traumatisé plus d’un jeune spectateur.

Le monde réel nous rattrapera toujours

En 1944, dans l’Espagne franquiste, la jeune Ofelia emménage avec sa mère malade chez son beau-père, Vidal, un capitaine cruel de l’armée. Isolée et effrayée par la violence du monde réel, elle découvre un mystérieux labyrinthe dans la forêt voisine. Elle y rencontre un faune énigmatique qui lui révèle qu’elle est la réincarnation d’une princesse d’un royaume souterrain. Pour y retourner, elle doit réussir trois épreuves périlleuses. Mais le danger rôde autant dans le monde fantastique que dans la réalité.

Entre conte de fées macabre et drame historique, Le Labyrinthe de Pan explore le thème de l'imagination innocente des enfants qui tente de se réfugier dans l'imaginaire pour fuir la réalité cruelle (ici Ofelia qui fuit le capitaine Vidal, la guerre et la maladie de sa mère). On découvrira que, malgré sa volonté de fuir la réalité et de se réfugier dans l’imaginaire, le mal qui ronge le monde extérieur finit toujours par rattraper Ofelia. Une histoire et une morale qui peuvent se lire comme une métaphore puissante : on ne peut pas échapper aux horreurs du monde réel, même en se réfugiant dans les contes.

Le vieux faune et Ofelia

Nominé pour la Palme d’Or au Festival de Cannes 2006, Le Labyrinthe de Pan a reçu une impressionnante ovation de 22 minutes. Sur Rotten Tomatoes, le film affiche 95 % d’avis positifs sur 241 critiques, qui le décrivent comme "un Alice au pays des merveilles (2010) pour adultes, mêlant les horreurs du réel et du fantastique dans une fable extraordinaire et envoûtante". Avec plus de 83 millions de dollars récoltés pour un budget de 19 millions, le film de del Toro est un véritable succès, confirmé par ses trois Oscars, dont celui du meilleur maquillage. Un prix loin d’être surprenant tant les créatures du film, du faune au terrifiant Pale Man, impressionnent par leur réalisme et leur aspect horrifique.