Squid Game a marqué les esprits, mais l’heure est venue de dire adieu à ses chapitres principaux. Entre la promesse d’une poule aux œufs d’or et une suite qui peine à renouveler l’éclat de ses débuts, le phénomène coréen semble s’essouffler…
Il est venu le temps de dire adieu à Squid Game, ou du moins, à ses chapitres canoniques. Qui sait, peut-être verrons-nous éclore une myriade de spin-offs et de produits dérivés, car il est impensable de laisser filer cette poule aux œufs d'or qui a déverrouillé la porte d'un flot prolifique de séries sud-coréennes sur Netflix. C'est sans doute pour cette raison que la seconde et ultime salve d'épreuves mortelles a été savamment scindée en deux saisons distinctes, livrées à intervalles calculés. L'objectif ? Maintenir la flamme, juste un peu plus longtemps. Mais la mort conserve-t-elle le même pouvoir de divertissement lorsque l'on y a déjà échappé ?

Une descente aux enfers prévisible
La deuxième saison a déjà jeté un froid sur une audience déjà blasée par un concept qui peinait à se renouveler. On y retrouve Seong Gi-hun (joueur 456), non pas savourant sa fortune comme Picsou dans sa piscine de billets, mais hanté par le désir de démanteler les jeux mortels. Sa méthode : infiltrer l'organisation de l'intérieur. Une opération suicide qui, sans surprise, vire au fiasco, le reléguant une fois de plus au rang de pion éjectable et malmené dans ce nouveau tournoi macabre. Le paroxysme de cette descente aux enfers survient lors du final, lorsque Jung-bae (Lee Seo-hwan), l'ami de Gi-hun (Lee Jung-jae), est abattu froidement sous ses yeux par l'énigmatique Front Man (Lee Byung-hun), qui avait secrètement rejoint le jeu et tissé des liens avec Gi-hun.
La saison s'achève sur un protagoniste hurlant de désespoir, maintenu au sol par les gardes, après que la quasi-totalité de ses soldats d'infortune ont été décimés. Le créateur, Hwang Dong-hyuk, l'a lui-même confirmé : cette fin incarne le point culminant des échecs répétés de Gi-hun à mettre un terme aux jeux. Le reste n'est, en effet, qu'une longue agonie vers l’inéluctable.

Quand la mort tourne en rond
C'est avec des sourcils constamment froncés et la bouche cousue qu'un contrariant Seong Gi-hun endure les dernières épreuves, comme s'il prenait enfin conscience, à l'instar des spectateurs, de la fatale erreur dans laquelle il s'est engouffré, se laissant douloureusement emporter par le courant macabre des jeux. Alors que l'on aurait pu espérer un protagoniste capable d'initier une résistance, d'agir contre l'organisation de l'intérieur ou de l'extérieur, Gi-hun apparaît finalement comme un élément curieusement passif de Squid Game. Il semble épuisé par la lutte, et son rôle peut parfois sembler moins central. Bien que l'on puisse comprendre la lente évolution de Seong Gi-hun face à ces circonstances extrêmes, il ne parvient pas toujours à s'imposer comme un personnage véritablement captivant.

En parallèle, la caméra peine à mettre en lumière des profils vraiment engageants. Les nouveaux personnages manquent de la superbe et du charisme du casting précédent, et leurs décès échouent souvent à leur unique mission : nous arracher au moins une petite larme de tristesse, ou d'effroi. Si l'on pouvait compter au moins quatre ou cinq candidats favoris dans les premiers épisodes, il est ici assez difficile de s'appuyer sur des visages familiers. Les éliminations se succèdent dans une progression de plus en plus sombre, mais désormais prévisible. Cette succession mécanique peine à nous faire ressentir le moindre frisson. De façon similaire, l'intrigue secondaire du policier Hwang Jun-ho ne parvient pas à décoller et à devenir franchement palpitante. Il semble surtout errer de longues heures sur un bateau pendant la majeure partie des épisodes, en quête de l'île mystérieuse.

Squid Game demeure, en essence, une série incroyablement addictive et facile à binge-watcher, dont les épisodes se dévorent comme des chips salées. On sait que personne n'est à l'abri, et l'on se demande inévitablement quel sera le prochain personnage à passer au bûcher. Mais au vu de la qualité stratosphérique de la première saison, de ses candidats hautement attachants et de sa mise en scène d'une efficacité redoutable, on était en droit d'attendre mieux, moins prévisible, et un scénario plus astucieux, ou au moins surprenant. À l'inverse, certains choix narratifs laissent perplexes, les derniers épisodes étant même regardés avec une moue déçue. Le concept seul des jeux ne se suffit plus à ce stade, et l'on ne peut s'empêcher de penser que les scénaristes auraient dû y songer en tissant la plupart des intrigues peu inspirées. Squid Game rejoint malheureusement le club des séries qui ne savent pas s'arrêter à temps...