Les Dents de la Mer est assurément une œuvre culte du Septième Art, qui a permis à Steven Spielberg d’accéder à une reconnaissance générale dans l’industrie. Pour autant, il fut déçu d’un point précis.
De pas croire tout ce qu'on dit
En 1975, Steven Spielberg révolutionnait le cinéma d'horreur avec Les Dents de la mer, un thriller aquatique devenu instantanément culte pour bien des raisons. Le film a cartonné au box-office, a provoqué des paniques collectives à la plage et est entré dans l’histoire comme l’un des tout premiers blockbusters modernes. Le long-métrage a même décroché une nomination à l’Oscar du Meilleur Film - un exploit pour un film de genre, l’horreur ayant eu rarement les faveurs de l’Académie.
Mais malgré ce joli fait d'arme, Steven Spielberg n’a pas été nommé pour l’Oscar du Meilleur Réalisateur. Une claque inattendue pour le jeune prodige de 27 ans, convaincu que la statuette lui tendait les bras. Dans le documentaire "Jaws @ 50: The Definitive Story", le cinéaste est revenu sur cette déception : "Quand un film est sur le point d'être nommé, ce n'est pas tant ce que l'on souhaite pour soi qui compte, mais ce que les autres nous disent. Je croyais vraiment que j’allais être nommé. J’ai cru à ce que l'on disait, et il ne faut pas croire tous les bruits de couloir. " Une désillusion fondée autant sur l’engouement médiatique que sur la pression de son entourage : pour Spielberg, ce fut une vraie leçon sur les illusions d’Hollywood.
Une morsure sans gravité pour une légende du cinéma
Heureusement, cette petite morsure d’ego n’a pas freiné sa course. Deux ans plus tard, Spielberg décroche enfin sa première nomination avec Rencontres du troisième type, ouvrant la voie à une collection de neuf nominations au total, dont deux victoires majeures pour La Liste de Schindler et Il faut sauver le soldat Ryan. Aujourd’hui, Spielberg figure parmi les trois réalisateurs les plus nommés de l’histoire, derrière Martin Scorsese et William Wyler.
Il faut dire que 1975 était une année particulièrement dense : Miloš Forman, Stanley Kubrick, Federico Fellini, Robert Altman et Sidney Lumet étaient tous en lice, une dream team presque intouchable. Que Spielberg ait été écarté ne relève donc pas forcément d’une injustice, mais plutôt d’une concurrence franchement rude face à des cinéastes déjà bien ancrés dans le paysage cinématographique.
Comme il le dit lui-même dans le reportage, Spielberg n’a pas juste appris à encaisser cette déception : il a compris que la reconnaissance ne se mesure pas qu’en trophées et il a transformé ce revers en moteur de longévité. Et vu sa filmographie, personne ne doute qu’il a eu le dernier mot sur l'industrie.