Ce réalisateur oscarisé tenait tant à une scène culte qu’il a menti au distributeur américain pour la garder dans le film.
L'un des plus grands réalisateurs coréens de ces dernières années a connu une rencontre qui était selon lui "vouée à l'échec". En effet, Bong Joon-ho, couronné aux Oscars pour Parasite, a été à deux doigts d’un clash avec le distributeur américain d’un de ses films cultes. Alors que la production de Snowpiercer : Le Transperceneige (2013) s'est très bien déroulée, la post-production a posé beaucoup plus de problèmes à cause de celui qui diffuse le film dans le pays de l'Oncle Sam, Harvey Weinstein via sa société The Weinstein Company. Le réalisateur coréen a révélé à Vulture que Weinstein voulait couper de 25 minutes le long-métrage, ce qui l'aurait réduit de 126 à 101 minutes.
C'était une rencontre vouée à l'échec. Je n'avais jamais réalisé un montage que je ne souhaitais pas. Le surnom de Weinstein est "Harvey aux mains d'argent" (car il aime couper des scènes aux montages, ndlr) et il était très fier de son montage du film. - Bong Joon-ho
La scène qui n'a failli ne jamais exister
L’une des scènes ciblées par l’ancien producteur de cinéma mettait en scène Chris Evans, Jamie Bell et leurs alliés face à des combattants cagoulés armés d’armes blanches. Dans cette scène devenue culte, l’un des antagonistes tranche un poisson d’un coup de hache. Ce détail dérange Harvey Weinstein, qui s’exclame : "Pourquoi un poisson ? On veut de l’action !" Bong Joon-ho, sans se démonter, lui répond : "Mon père était pêcheur, je dédie ce plan à mon père." Une réponse si personnelle qu’elle met fin à la discussion. Des années plus tard, le réalisateur avouera en riant… qu’il avait totalement inventé cette histoire pour sauver la scène.

Le film qui a reçu une punition
Si Weinstein a finalement accepté que le réalisateur coréen conserve la fameuse scène du poisson, il n’a pas pour autant renoncé à imposer son propre montage du film. Convaincu par sa version modifiée, l’ancien producteur a décidé de la projeter devant un public test. Mais le retour fut loin de ses espérances : la salle a très mal réagi, et les notes attribuées au film se sont révélées catastrophiques tant l'intrigue était incomprise par la plupart d'entre eux. La version de Weinstein n’a évidemment pas été retenue, mais si elle l’avait été, Bong Joon-ho était prêt à aller jusqu’à retirer son nom du générique. Si Bong a finalement obtenu gain de cause en sortant son film dans sa version originale, le distributeur a néanmoins choisi de le diffuser de manière plus discrète, limitant ainsi sa visibilité aux États-Unis.
Pour Weinstein c'était peut-être une punition envers un metteur en scène qui ne veut pas l'écouter, mais de mon côté, tout le monde était content. Nous avions notre director's cut ! - Bong Joon-ho

Sortie en 2013, Snowpiercer : Le Transperceneige est un film de science-fiction qui est inspiré de la bande-dessinée française Le Transperceneige. L'histoire se déroule dans un monde post-apocalyptique où la Terre est devenue une boule de neige suite à une catastrophe climatique, les derniers survivants vivent confinés dans un train en mouvement perpétuel, Le Transperceneige, sous un régime de classes sociales strict. Curtis (Chris Evans) mène une révolte des passagers de l'arrière du train pour atteindre la locomotive et confronter Wilford (Ed Harris), le créateur du système. Avec 94 % d’avis positifs sur 266 critiques recensées sur Rotten Tomatoes, le film a su convaincre grâce à son mélange efficace d’action et de suspense, ainsi que par son message politique fort.