L’été est bien là et la canicule qui frappe la France nous incite à nous enfermer dans le noir, volets baissés. Personne de l’extérieur ne peut voir ce qui se passe entre les murs de nos maisons et appartements, et c’est sûrement mieux ainsi. En 2003, alors que la chaleur qui s’abattait sur le pays atteignait un niveau historique, je vivais un plaisir coupable sur Zack Island. Pour de bonnes et de mauvaises raisons.
L’île de la tentation
"Essayez de taper Dead or Alive sur Google Image, y'a plus de seins qu'au paradis", s’amusait Karim Debbache dans son épisode de Crossed dédié à l’adaptation cinématographique de la célèbre franchise de Tecmo. “Un jeu aussi racoleur, souvent, ça veut dire qu’il est pourri et qu’il n’a que ça à offrir, alors que là, pas du tout”, ajoutait-il. Déjà pointée du doigt à cause de son esthétique beauf au début des années 2000, la série Dead or Alive s’autorise un spin-off où le curseur du sexy est poussé au maximum. Révélé à l’E3 2002 et sorti en mars 2003 chez nous, Dead or Alive : Xtreme Beach Volleyball défraie la chronique. Classé “M” (17 ans et plus) par l’ESRB alors que son éditeur visait le “T” (13 ans et plus), il est qualifié de jeu suggestif, voire érotique, et il se servirait d’un sport – le beach-volley – comme prétexte pour vendre du contenu sexy. Je dois reconnaître que si Dead or Alive est un bon jeu de combat avec des filles souvent peu vêtues, Xtreme Beach Volleyball, lui, a des participantes en tenues affriolantes sans être un bon jeu de sport.


Invité à passer deux semaines sur l’île paradisiaque de Zack Island en compagnie du casting féminin de la saga, le joueur n’a rien d’autre à tuer que le temps. À son arrivée sur l’atoll, il choisit une des 8 filles du roster et doit sélectionner les activités qui rythmeront les journées : jeu des bouées à la piscine, casino, farniente à la plage... et le volley-ball dans tout ça ? C’est un mini-jeu comme un autre qui ne se joue qu’avec deux boutons : “A” pour attaquer et “B” pour faire une manchette. Certes, il faut savoir convenablement se placer sur le terrain et anticiper les coups adverses, mais du côté du gameplay, force est de constater que c’est le désert de sable chaud. Contrairement à ce que son titre laisse sous-entendre, Dead or Alive Xtreme Beach Volleyball n’est pas un jeu de sport. Et contre toute attente, je pense que c’est pour cette raison que j’y ai tant joué tout au long de l’été 2003 sur ma Xbox, calfeutré dans mon salon.


C’est les vacances ou c’est le boulot ?
Sur Zack Island, le volleyball ainsi que les autres occupations ne sont qu’un prétexte à une seule chose : créer des liens d’amitié avec les autres filles. C’est le cœur du jeu. En effet, l’argent remporté quand un défi sportif est réussi sert à acheter de nouveaux bikinis et des accessoires amusants pour l’héroïne que l’on dirige… mais aussi et surtout pour les autres candidates ! Il faut gâter une participante pour qu’elle accepte de jouer à nos côtés, et il faut entretenir l’amitié à coups de cadeaux quand le duo est formé, il faut s’assurer que sa partenaire soit dans de bonnes dispositions – c’est à dire gavée de choses qu’elle adore – pour accepter des maillots de bain plus… originaux, dirons-nous. Bien sûr, chaque personnage a ses propres goûts et se tromper de couleur de papier cadeau peut ruiner tous les efforts.



Xtreme Beach Volleyball est vu à tort comme un jeu de sport arcade où il n’y a pas beaucoup de questions à se poser. Pourtant, si l’on commence à entrer dans le vrai “jeu dans le jeu”, à savoir partir à la quête de tous les bikinis pour toutes les filles, il demande de sortir les tableurs et de s’armer de patience. La simulation de vacances tranquilles prend alors des airs de jeu de gestion, où l’on passe son temps dans des menus (des magasins) pour faire grimper des jauges invisibles d’amitié en offrant des objets provenant de la boutique de souvenirs afin que les tenues les plus rares soient acceptées. On m’avait pourtant dit que les vacances ne seraient pas frustrantes sur Zack Island !


Entretenir l’amitié, c’est tout un sport !
À y regarder de plus près, ce n’est finalement pas le côté sexy un peu gratuit de DoAX qui est le plus critiquable. Les protagonistes sont en vacances sur une île divine, les voir dans des bikinis plus ou moins échancrés n’a rien de choquant, quand bien même le joueur pourrait zoomer comme il le désire lors des cutscenes. Ce sont plus les règles qui régissent ce splendide petit monde qui interpellent. Les filles de Dead or Alive sont vénales et n’acceptent rien sans avoir reçu des cadeaux emballés avec leur papier préféré. Cet aspect light dating sim où il faut créer des liens en couvrant les donzelles de présents était déjà compliqué à défendre en 2003, alors en 2025 ! Il n’empêche que c’est cette dimension aussi fastidieuse que laborieuse qui a réussi à m’accrocher de trop longues heures, il y a plus de 20 ans. Ça et l’incroyable OST du jeu qui envoie dans les oreilles du Spice Girls, Christina Aguilera, B*Witched ou encore du Bob Marley. Les vacances au soleil, on vous dit !



Comme je l’ai déjà exprimé par le passé, DoAX n’est ni un bon jeu de sport, ni un bon jeu de drague, ni un bon jeu érotique. Le côté “hot” est là, mais l’aspect sulfureux vient plus de ses mécaniques – les relations avec les femmes n’évoluent qu’avec des cadeaux – que de son contenu prétendument sexuel. Le côté honteux a cependant pris de l’importance au fil des épisodes. DoAX 2 intègre la bataille de popotin dans ses épreuves et va encore plus loin dans le casse-tête des maillots/cadeaux à échanger. Le Succès “Collection complète” a gâché les vacances de nombreux touristes venus visiter Zack Island, je peux vous l’assurer ! DoAX 3, quant à lui, franchit les limites. Définitivement vulgaire avec son mode photo où l’on peut exiger des poses très suggestives dans des routines de positions, il propose d'épier les filles qui se changent et inclut des microtransactions à foison. En l'absence de Tomonobu Itagaki, Koei Tecmo a choisi l’Enfer plutôt que le paradis pour sa série. DoAX est finalement devenu ce jeu softcore porn que la Team Ninja se défendait de faire. Certains diront que l’idée de base est enfin pleinement assumée.