Il y a trois ans de cela, le studio français Sloclap franchissait un nouveau cap de sa jeune histoire avec la sortie de SIFU. Aujourd’hui, un petit plus de dix après sa création, le studio nous montre qu’il est toujours autant accro à l’action… mais, cette fois-ci, balle au pied.

Après l’hommage aux films d’arts martiaux à travers un titre percutant, nous n’attendions pas Sloclap sur ce terrain. Pourtant, dans les locaux du studio, le football est un sujet sacré. C’est notamment pour cette raison qu’ils ont voulu mettre une sorte de coup de pied dans la fourmilière avec… ReMatch. Vous voyez Rocket League ? Eh bien là, c’est pareil, sauf que les voitures sont remplacées par des humains ! Après deux phases de bêta, il est grand temps pour la nouvelle création de Sloclap de célébrer sa sortie mondiale. On y a joué pendant des heures et on vous fait un compte-rendu de notre expérience… et il y a des choses à dire !

ReMatch, un jeu de football qui porte bien son nom

Absolver, SIFU et, maintenant, ReMatch. Depuis ses débuts, Sloclap opte pour des titres de jeux vidéo qui claquent. Au-delà d’une dénomination percutante, ReMatch est une production qui porte diaboliquement bien son nom, et il y a plusieurs raisons à cela. Premièrement, comme les développeurs nous l’avaient expliqué en amont de la révélation du jeu vidéo lors de la cérémonie des Game Awards 2024, ReMatch est un titre pêchu qui s’articule autour de matchs de football en cinq contre cinq, inspiré de la fameuse variante du football qui fait fureur ces dernières années. Pour vous dire, même EA Sports FC 25 avait sauté le pas à sa sortie avec l’introduction du mode Rush. Ici, à la différence du gameplay de FIFA, de ses concurrents et autres successeurs, on est sur une proposition bien plus arcade, concentrée sur l’essence même du football et du plaisir que procure ce sport. Dans ReMatch, on contrôle un personnage à travers plusieurs modes de jeu : le cinq contre cinq qu’on évoquait, mais aussi le trois contre trois et le quatre contre quatre. Du côté des commandes, c’est ultra-simplifié et accessible : un bouton de course, un bouton d’accélération, un bouton de tir, un bouton de passe, une posture défensive, un tacle et très peu de combinaisons de touche.

Cependant, il faut rappeler à quel point les expériences créées par Sloclap sont âpres. Typiquement, ReMatch est la définition du jeu vidéo qui est « simple à appréhender, difficile à maîtriser ». Pour l’avoir vécu, on a effectivement été surpris par la manière dont le titre se prend en main en l’espace de quelques minutes… et à quel point celui-ci nous met à l’épreuve durant les deux voire trois premières heures de jeu. Nul doute que le titre risque de tomber des mains de certains car sa courbe de progression, dans les premières étapes, est rude avant d’être sacrément gratifiante ! En jouant à ReMatch, j’ai souffert car il nous demande presque de désapprendre tous les réflexes que l’on a acquis au fil de notre pratique des jeux de football « plus traditionnels », comme FIFA et EA Sports FC. La vue à la troisième personne, la gestion des rebonds sur les murs, l’appréhension de son environnement, la vision sur les actions de jeu… Néanmoins, au bout d’un moment, on a le déclic. D’ailleurs, il faut qu’on vous mette en garde : ReMatch est purement le type de jeux vidéo qui s’apprécie lorsque l’on joue avec des amis. Si vous jouez en ligne avec des joueurs au hasard, vous risquez clairement d’y laisser vos nerfs et de passer à côté de l’expérience ! Quoi qu’il en soit, dans un cas comme dans l’autre, ReMatch a suscité en moi une irrépressible envie d’enchaîner les parties - d’une durée de six minutes, en l’absence de prolongations - encore et encore.

Au diable les statistiques : le jeu de Sloclap mise sur le style avant les PlayStyles

Comme on le disait, ReMatch, à la différence d’un EA Sports FC, se concentre sur l’essentiel du football. Dès qu’on lance le jeu, ça se ressent : ReMatch ne se base que sur trois modes de jeu (3v3, 4v4 et 5v5, en mode « Match rapide » et « Match classé ») et c’est amplement suffisant pour créer une expérience divertissante et accrocheuse. Pas de grands clubs, pas de cartes de joueur, pas de statistiques, pas de PlayStyles, pas de bon ou mauvais pied : juste un personnage, et vous voilà prêt pour ReMatch sans avoir besoin de comprendre tout un tas de choses en dehors du gameplay. En gros, le jeu donne toutes les clefs pour devenir un prodige du « street football » si l’on se donne les moyens de comprendre les ficelles du gameplay et de les intégrer pour les utiliser efficacement. Finalement, tout ce qui reste en matière de personnalisation de notre avatar se cantonne à quelque chose de très basique. On risque de se répéter à nouveau mais ReMatch se concentre vraiment sur l’essentiel ! En tout cas, côté look, vous pouvez largement créer le personnage que vous voulez incarner sur le terrain : skins spéciaux, corps, tête, cosmétiques, voix, équipements (tenue, accessoires…), célébrations, poses de victoire, blason, stade…

Bref, tout un tas d’options pour insuffler de la personnalité à votre avatar. En parallèle, on retrouve également tout un tas de petits éléments pour personnaliser son profil de joueur. Au fil du temps, on déverouille de plus en plus de cosmétiques puisque l’on retrouve une boutique où l’on peut dépenser les crédits que l’on obtient à la fin d’un match. Concrètement, ReMatch se base sur un système de niveau : en fonction de sa performance sur le terrain, on gagne un certain montant d’expérience jusqu'à atteindre un nouveau palier où l'on se voit offrir une certaine somme de crédits, la monnaie « gratuite » du jeu. Mais ce n’est pas tout, et c’est l’objet de notre prochain partie ! Pour être tout à fait franc, la personnalisation reste une portion anecdotique de ReMatch, permettant surtout de s’occuper entre les différents matchs en ligne, et reprend tout à fait les codes du jeu-service. Car, oui, ReMatch en est un - à l’image de Fortnite, PUBG, League of Legends, le mode Ultimate Team sur EA Sports FC et de beaucoup d'autres jeux qui cartonnent -, mais c’est un peu plus complexe que ça !

Le modèle économique de ReMatch ne va pas « matcher » avec tout le monde

Parmi les éléments qu’il faut souligner à propos de ReMatch, c’est son modèle économique. En soi, le titre de Sloclap a tous les arguments pour devenir le jeu de sport idéal de vos soirées entre amis mais il pourrait aussi poser un problème à certains joueurs puisqu’il est à la lisière dans ce domaine. D’un côté, le titre de Sloclap est vendu à un prix très bas - 24,99€ sur les différentes plateformes et est inclus dans le Game Pass PC et Ultimate - mais comporte également une monnaie virtuelle que l’on peut acquérir en échange de quelques euros. Actuellement, un « lot Ronaldinho » est mis en vedette contre 1000 devises, soit environ 10 euros. Néanmoins, il y a la possibilité de récupérer cette précieuse devise en petite quantité grâce à la progression dans le système de saison. En ce moment, c’est la saison 0 et on peut débloquer des slots de récompenses en échange d’un type d’item bien particulier. Aussi, il y a même la possibilité de passer les récompenses de saison en statut « Premium » pour mettre la main sur de meilleurs cosmétiques. Aussi, chaque saison est découpée en plusieurs phases - ici, Pré-saison, Qualifications et Championnat - et vous donne l’opportunité de choisir entre deux axes de récompenses, en fonction de ce qui vous intéresse comme cosmétiques.

Là encore, ReMatch nous prouve que son modèle économique est clairement basé sur les dynamiques de rétention des jeux-service, même si rien de tout cela n’est primordial en termes d’expérience de jeu pure et dure. Maintenant, il nous tarde de savoir ce que Sloclap va mettre en place pour alimenter chaque saison en termes de contenu et de nouveautés. Si les ajouts ne se résument qu’à des cosmétiques et des Battle Pass à compléter, les joueurs risquent de très vite faire le tour de ReMatch et de se lasser, ce qui pourrait jouer en sa défaveur sur le long terme. Quoi qu’il en soit, si l’on met de côté les microtransactions que l’on retrouve par-ci par-là et uniquement à vocation cosmétique, le titre de Sloclap ne devrait pas se mettre énormément de monde à dos, même si les détracteurs pourront lui reprocher son prix de base voire de ne pas être un simple free-to-play. Pour un titre arcade qui pourrait dynamiser vos soirées en ligne ou entre amis sur un canapé, ReMatch apparaît comme un joli investissement. Néanmoins, Sloclap va devoir améliorer sa copie car, en l’état, il y a encore de petits soucis qui ont terni certaines de nos parties.

ReMatch, un cœur si fou mais un manque de jambes

Il faut le reconnaître, le gameplay de ReMatch est simple, efficace et très gratifiant lorsqu’on passe le cap qui consiste à appréhender sa difficulté. Dans le fond, il n’y a pas grand chose à lui reprocher mais il y a quelques détails qui nous ont fait tiquer. L’un des soucis qui risque de complexifier la prise en main des joueurs, ce sont les légers soucis sur les serveurs. Dans les faits, on a eu le droit à des déconnexions ou à des joueurs qui disparaissent en cours de match, amoindrissant l’effectif sur le terrain même si certains joueurs peuvent rejoindre en cours de route. Autre souci lié aux serveurs, il y a parfois des actions où le ballon n’est pas en phase avec la frappe en raison de latence, créant des actions en décalage ou des séquences un peu bizarres où le ballon n'est pas dans les pieds du joueur lors de la frappe... Les équipes sont bel et bien à pied d'œuvre pour corriger ce type de soucis mais on en retrouvait encore certains sur les dernières heures de notre test. Ce que l’on peut également souligner, c’est la manière dont la caméra a été pensée dans ReMatch.

Même si l’on peut varier les paramètres de champ de vision, celle-ci n’est pas toujours évidente à contrôler - on gère nos déplacements et notre visée en simultané - ce qui peut rendre certaines phases de jeu assez brouillonnes, notamment les contacts, tacles et autres protections de balle. Par exemple, ReMatch ne nous permet pas de verrouiller la trajectoire du ballon et, mine de rien, quand on doit se projeter en étant face au but, ça n'aide pas toujours dans la construction d'actions fluides. Alors, oui, le gameplay de ReMatch n’est pas évident à maîtriser mais il faudrait encore quelques petits ajustements dans les contrôles pour sublimer sans dénaturer l’expérience proposée par ReMatch. En soulignant cela, j’ai notamment en tête les imperfections liées à la captation de la balle par le joueur lorsqu’il est proche de celle-ci. En somme, ReMatch manque un peu de peaufinage et nécessite encore quelques améliorations de qualité de vie pour être une expérience incontournable.

Conclusion