Porté par Brad Pitt, Javier Bardem et la révélation Damson Idris, F1 de Joseph Kosinski mêle grand spectacle hollywoodien et réalisme mécanique dans une immersion sidérante au cœur des circuits.
Si F1 n'était pas porté par un trio de vedettes hollywoodiennes — Brad Pitt, Javier Bardem, et Damson Idris, étoile montante révélée par la série Snowfall — venues réaliser quelques frasques sur des circuits emblématiques, on pourrait presque le prendre pour un docufiction sur les tribulations d'une écurie en difficulté. Réalisé par Joseph Kosinski (à qui l'on doit le phénoménal Top Gun: Maverick), ce film aspire à devenir "le film de course le plus authentique, réaliste et ancré jamais réalisé". Une ambition audacieuse, concrétisée par une collaboration inédite avec la Formule 1 et l'implication cruciale de Lewis Hamilton, septuple champion du monde, en tant que producteur et conseiller technique. La crédibilité des scènes de course, qu'il s'agisse des manœuvres, de la fidélité des sonorités ou de la conception méticuleuse des monoplaces, enchante littéralement le spectateur de cette immense production, dont le budget s'élève à 200 millions de dollars.

Un superbe spectacle technique
L'intrigue suit Sonny Hayes (incarné par Brad Pitt), un ancien pilote de F1 des années 90 dont la carrière fut brutalement brisée par un accident, mais dont le flegme demeure implacable. Des années plus tard, il est rappelé dans le sport par son vieil ami et propriétaire d'équipe, Ruben (Javier Bardem), afin d'encadrer un jeune prodige nommé Joshua Pearce (Damson Idris) au sein de l'écurie fictive APXGP, qui végète en dernière position. Il est difficile de déterminer lequel des deux acteurs a le plus brillé par son charme et sa maîtrise du personnage, tant l'aura de chacun est obsédante. Bardem, bien que moins visible, n’est pas en reste, et demeure un régal à l’écran. Néanmoins, il est indéniable que Damson Idris s'offre ici un tremplin considérable avec ce rôle qu'il a brillamment porté à bout de bras. Et pour cause : Pitt et lui ont réellement piloté les voitures, dont le vrombissement naturel et les effets visuels, capturés par des caméras embarquées, ont convaincu l'équipe que l'authenticité allait transformer ce spectacle, ancré dans les sublimes panoramas d'Abu Dhabi, de Las Vegas (le circuit de nuit était particulièrement captivant) et d'autres lieux iconiques, en un voyage inoubliable.

Sur le plan technique, F1 mise sur une immersion totale. L'équipe a eu recours à des caméras numériques certifiées IMAX, encore plus compactes que celles utilisées pour Top Gun: Maverick, montées directement dans le cockpit de voitures de F2 modifiées pour ressembler à des F1. Le mixage sonore, également conçu pour IMAX, offre une expérience corporelle complète, reproduisant fidèlement le tonnerre assourdissant des bolides de Formule 1 et complétant brillamment la compilation de musiques ultra-rythmées du film. À l'image de ses bolides, la cadence de F1 est effrénée, soutenue par un montage surpuissant et une expérience sonore électrique, véritables piliers de l'immersion.
Il est alors difficile de reprendre son souffle dans cette longue — peut-être un poil trop ? — aventure à l'adrénaline gonflée à bloc, qui laisse finalement peu de place à l'émotion et manque parfois de cœur, mais qui délivre sans trop de mal ses messages de courage et de persévérance dans un tour de manège hautement divertissant. Le film parviendra, sans mal, à captiver un néophyte tout au long de la flopée de courses engagées, même malgré le jargon technique conservé intact. Nul doute que F1 saura créer de nouveaux passionnés de Formule 1.