Sony a récemment diffusé une vidéo de questions/réponses destinée aux actionnaires du groupe japonais. Dans les interrogations adressées aux grands patrons de PlayStation, un sujet revient inlassablement : la Nintendo Switch 2. Le succès fulgurant de la nouvelle hybride des papas de Mario inquiète visiblement les investisseurs de la société dirigée par Hiroki Totoki.

Le monde du jeu vidéo bouge, et PlayStation doit prendre les bonnes décisions

Afin d’apporter plus de précisions quant aux données publiées dans le dernier Business Segment Presentation de Sony, Hideaki Nishino (président et directeur général de Sony Interactive Entertainment), Hermen Hulst (directeur général des studios PlayStation) et Lynn Azar (senior vice présidente, finance & corporate de SIE) ont répondu aux questions – pertinentes – de Justin Hill, le responsable des relations investisseurs de Sony of America. Au cours de cet échange instructif d’une trentaine de minutes, plusieurs sujets ont été abordés sous l’angle strictement business. Comment améliorer les marges du segment gaming ? Comment faire exister les consoles dans un environnement où le multiplateforme devient la norme ? Comment créer des licences qui rapportent de l’argent plutôt qu’en faire perdre (coucou Concord !)... Justin Hill passe en revue les principales interrogations de ceux qui misent sur la société japonaise.

“Sony et toute l’industrie se dirigent vers le multiplateforme”, lance d’un ton catégorique le responsable des relations investisseurs, avant de demander : “comment protéger la valeur des consoles PlayStation ?”. “L'expérience PlayStation ne se limite pas à la console de jeux ou au contenu”, répond Hideaki Nishino. “Il s'agit d'une expérience au sein d'une communauté qui partage le même enthousiasme”, continue-t-il. Une fois de plus, la firme japonaise confirme explorer toutes les possibilités qui se dressent devant elles pour apporter ses contenus et ses services aux joueurs, quand bien même ces derniers ne seraient pas forcément sur une console de jeux estampillée PlayStation. “Nous réfléchissons beaucoup sur comment, et si, nous allons commercialiser nos titres (first-party, ndlr) sur d'autres plateformes”, renchérit Hermen Hulst. Entre les exclusivités qui dopent l’image de marque des PlayStation et les revenus impressionnants que peuvent engendrer la sortie d’une production maison sur d’autres supports, le cœur du mastodonte japonais balance.

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Une Switch 2 au départ canon qui ne rassure pas les actionnaires

Pour le moment, les dirigeants du segment Game & Network Service l’assurent : l’écosystème PS5 est “le meilleur endroit pour jouer” en plus d’être une place de choix pour les éditeurs. Bien que le Cloud gaming soit une piste intéressante pour se développer à l’avenir, il n’est pour le moment pas question de se passer d’un hardware capable de faire tourner des applications en local. Néanmoins, certains investisseurs craignent une concurrence “plus rude” qui se joue sur plusieurs tableaux.

Sur le terrain des consoles de jeux, c’est Nintendo qui fait trembler. “Certains investisseurs, pour être tout à fait honnête, craignent que les spécifications améliorées de la Switch 2 et l'amélioration des relations de Nintendo avec les éditeurs tiers ne conduisent à une concurrence plus rude pour la PlayStation dans les prochaines années”, explique Justin Hill. Il est certain qu’avec le lancement canon – pour ne pas dire historique – de la nouvelle hybride de Nintendo, vendue à 3,5 millions d’unités en quatre jours, les réflexions sont de mise. “Pas de quoi avoir peur”, assure Hideaki Nishino qui insiste sur le fait que Nintendo et Sony n’auraient pas la même stratégie, et donc pas le même public. “La PlayStation 5 est conçue pour une expérience de jeu immersive”, dit-il, “de grandes expériences sur de grands écrans (...) avec des projets qui ont de grandes opportunités de monétisation”.

Autre point soulevé, autre inquiétude quant aux papas de Mario. “L'attrait de Nintendo pour la jeune génération pourrait entraîner une baisse des parts de marché de la PlayStation si les jeunes utilisateurs choisissent de ne pas passer à la PlayStation en vieillissant”, remarque Justin Hill. Là encore, Sony répond que ça ne sert à rien de s’inquiéter, affirmant à juste titre que ça fait 30 ans que les joueurs suivent la marque peu importe leur âge. Hermen Hulst en profite pour faire un peu de name dropping, citant Spider-Man, Horizon ou encore Astro Bot comme des succès attirant un très large public.

Sur tous les fronts

Sur le terrain des services et de l’écosystème au sens large, c’est Microsoft qui intrigue les actionnaires de Sony. “Beaucoup d’investisseurs estiment que Microsoft va se retirer du marché des consoles. Ce serait une bonne ou une mauvaise chose pour PlayStation ?”, demande Justin Hill. “Nous pensons que la concurrence apporte quelque chose de sain et pousse à l’innovation”, rétorque Hideaki Nishino. “Nous suivons de près l'ensemble des acteurs de l’industrie”, ajoute-t-il, confirmant qu’il a confiance en la stratégie actuelle et qu’il n’y a aucune urgence à la changer.

Depuis que Microsoft a opéré son virage serré vers le multiplateforme en 2024, la marque au gros “X” enregistre régulièrement des résultats trimestriels records en matière de chiffre d'affaires. Ses productions sont souvent en tête des ventes sur le PS Store, ses jeux service continuent d’attirer un large public et son MAU (Monthly Active Users) est estimé à plus de 500 millions de joueurs (contre 124 millions pour Sony). En outre, l’entreprise américaine vient d’annoncer la ROG Xbox Ally en partenariat avec Asus, une machine portable qui marque une collaboration forte entre les équipes gaming de Microsoft et celles de Windows. Le périphérique pourra faire tourner n’importe quel jeu issu de n’importe quel Store, comme les productions PlayStation sorties sur Steam, un concept que nous pourrions peut-être retrouver avec la future console de salon Xbox. Le monde du jeu vidéo évolue encore et certains géants sont plus attirés que d’autres par la lumière aveuglante de l’ouverture promise. Et les investisseurs dans tout ça ? Comme d’habitude, ils feront pression là où ils estimeront que les sociétés pourraient gagner plus d’argent, que cela plaise ou non aux fans loyaux d'une marque.

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