En une seule nuit, Bill Gates a programmé un jeu rudimentaire destiné à sceller un contrat avec IBM. Malgré ses limites, ce titre lui a rapporté gros et est rentré dans l’histoire des jeux vidéo.
Un coup de génie commercial
En 1981, Microsoft, quatre ans seulement après sa création, s’est engagé avec IBM pour équiper les futurs PC d’un système d’exploitation — mais pas seulement. Le contrat stipulait aussi l’inclusion de programmes ludiques pour séduire les utilisateurs débutants. Pour répondre à cette exigence et sécuriser l’accord crucial, Bill Gates, assisté de l’ingénieur Neil Konzen, a conçu en une nuit un jeu basique baptisé Donkey. Le but ? Dévier sa voiture pour éviter des ânes apparaissant sur la route. Un concept simplissime, mais suffisant pour respecter les termes de l’accord.
Un jeu maladroit mais stratégique
Visuellement et techniquement, Donkey se révèle être une production artisanale, typique de l’ère pionnière de l’informatique personnelle. Les graphismes sont rudimentaires, l’univers minimaliste, et l’absence de complexité saute aux yeux. Mais surtout, ce jeu vient d’un besoin stratégique : Microsoft voulait promouvoir le BASIC — le langage de programmation inclus avec le PC IBM — auprès des novices. Donkey servait ainsi de démonstration pratique, permettant aux utilisateurs d’apprendre en programmant. Un usage fonctionnel au-delà d’un simple divertissement.
Une notoriété embarrassante
Du point de vue ludique, Donkey n’a pas marqué l’histoire : il est souvent qualifié de “jeu le plus embarrassant de tous les temps” par des témoins comme Andy Hertzfeld, ancien d’Apple. La simplicité totale du gameplay, les graphismes sommaires, et l’absence totale de challenge en ont fait une curiosité plus qu’un succès vidéoludique. Toutefois, son rôle dans le partenariat entre Microsoft et IBM lui confère une place dans l’histoire de la technologie, même si ce n’était pas pour sa qualité intrinsèque.
Une capture d'écran du jeu vidéo Donkey.

Des millions à la clé malgré tout
Malgré son statut d’oublié technique, Donkey a joué un rôle primordial dans la croissance financière de Microsoft. L’accord avec IBM — initié en partie grâce à ce petit jeu — a généré un revenu d’environ un million de dollars pour la startup naissante. Un montant énorme pour l’époque, qui a contribué à asseoir la stabilité financière et la crédibilité de Microsoft sur le marché des micro-ordinateurs.
Aujourd’hui, Donkey fait figure d’anecdote amusante dans l’immense e‑portfolio de Bill Gates. Le jeu n’a jamais été pensé pour durer : il n’a laissé aucune postérité de gameplay, n’a jamais été réédité, mais a acquis une dimension historique. Ce qui semblait un simple outil promotionnel est devenu un symbole des débuts de Microsoft : débrouillardise, efficacité, et volonté de tout mettre en œuvre pour remporter un contrat stratégique.