Il y a 14 ans, un film d’action indonésien à petit budget a fait une entrée fracassante sur la scène mondiale, recevant des éloges qui ont souvent relégué les productions occidentales au second plan. Réalisé par le cinéaste gallois Gareth Evans, il est actuellement disponible sur Amazon Prime Video, offrant aux spectateurs l’opportunité de (re)découvrir une œuvre “sanglante, brutale et implacable”. Sa singularité a non seulement captivé la critique, mais a également remis en question les conventions établies du cinéma d’action en occident.
Un film d'action indonésien signé Gareth Evans
Au cœur du récit se trouve Rama (interprété par Iko Uwais), un jeune officier des forces spéciales indonésiennes. Il participe à une opération clandestine visant à démanteler l'empire d'un impitoyable baron de la drogue, Tama Riyadi (Ray Sahetapy), qui règne en maître sur un immeuble situé dans un bidonville de Jakarta. Dès que l'équipe d'élite pénètre dans le bâtiment, le piège se referme : les lumières sont coupées et les policiers se retrouvent encerclés par une armée de criminels, contraints de se frayer un chemin sanglant à travers chaque étage. Les confrontations sont incessantes, culminant dans des duels mémorables, notamment celui entre Rama, Andi et Mad Dog (Yayan Ruhian), l'un des lieutenants de Tama, réputé pour sa férocité au combat.
Ce tour de force cinématographique est l'œuvre de Gareth Evans, qui a non seulement dirigé mais aussi écrit et monté le film. Fasciné par le pencak silat, un art martial indonésien, il s'est installé en Indonésie pour faire un documentaire sur le sujet. C'est là qu'il a découvert Iko Uwais, alors simple livreur pour une compagnie de téléphone. Cette rencontre fortuite a mené à Meranta, le film précédent d'Evans, puis à l'audacieux The Raid. Le film a été tourné dans un style "quasi-documentaire", utilisant des caméras portatives pour accentuer l'intensité des scènes d'action. L'authenticité des combats est en grande partie due aux chorégraphies élaborées par Iko Uwais et Yayan Ruhian. Pour accentuer le réalisme, les acteurs interprétant les policiers ont même suivi une formation militaire avec les forces spéciales de la marine indonésienne. Avec un budget estimé à seulement 1,1 million de dollars, le film a démontré qu'une approche percutante et une action impeccablement chorégraphiée pouvaient transcender les contraintes financières.
Le casting, composé en grande partie d'acteurs locaux et de spécialistes des arts martiaux, a été l'un des atouts majeurs du film. Iko Uwais, dans le rôle principal de Rama, a été salué pour sa présence charismatique et ses prouesses physiques. Joe Taslim, ancien champion de judo, a impressionné dans le rôle du Sergent Jaka. Yayan Ruhian, qui avait déjà travaillé avec Evans sur Merantau, a brillé en tant que Mad Dog, un combattant redoutable et "purement maléfique". Ces performances ont non seulement ancré le film dans la culture martiale indonésienne, mais ont également introduit ces talents à un public international. Le succès de The Raid doit énormément à ses acteurs qui ont vraiment tout donné sur le tournage.
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Une expérience "coup de coude"
The Raid a mis KO la critique qui fut majoritairement élogieuse. Sur Rotten Tomatoes, le film affiche un taux d'approbation de 87% et est décrit comme "un film d'action inventif, impeccablement rythmé et monté pour un divertissement maximal". Peter Bradshaw du Guardian a déclaré qu'il était "violent, intense et brillant, faisant honte aux films d'action occidentaux". Bien que certains critiques, comme Roger Ebert du Chicago Sun-Times, aient déploré le manque de développement des personnages et l'excès de violence gratuite, la plupart a reconnu l'impact et l'innovation du film dans le genre. Simon Crook d'Empire Magazine a même fait le parallèle avec des classiques comme Die Hard, affirmant que The Raid était "un coup d'adrénaline pur, dur et constant".
L'impact de The Raid sur le cinéma d'action a été considérable. Il a non seulement propulsé le pencak silat sur la scène interntionale, mais a également établi une nouvelle référence pour les chorégraphies de combats. Le film a remporté de nombreuses distinctions dont le prix Midnight Madness au Festival International du Film de Toronto en 2011. Fort de ce succès, The Raid 2 : Berandal a été réalisé en 2014 avec un budget "significativement plus important". Bien qu'une troisième partie ait été envisagée, Gareth Evans a finalement indiqué que l'histoire était terminée et qu'une suite était peu probable. L'héritage du film se poursuit des adaptations sous forme de bande dessinée et de série de comics, témoignant de l'influence durable de ce classique du cinéma d'action.