Interrogée sur sa carrière, l’actrice Viola Davis a avoué qu’elle regrettait d’avoir joué dans l’un des films de sa filmographie, alors qu’il avait pourtant obtenu les faveurs d’Hollywood et qu’il lui a permis d’acquérir une renommée internationale.
Les regrets de Viola Davis
En 2011, Viola Davis acquiert une notoriété internationale grâce à son rôle d'Aibileen Clark dans La Couleur des Sentiments, un film qui revient sur le racisme que subissent les femmes domestiques afro-américaines dans l'Amérique des années 60. Ce long-métrage propulse alors l'actrice au premier rang et lui permet d'obtenir une place de choix au sein d'Hollywood. Mais pourtant, en 2018, Viola Davis affirme qu'elle regrette d'avoir participé à ce film. Pour Viola Davis, la raison est simple : il contribue précisément au racisme qu'il est censé dénoncer.
Il m'a semblé qu'au bout du compte, ce n'était pas les voix des domestiques qu'on entendait. Je connais Aibileen. Je connais Minny. Elles sont ma grand-mère. Elles sont ma mère. Et ce dont je suis sûre, c'est que si on veut faire un film dans lequel le postulat principal est de comprendre ce que ça faisait de travailler pour des Blancs et d'élever des enfants en 1963, j'ai envie d'entendre ce que ça faisait vraiment. Je n'ai jamais entendu ça au cours de ce film.
Quelques années plus tard, alors que le film connaît un regain de popularité avec le mouvement #BlackLivesMatter, Viola Davis a développé son point de vue.
Il y a une partie de moi qui pense toujours que je me suis trahie, et que j'ai trahi les miens, parce que j'ai joué dans ce film qui n'était pas prêt à dire toute la vérité. Il a été créé avec le filtre d'Hollywood dans un contexte de racisme systémique. Ils (les producteurs) sont investis dans le combat de raconter ce que c'est d'être noir, mais toujours en adéquation avec les attentes du public blanc.
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Un cas parmi d'autres
Pour autant, Viola Davis ne condamne pas cette expérience et explique avoir noué des liens étroits avec les autres membres du casting. "Je ne peux pas vous dire à quel point j'aime ces femmes, et à quel point elles me le rendent", expliquait-elle. Quoi qu'il en soit, le témoignage de Viola Davis reste symptomatique des enjeux qui animent Hollywood. Quelques années après La Couleur Sentiments, c'est le film Green Book : Sur les routes du sud, lauréat de trois Oscars dont celui du meilleur film, qui avait été pris pour cible par une partie de la communauté afro-américaine hollywoodienne. Le cinéaste Spike Lee avait notamment exprimé sa frustration lors de la cérémonie de 2019 au moment de la remise de prix, tandis que la famille de Don Shirley, le véritable musicien interprété par Mahershala Ali, avait accusé le long-métrage d'être une "symphonie de mensonges" et de perpétuer le cliché du "sauveur blanc".