Une réimagination horrifique de Cendrillon : "The Ugly Stepsister", un film qui mêle body horror et critique sociale

Titre original : Cendrillon version gore ! Cette réimagination body-horror du film classique va changer notre vision de Disney à jamais…

Prévu pour une sortie en salle le 2 juillet 2025 en France, The Ugly Stepsister est une réimagination hautement macabre de l’un des contes Disney les plus célèbres. Un long-métrage délicieusement sanglant qu’il serait bien dommage de manquer.

L'idée d'une réimagination horrifique d'un classique de l'animation suscite naturellement une certaine appréhension. Winnie the Pooh: Blood and Honey, ce fiasco cinématographique de 2023, a déjà fait grincer des dents en métamorphosant le charmant ourson en un tueur en série sanguinaire, épaulé par un Porcinet tout aussi macabre. Ce cauchemar affligeant, loin de n'être qu'un épiphénomène, menace de se propager en de multiples volets, chacun réinterprétant un personnage iconique de l'univers Disney. Néanmoins, une éclaircie se profile à l'horizon avec The Ugly Stepsister. Ce film s'inscrit résolument dans la lignée de The Substance, distillant ses éléments horrifiques avec une lenteur délibérée. Initialement, il se présente comme un drame languissant, dont les motivations nous échappent. Puis, une poignée de scènes de torture s'épanouit progressivement, culminant en un spectacle sanguinolent d'une intensité fascinante. "C'est The Substance, mais version Bridgerton", résumera très bien un utilisateur du réseau Letterboxd.

C'est quoi le body horror ?

Le body horror, littéralement "horreur corporelle", est un sous-genre de l'horreur qui se distingue par une exploration graphique et souvent psychologiquement perturbante des altérations, transformations, déformations ou destructions du corps humain. The Substance, porté par les performances de Demi Moore et Margaret Qualley, en constitue un exemple contemporain éloquent.

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Une réinterprétation subversive de Cendrillon

Coproduction internationale entre la Norvège, la Pologne, la Suède et le Danemark, The Ugly Stepsister marque les débuts prometteurs d'Emilie Blichfeldt à la réalisation. Ce film propose une relecture subversive et sombre du conte de fées classique de Cendrillon, puisant allègrement dans la version "Aschenputtel" des Frères Grimm, tout en y infusant une pointe de comédie acerbe. L'intrigue suit Elvira et Alma, deux sœurs dont la mère veuve, Rebekka, a épousé un homme plus âgé et veuf, Otto, dans l'espoir d'acquérir richesse et privilèges. Rebekka devient ainsi la belle-mère d'Agnes, la fille d'Otto. Cependant, la nuit même de leurs noces, Otto décède, et la famille découvre avec stupeur qu'il était dépourvu de ressources, ayant épousé Rebekka pour sa fortune. Elles apprennent également qu'Agnes méprisait Rebekka et ses filles en raison de leur faible statut social. Préoccupée par les finances du ménage, Rebekka décide d'arranger le mariage d'Elvira avec le prince, Alma n'ayant pas encore atteint la puberté.

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Alors qu'Elvira nourrit le rêve d'épouser le Prince Julian, un être superficiel, Rebekka est consciente que sa fille est jugée conventionnellement laide et a peu de chances de le séduire, surtout si Agnes devait rivaliser pour son attention. Pour rendre Elvira plus désirable, Rebekka la soumet à une série de chirurgies plastiques primitives, douloureuses, et particulièrement violentes. Elvira ingère même un ténia pour perdre du poids. Elle est également contrainte de prendre des leçons de maintien, ce qui transforme son admiration initiale pour Agnes en un profond ressentiment, car elle estime qu'Agnes n'a pas eu à s'efforcer pour son apparence ou ses talents. Un soir, Elvira surprend Agnes en train d'avoir des relations intimes avec Isak, un palefrenier, et le rapporte à Rebekka. Dégoûtée, Rebekka relègue Agnes au rang de servante, et la famille la nomme désormais Cendrillon.

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De Cronenberg à Grave, les inspis pour ce Cendrillon sanglant

Emilie Blichfeldt a révélé avoir été profondément influencée par le genre du body horror après avoir visionné Crash (1996) de David Cronenberg, ce qui l'a conduite à explorer les filmographies de Dario Argento et Lucio Fulci, ainsi que l'excellent Grave (2016) de Julia Ducournau. Autant de références joliment infusées dans son projet. Une influence plus inattendue pour elle fut le réalisateur polonais Walerian Borowczyk, pour sa manière de filmer les corps avec une beauté naturelle et brute.

The Ugly Stepsister se livre à une exploration explicite de la beauté en tant que performance, suscitant à la fois empathie et inconfort. Il examine les ramifications de l'industrie de la beauté, même au XIXe siècle, en se moquant ouvertement de ses promesses fallacieuses de bonheur, d'acceptation et de statut social. Il puise son horreur dans le grotesque, faisant du personnage d'Elvira, complexe et parfaitement nuancé, une victime des idéaux sociaux irréalistes qu'elle s'efforce malgré tout d'atteindre. Saluons en outre la performance de haute volée de Lea Myren, principalement connue localement pour ses rôles à la télévision.