Playruo : La Révolution des Démos de Jeux Vidéo grâce au Cloud

Titre original : Les démos de nos jeux vidéo sont de retour ! Rencontre avec les sorciers de la start-up française Playruo

Xbox Game Pass Ultimate, PlayStation Plus Premium, GeForce Now… les services qui permettent de jouer à des jeux en streaming via le Cloud sont multiples. Alors que la concurrence est rude, la start-up française Playruo creuse son sillon dans Le Nuage en faisant payer les éditeurs pour que les joueurs s’amusent gratuitement à leurs jeux. Une idée qui fait son chemin.

Sommaire

  • Des actes et des démos
  • Le Cloud du spectacle
  • Un choix payant pour les éditeurs
  • Retirer du risque et éviter l’accident industriel

Des actes et des démos

On les dit coûteuses, d’un autre temps, voire contre-productives : les démos de nos jeux vidéo n’ont vraiment plus le vent en poupe. Des disquettes aux CDs/DVDs distribués dans les magazines spécialisés aux versions numériques proposées dans les Stores en ligne, les démos ont subi plusieurs révolutions qui les ont presque fait totalement disparaître du paysage vidéoludique.

Les raisons sont multiples et vont des coûts importants nécessaires pour les produire à leur évolution naturelle en early access. Certes, elles n’ont pas été totalement effacées, comme nous pouvons le constater avec les événements comme le Steam Neo Fest, ou les versions d’essai sorties récemment de Star Wars Outlaws, Persona 3 Reload, Little Big Adventure et Like a Dragon : Pirate Yakuza in Hawaii, mais elles ne sont plus systématiques pour les AAA. Pourtant, les joueurs continuent de les apprécier, et beaucoup de développeurs indépendants reconnaissent les retombées positives que cela engendre sur leurs projets.

Les démos de nos jeux vidéo sont de retour ! Rencontre avec les sorciers de la start-up française Playruo

Le Cloud du spectacle

Face à un public demandeur et à des éditeurs qui font des coupes où ils le peuvent dans un contexte économique tendu, quitte à mettre de côté les démos jouables, la start-up française Playruo pense avoir la solution. Après plus de deux ans de développement, elle a mis au point une technologie dont on pourrait entendre beaucoup parler au cours des prochains mois. En quelques clics seulement, n’importe quel développeur peut proposer une version d’essai d’une de ses productions sans que cela ne nécessite de travail supplémentaire pour ses équipes.

Comment ça marche ? Une fois que le studio a envoyé la build (ou une version disponible sur une plate-forme telle que Steam ou Epic Games Store), Playruo crée une machine virtuelle verrouillée et paramètre ce qui doit l’être (placement du joueur sur la carte, puissance de la configuration, etc.), puis déploie des instances de celle-ci sur des serveurs accessibles via le Cloud. Simple comme bonjour, disions-nous ! Les joueurs, eux, peuvent s’amuser gratuitement en cliquant sur un simple lien, sans télécharger ni installer quoi que ce soit, tant qu’ils ont une connexion Internet. Car oui, comme nous le disions, Playruo est une solution 100 % Cloud. Il n’est donc pas surprenant de retrouver à la tête de la start-up des anciens de Shadow, à savoir Fergus Leleu, Jean-Baptiste Kempf (oui, le JB de VLC) et Yannis Weinbach.

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Un choix payant pour les éditeurs

Imaginez : vous voyez la publicité d’un jeu dans une bannière et celle-ci vous invite à l’essayer. Vous cliquez, et vous passez sur une démo jouable en plein écran directement dans votre navigateur. Les têtes pensantes de Playruo sont persuadées que cette manière de faire tester les jeux au grand public est celle des années à venir, d’autant plus qu’un simple lien suffit pour partager la version d’essai. Les streamers peuvent ainsi devenir des relais influents capables d’emmener avec eux leur communauté, en un clic seulement. Il n’est alors pas étonnant de lire que le directeur commercial d’Old Skull Games, Hervé Sohm, estime que cette solution “offre des possibilités illimitées pour maximiser l'engagement des joueurs”. Bien que Playruo apporte des avantages aux joueurs avec la possibilité d’essayer des jeux gratuitement sans qu’ils n’aient rien à installer, c’est avant tout aux professionnels que le service s’adresse.

Playruo s’occupe d’une partie technique et logistique que certains grands noms de l’industrie n’ont plus envie de gérer pour diverses raisons (coûts, organisation). "Il faut que ce soit intéressant pour tout le monde", nous explique Fergus Leleu, PDG et fondateur de Playruo. "On co-construit avec les idées de nos clients", ajoute-t-il. Pour l’éditeur, les avantages paraissent nombreux puisqu’il peut envoyer des versions jouables de ses œuvres sans développer de démos spécifiques. Il peut aussi viser une fourchette large de personnes allant des playtesteurs aux journalistes de la presse spécialisée, les versions d’essai pouvant être sécurisées par un NDA, un mot de passe et un filigrane. “On a fait la démonstration aux Pégases 2025 pour montrer qu'il n'y a pas besoin de modifier le jeu, ça marche sans avoir aucune aide des développeurs”, souligne Yannis Weinbach, Chief Product Officer et cofondateur de Playruo. C'est unique, personne n'a de techno qui fait ça aujourd'hui, renchérit-il.

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Retirer du risque et éviter l’accident industriel

Contrairement au Game Pass, où les utilisateurs dépensent quelques euros tous les mois en échange d’un accès à un catalogue de jeux, Playruo fait payer l’éditeur afin que les joueurs/professionnels puissent jouer à des démos. Si la start-up française fait payer celui qui est en amont plutôt que celui qui est en bout de chaîne, c’est parce qu’elle croit en l’efficacité non pas de son service, mais de ses services.L'idée, c'est de construire un écosystème complet pour permettre aux studios à la fois de faire de meilleurs jeux, notamment grâce à la partie playtests, et de mieux les faire connaître, déclare Yannis Weinbach, avant d’ajouter : “on veut retirer du risque dans le développement de jeux vidéo, c'est un des sujets les plus importants dans le monde du jeu. On voit des boîtes énormes annuler des jeux et la question est, comment peut-on éviter ça ? Comment fait-on pour éviter l'accident industriel ? Comment fait-on pour alerter les équipes qu'elles vont peut-être dans la mauvaise direction ?” La réponse est simple : en permettant aux projets d’être testés le plus tôt possible par les joueurs, ce que sait faire Playruo.

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Néanmoins, la start-up ne veut pas se voir comme un simple fournisseur d’une technologie et assure que si les éditeurs/développeurs viennent pour une solution de streaming, ils restent pour les conseils et les données (telles que la durée des sessions de jeu, où sont les personnes qui jouent, ce qui a été fait dans les parties, etc.). Comptant parmi ses clients Dotemu, Bandai Namco, Nacon, Microids ou encore Plaion, Playruo sait que son aventure ne fait que commencer. “Il y a des discussions avec un éditeur pour intégrer directement Playruo sur la fiche produit d'un jeu afin que le joueur teste avant d'acheter”, nous dit Nabil Abdelhalim. Et les constructeurs dans tout ça ? Fergus Leleu nous assure que, là encore, des discussions sont en cours. Si la start-up fait tout pour que les joueurs n’aient pas à attendre pour essayer des softs qui les intéressent, elle semble elle aussi impatiente de prouver au monde entier la force de sa proposition.