Issu de l’imagination de Tite Kubo, Bleach fut l’un des piliers du genre shônen il y a une vingtaine d’années. Si le manga a tiré sa révérence en 2016 après soixante-quatorze volumes, l’adaptation animée du dernier arc scénaristique est toujours dans les tuyaux pour une sortie dans les prochains mois. En attendant de découvrir le combat final, Bandai Namco nous gratifie d’un jeu de baston à l’ancienne, mais qui ne manque pas de nervosité. Une manière idéale pour rattraper votre retard si vous n’avez jamais suivi cette œuvre.
Le nom de Tamsoft ( OneChanbara, Captain Tsubasa : Rise of New Champions…) ne dira peut-être rien aux plus jeunes d’entre nous, mais il s’agit d’un studio qui a fait grandement parler de lui lors de l’avènement de la toute première PlayStation avec le jeu Battle Arena Toshinden. À l’ère où la 3D arrivait à peine sur console, il fit sensation grâce à ses personnages détaillés et son système d’esquive dans la profondeur. Si la suite des évènements fut moins glorieuse, il n’en reste pas moins l’un des pionniers dans le domaine du jeu de combat en 3D et c’est avec une certaine nostalgie que l’on retrouve ce studio sur un jeu Bleach.
Profiter de ce jeu tient quasiment du miracle tant la série, ces derniers temps, nous avait plus habitué aux productions mobiles passe-partout. Bleach Rebirth of Souls rappelle un peu la vague des jeux de baston en cel-shading (façon dessin animé) du temps de la PlayStation 2, Xbox et Gamecube. Les amatrices et amateurs de manga avaient le choix entre les adaptations de Dragon Ball, de Naruto, de One Piece, de Bleach et autres. Mais depuis ce temps-là, bien de l’eau a coulé sous les ponts et les attentes d’hier ne sont plus celles d’aujourd’hui. Alors, renaissance réussie ou retour « Bankai » ?

Bleach, c’est quoi au juste ?
Sorti en 2001, le manga Bleach est une création du scénariste et illustrateur Tite Kubo. Se déroulant dans une version alternative de notre monde, l’histoire met en scène un adolescent d’une quinzaine d’années, Ichigo Kurosaki, doué d’un pouvoir unique : il voit, entend et peut interagir avec l’âme des défunts. Il va finir par découvrir qu’il existe en réalité deux clans qui s’affrontent, les Shinigami et les Hollows, sans que les humains n’en aient la moindre perception. Bleach raconte cette lutte éternelle qui met en scène des combattants doués de l’art du Zanpakuto, autrement dit l’utilisation de sabres spirituels.


Rattrapage express
Pour quiconque n’a jamais lu un manga ou vu un anime Bleach, Rebirth of Souls apparaît comme l’épisode idéal pour connaître les tenants et aboutissants de la trame. En plus des défis et du multijoueur local et en ligne, les développeurs ont intégré un mode campagne qui retrace une large partie de l’œuvre originale. L’histoire est racontée sous la forme d’images légèrement animées, façon roman interactif, avec des séquences exploitant les graphismes du jeu. C’est plus vivant que dans certains jeux à licence, mais on regrette une mise en scène d’une grande platitude et une percée parfois précipitée de certains évènements. On est très loin de la saga Naruto Shippuden Ultimate Ninja Storm pour ne citer qu’elle. Indiscutablement, Tamsoft a fait avec les moyens du bord pour matérialiser les moments les plus importants du manga. Ce qui sauve un peu l’ensemble, c’est la présence des doubleurs japonais dont on peut profiter en VO (les doublages en anglais sont aussi disponibles).

Un jeu qui tranche dans le vif

Si vous vous frottez à cet univers pour la première fois, sachez que Bleach est une œuvre d’une certaine densité. Par conséquent, il est plus que recommandé aux débutants de lancer le tutoriel pour apprendre à maîtriser les codes de la saga. Bleach Rebirth of Souls prend ainsi la forme d’un jeu de combat en 1 contre 1 réunissant attaque rapide, attaque puissante, technique spéciale et autres protections ou brise-gardes. Dit comme ça, ça peut paraître simple, mais les affrontements exigent un timing parfait sous peine de rater les combinaisons. Chaque attaque s’appuie ainsi sur le principe du pierre-feuille-ciseaux : gardes > attaques puissantes > brise-garde > gardes. Inutile de vous dire que matraquer les boutons dans ce titre est absolument inutile. En parallèle, pour l’emporter, il ne suffit pas de vider une jauge à zéro pour l’emporter. Dans cette œuvre, tout repose sur les âmes détenues par l’adversaire et le but, vous l’aurez compris, est de vider le compteur d’âmes de ce dernier. Pour y parvenir, il faut déstabiliser l’opposant et le rendre vulnérable en affaiblissant ses fils d’énergie spirituelle (la jauge est en dessous de celle des âmes restantes).


En multipliant les offensives, il est ensuite possible de déclencher l’éveil, une sorte de mode rage qui donne accès à de nouvelles techniques, dont les Bankai, Shikai et autres Ressureccion bien connus des habitués de la série. En dépit d’une certaine rigidité dans les déplacements, Bleach Rebirth of Souls impose un véritable tempo et se veut bien plus stratégique que bon nombre de concurrents. Les retournements de situation sont omniprésents et c’est assurément l’une des grandes forces de la proposition de Tamsoft. Mais par rapport à des softs beaucoup plus accessibles, il réclame un temps d’adaptation et la marge de progression est très importante. Ne désespérez pas si vous n’arrivez pas à enchaîner les combos au départ et prenez le temps de maîtriser chaque élément du jeu car ils sont nombreux (téléportations, transformations sur plusieurs niveaux…). Le dynamisme est au rendez-vous, mais il faut lui laisser le temps d’infuser. Dommage que le panel de coups ne soit pas plus étoffé, ça aurait évité une certaine redondance passé quelques heures.

Une réalisation loin des standards actuels
Disponible sur PlayStation 4, Bleach Rebirth of Souls ne profite pas de la puissance des supports actuels. Il reprend le visuel des jeux en cel-shading d’il y a plus d’une dizaine d’années et souffre même d’une sorte de flou sur les personnages. Techniquement, le jeu est loin des supports du moment, mais il a pour lui une direction artistique qui rattrape le tout. Les personnages sont charismatiques, bien animés et il y a pas mal de décors, même s’ils sont quasiment statiques, à se mettre sous la dent. On aurait aimé plus d’interactivité de ce côté-là. Pour le reste, on ne peut qu’apprécier l’effort musical malgré l’absence des OST officielles. Certains thèmes dépotent vraiment et l’ambiance sonore, dans son ensemble, est plutôt réussie. On ne joue pas à Bleach Rebirth of Souls pour sa réalisation, mais le jeu est suffisamment dynamique et maîtrisé pour laisser un bon souvenir.
Conclusion
Points forts
- Un jeu Bleach de qualité
- Combats dynamiques
- Le système évolutif et stratégique
- Voix japonaises par les doubleurs officiels
- 32 personnages
- Marge de progression importante
Points faibles
- Peu d’interaction avec les décors
- Quelques manques importants dans le casting
- Mise en scène très molle
- Le mode Missions anecdotique
- Le flou désagréable sur PS5
Note de la rédaction
Bleach Rebirth of Souls rappelle les jeux de baston en cel-shading qui faisaient fureur au début des années 2000. Si l’approche parfois redondante et un brin complexe des combats peut surprendre au départ, le jeu laisse rapidement entrevoir la densité de son contenu avec un roster de 32 personnages et un mode Campagne qui retrace une grande partie du manga. L'aspect technique, en revanche, est en retrait et il ne faudra donc pas s’attendre à un titre qui répond aux codes visuels actuels. Trente ans après Toshinden, Tamsoft redonne un coup de boost à la licence Bleach en jeu vidéo et ça ne pourra que faire plaisir aux fans.