Alors que les adaptations en prise de vue réelle de Disney cumulent les désillusions, de Aladdin à Le Roi Lion, une lueur d’espoir jaillit avec Lilo & Stitch. Le film, tiré d’un monument de l’animation des années 2000, réussit le pari de la fidélité et de l’émotion.
Les appréhensions sont légion concernant les adaptations en prise de vue réelle de la maison Disney. À peine annoncées, une angoisse palpable transparaît dans la pléthore de messages inondant les réseaux sociaux, simple écho de traumatismes encore vivaces : un Aladdin maladroitement incarné par Will Smith en 2019, un Pinocchio peu inspiré trois ans plus tard, et la longue litanie des La Petite Sirène, Dumbo, Peter Pan & Wendy, Le Roi Lion et consorts. Des déconvenues qui éclipsent malheureusement l'excellent remake de Cendrillon de Kenneth Branagh ou la réinvention ingénieuse du personnage de Cruella par Emma Thompson. C'est dans ce climat d'incertitude que s'aventure Lilo & Stitch, un long-métrage en prises de vue réelles tiré d'un monument de l'animation, un maillon essentiel d'une filmographie prolifique.
Avec des recettes estimées à quelque 273 millions de dollars, le 42e long-métrage d'animation des studios Disney s'est hissé parmi les plus grands succès de la maison dans les années 2000, à une époque de déclin relatif pour l'animation traditionnelle chez Disney, précédant l'avènement de La Reine des Neiges et Encanto. L'intrigue se déroule à Hawaï, sur l'île pittoresque de Kauaʻi. Lilo, une fillette excentrique et solitaire, vit sous la tutelle de sa grande sœur Nani depuis le décès de leurs parents. Pour lui offrir une compagnie, Nani autorise Lilo à adopter ce qu'elle croit être un chien dans un refuge. Ce "chien" est en réalité l'Expérience 626, une créature extraterrestre génétiquement modifiée, dont l'unique dessein est de semer le chaos. Lilo le nomme Stitch. Poursuivi par les autorités galactiques, Stitch doit s'astreindre à se comporter comme un véritable animal domestique, tout en découvrant progressivement les vertus de l'amour, de l'amitié et, par-dessus tout, de la famille — thème central du film et de son adaptation, cristallisé par la célèbre maxime hawaïenne : "Ohana signifie famille. Famille signifie que personne ne doit être abandonné… ni oublié."

Une réimagination en live-action touchante
Réputé pour son esthétique singulière, son humour tendre et son regard sensible sur la famille et la différence, Lilo & Stitch fait partie des classiques les plus aimés de Disney. L’adaptation en prises de vue réelles signée Dean Fleischer Camp en retrouve étonnamment bien l’esprit. Les teintes pastel du film d’animation laissent place à une palette plus authentique, fidèle à la lumière et aux paysages d’Hawaï, mais tout aussi accueillante. Les musiques d’Elvis Presley, toujours aussi savoureuses, accompagnent cette relecture à la fois respectueuse et rafraîchie. Le réalisateur de Marcel le coquillage (avec ses chaussures) délaisse l'animation en volume pour une CGI impeccable, le mignon petit monstre arborant un design d'une telle solidité qu'il ferait rougir de honte Sonic le hérisson, à raison. Le personnage espiègle est parfaitement fidèle à l'original, tant sur le plan esthétique que par son énergie attachante qui parvient sans peine à susciter de jolies émotions chez le spectateur.

L’interprétation de Lilo par Maia Kealoha reste discrète, sans doute en raison de son jeune âge, mais la complicité qu’elle partage avec sa sœur Nani (interprétée par Sydney Elizebeth Agudong) emporte l’adhésion. Cette dernière gagne en profondeur et en émotion par rapport à la version animée, rendant leur relation encore plus touchante. En revanche, le duo formé par le Dr. Jumba Jookiba et Pleakley peine à convaincre : leur excentricité d’origine s’estompe, et l’on regrette que Zach Galifianakis, pourtant capable de performances décalées et audacieuses, ne soit pas davantage mis à contribution.
Si le casting, en partie novice, ne brille pas par des performances de haute volée, il insuffle au film une excellente ambiance grâce à son enthousiasme communicatif, faisant de l'ensemble un spectacle particulièrement chaleureux, au service d’un récit sans prétention mais empreint de bienveillance. Lilo & Stitch est clairement destiné aux plus petits, et en tant que tel, regorge de blagues qui leur sont spécifiquement dédiées mais qui ne manqueront pas, parfois, de vous faire sourire naturellement. Cette adaptation réintroduit surtout avec beaucoup de tendresse l'histoire originale à une nouvelle génération, lui offrant l'opportunité de s'éprendre du formidable Stitch, qui demeure le cœur du film (et probablement son meilleur acteur). Le film offre en tout cas de nombreux moments réconfortants qui en font, probablement, l’un des meilleurs live-action de Disney de ces dernières années.