Retour en 2016. Je découvre un jeu d’énigme à la fois addictif et envoûtant. Près de 10 ans plus tard, il ne m’a toujours pas quitté.

Je dirais pas que je suis fan de jeux d’énigme, mais le genre a toujours fait vibrer une corde sensible chez moi. Il y a un truc fascinant d’être face à un mur, ne rien comprendre au début, faire sa vie pendant des heures puis crier soudain “eurêka”. Tunic et sa fameuse énigme du Golden Path m’a par exemple complètement charmé, mais pour moi, dans le genre, aucun jeu n’arrive à la cheville de The Witness, un titre sorti en 2016 et développé par Thekla, studio mené par Jonathan Blow (Braid).

C’est pas trait dur

Le concept de The Witness va vous surprendre : il faut tracer des lignes. Et j’exagère même pas ! Le cœur du gameplay, c’est vraiment de rester planter devant des panneaux, de sélectionner un point de départ et de guider votre tracé jusqu’à l’arrivée, le tout à travers des sortes de labyrinthes. Mais ne vous attendez pas à des labyrinthes comme au dos des paquets de céréales. Pour réussir un panneau, il faut rapidement respecter des règles très précises. Le truc, c’est que ces règles ne sont jamais expliquées clairement. À part quelques vidéos sous-titrées et des journaux audio, le jeu ne contient en effet aucun tutoriel ou ligne de dialogue.

Comment fait-on sans explication ? En fait, il y en a des tutos dans ce jeu, mais des tutos à la sauce The Witness. Sans même vous en rendre compte, juste avec la pratique, vous allez apprendre de nouvelles mécaniques (et en avoir conscience peut d’ailleurs être une difficulté en soi). Le début de l’aventure est un bon exemple. En quelques minutes, en résolvant une succession de panneaux à la difficulté croissante, on réalise des actions en apparence évidentes mais qui vont déterminer tout ce qu’on va faire par la suite : la manière dont doit commencer et s’achever un tracé, le fait qu’une ligne ne peut pas se chevaucher elle-même, que la longueur du trait importe peu.

Je vais pas m’étendre sur les autres tutos et règles de The Witness, mais retenez que le titre en compte pas mal, à tel point que ça en fait un brainvania finalement assez complexe (on pourrait le rapprocher d’Animal Well à ce niveau). Dans ces jeux, le savoir est comparable à des pouvoirs qui, comme dans les metroidvania classiques, nous permettent d’explorer toujours plus avant. D’ailleurs, comme The Witness demande de percer à jour tout un tas de règles, c’est aussi un jeu où on a pas mal d’épiphanies. Et en plus de ça, je trouve ça fascinant qu’un concept de base aussi simple - on parle quand même de tracer des lignes - cache une telle complexité.

En balade sur mon île

Donc oui, avec tout ce que je viens de dire, vous avez compris que The Witness n’est pas forcément un jeu facile (même en la présence de quelques “tutos”). Si vous vous lancez dans l’aventure, vous vous retrouverez sans doute bloqué devant une série d’énigmes, et vous savez quoi ? Ben c’est pas grave, parce que Jonathan Blow et son équipe nous lâchent ici sur une île aux allures de petit open world. Onze zones se partagent l’affiche et chacune a sa propre ambiance. On passe du désert au monastère, des forêts denses au marais.

Et ce découpage, il est pas simplement là pour faire beau. Chaque région principale cache un laser qui, une fois allumé, ouvre petit à petit l’entrée de la dernière ligne droite du jeu. Quelque chose d’important : seulement 8 de ces lumières divines sont nécessaires et comme on est dans un monde ouvert, si vous butez contre une série d’énigmes, vous pouvez très bien changer d'endroit et revenir plus tard. Et ça, c’est quelque chose de super important. Dans The Witness, un peu comme dans le récent Blue Prince, la structure même du jeu réduit les chances de se retrouver coincé, face à un mur. Parfois, la clé d’une énigme se cache quelques dizaines de mètres plus loin.

En fait, c’est compliqué pour moi de vous expliquer vraiment pourquoi The Witness m’a tant marqué. Ça tient évidemment à tout ce que je viens de dire, mais il y a plus : sa direction artistique, son délire métaphysique auquel j’ai jamais rien compris, et sa seconde couche d’énigmes cachées directement dans les décors (j’en dirais pas plus). Bref, si vous aimez vous creuser les méninges, pour moi, c’est un immanquable. À ce jour, le titre est dispo sur PlayStation et Xbox à 39,99€. Sur Steam, il est en ce moment à -75%, au prix de 9,24€, jusqu’au 19 mai prochain.