La Palm Dog : Un Prix Récompensant les Performances Canines au Festival de Cannes

Titre original : Cet acteur était tellement stylé qu'on a créé un prix pour le récompenser et ce n'est pas un être humain...

Chaque année à Cannes, tandis que les projecteurs illuminent les chefs-d’œuvre du cinéma et leurs créateurs, une récompense charmante et de plus en plus prisée met en lumière des talents canins souvent oubliés : la Palm Dog.

Tous les ans, le Festival de Cannes célèbre le cinéma sous toutes ses formes et récompense les plus grandes œuvres et artistes de ces derniers mois. Et en marge des prestigieux prix officiels, une distinction singulière mais de plus en plus reconnue - et d’autant plus adorable - met à l'honneur des talents souvent oubliés : la Palm Dog. Créé en 2001 déjà, ce prix méconnu récompense la meilleure performance canine dans les films présentés au festival. Loin d'être une simple fantaisie, la Palm Dog est devenue une véritable reconnaissance de l'apport essentiel des chiens acteurs et du travail considérable qu'implique leur présence sur les tournages. Car oui, être acteur canin dans un film, c’est du boulot ! La preuve dernièrement avec Black Dog, long-métrage chinois signé Hu Guan et sorti cette année dans lequel le héros, Lang, se lie d'amitié avec une chienne noire, solitaire et sauvage. La chienne livre une prestation impressionnante, qui aurait bien mérité le Palme Dog 2024, finalement décerné à Kodi, un autre chien qui joue dans le film Le Procès du chien réalisé par Laetitia Dosch. Mais l'histoire de Xin a tout de même une fin très heureuse : elle a été adoptée par l'acteur principal, Eddie Peng, à la fin du tournage.

Cet acteur était tellement stylé qu'on a créé un prix pour le récompenser et ce n'est pas un être humain...

La naissance de la Palm Dog

L'initiative de la Palm Dog revient au critique cinéma britannique Toby Rose en 2001. Son objectif était tout naturellement de souligner l’importance de ces superbes toutous dans le récit cinématographique. Gérée depuis 2023 par le média français Woopets et sponsorisée par Dogamì, la Palm Dog s'appuie sur un jury international composé de plusieurs journalistes. Ces critiques, dans le cadre de leur travail habituel, visionnent ainsi tous les films du festival. Un film devient éligible dès qu'un chien y tient un rôle majeur, allant bien au-delà d'une simple apparition sur un coin de trottoir, évidemment. L'évaluation prend en compte plusieurs critères précis : la dimension du rôle dans l'intrigue, le travail d'acting du chien (soit sa capacité à exprimer différentes émotions), la complicité avec les acteurs humains, et une attention particulière est portée au bien-être animal et aux conditions de tournage. L'année 2023, par exemple, fut qualifiée d'"année à chiens" avec plus de 10 films éligibles.

Ces chiens stars

Au fil des années, la Palm Dog a honoré une galerie impressionnante de stars canines. Parmi elles, on trouve Uggie, le très célèbre Jack Russell Terrier qui a crevé l'écran dans le film muet The Artist en 2011, aux côtés de Jean Dujardin. En 2016, la récompense a salué à titre posthume Marvin, le bouledogue du film Paterson. D'autres chiens comme Hagen dans White God (2014), Baby Boy dans Ma vie avec Liberace (2013), et Brandy, le Staffordshire Terrier du personnage de Brad Pitt dans Once Upon a Time in Hollywood (2019), ont également été récompensés. Le réalisateur Quentin Tarantino en personne était d'ailleurs venu chercher le prix sur la plage pour Brandy. Des prix collectifs ont aussi été décernés, notamment pour les chiens errants de Dogs ! La folle aventure (2007) ou tous les chiens du film Mondovino (2004). Même les chiens d'animation ont été reconnus, comme Dug dans Là-haut (2009) et Yuki dans Persepolis (2007). Plus récemment, en 2020, Britney, un caniche, a gagné pour son rôle dans War Pony.

Cet acteur était tellement stylé qu'on a créé un prix pour le récompenser et ce n'est pas un être humain...

L'année 2023 a marqué un tournant majeur pour la Palm Dog, grâce au succès international de Messi, le Border Collie de 7 ou 8 ans qui incarne Snoop dans Anatomie d’une chute de Justine Triet, et qui a même fait un petit détour très remarqué aux Oscars. Messi a remporté la Palm Dog pour son rôle crucial dans l'intrigue, impressionnant notamment le jury par sa capacité à simuler une maladie de manière très convaincante. En 2024, Messi est même revenu à Cannes pour animer une pastille télévisée durant laquelle il interviewait des personnalités, équipé d'un micro et d'une caméra. Bref, de quoi donner un sacré coup de boost au prix. Le successeur de Messi, lauréat de la Palm Dog 2024, est donc Kodi, un Griffon croisé de 9 ans récompensé pour son rôle dans Le Procès du chien de Lætitia Dosch. L'histoire de Kodi est particulièrement touchante puisque cet ancien chien des rues de Narbonne vient d’un refuge. Sa dresseuse, Juliette Roux-Merveille, a détaillé l'ampleur du travail pour le film, listant entre 80 et 100 actions à lui apprendre mais aussi des méthodes ingénieuses ont été employées, comme enregistrer un miaulement de chaton pour le faire hurler ou travailler un aboiement spécifique pour lui faire montrer les crocs.

Il est bon de noter, pour finir, que la reconnaissance des animaux acteurs à Cannes s'inscrit dans une histoire plus large. Aux États-Unis, les PATSY Awards (Picture Animal Top Star of the Year) ont été décernés de 1951 à 1986 par l'American Humane Association. Créés suite à la mort tragique d'un cheval sur un tournage, ces prix visaient à honorer les performances animales et ont contribué à la mise en place d’une clause à respecter religieusement : "Aucun animal n’a été maltraité durant le tournage de ce film". Après une interruption, l'American Humane Association a relancé l'idée en créant les Pawscars en 2011. La Palm Dog n’est donc que la continuité de cette tradition de reconnaissance du talent animal qui rappelle que les chiens, eux aussi, sont de véritables partenaires et acteurs sur grand écran.