Réalisé par Clint Eastwood en 1973, ce film s’est imposé comme un western culte malgré une réception initiale controversée, notamment en France où il fut vivement critiqué et même taxé de “fasciste”.
Le western, genre emblématique du paysage cinématographique américain, a vu émerger au fil des décennies des œuvres qui ont marqué les esprits et redéfini ses codes. Parmi elles, L'Homme des hautes plaines, réalisé par Clint Eastwood et sorti en 1973. Le film, qui a fait couler beaucoup d'encre lors de sa sortie, est aujourd'hui considéré par certains comme un classique et est disponible sur la plateforme Netflix.
Une immersion sombre dans l'Ouest sauvage
L'intrigue prend place à Lago, une petite ville isolée dans le désert de l'Ouest sauvage américain. L'arrivée d'un étranger, tout de noir vêtu, vient bouleverser la tranquillité apparente de l'endroit, où trois hommes semblent initialement faire la loi. Rapidement confronté à ces derniers, l'homme affirme sa personnalité en tuant ses agresseurs. Terrifiés et impressionnés, les habitants, par l'intermédiaire du shérif, lui demandent de les protéger de trois autres bandits, Stacey Bridges, Dan et Cole Carlin, qui avaient été emprisonnés par les habitants eux-mêmes et qui s'apprêtent à être libérés avec la ferme intention de se venger et de détruire Lago.

Pour sa seconde réalisation après Un frisson dans la nuit, Clint Eastwood choisit donc le western, un genre qui l'avait propulsé au rang d'acteur populaire. Il s'inspire notamment de la mythologie de l'homme sans nom qu'il avait incarnée dans la célèbre trilogie de Sergio Leone. Le film est également teinté de l'influence d'un autre réalisateur avec qui Eastwood a travaillé, Don Siegel. Un événement tragique réel a servi d'inspiration majeure pour la trame du film : le meurtre de Kitty Genovese en 1964 à Brooklyn, et la non-intervention de nombreux témoins présents lors de l'agression. Clint Eastwood a demandé au scénariste Ernest Tidyman, lauréat d'un Oscar, de s'en inspirer pour l'intrigue.
Accueil mitigé à la sortie
À sa sortie, le film a reçu un accueil mitigé. Le New York Times a noté que, malgré la violence, le film ne se prenait pas entièrement au sérieux, voyant dans le personnage de l'étranger une "parodie intense" de l'homme sans nom de Leone. Le Time a quant à lui estimé que le film cultivait à l'excès les clichés du western. Le film a rapporté 15 millions de dollars au box-office américain, un score jugé modeste pour l'époque. En France, l'accueil fut particulièrement houleux. Le film a été taxé de "fasciste" par une partie de la presse. Des journalistes comme Jean-Claude Guignet ont dénoncé une "apologie du fascisme", Guy Teisseire a parlé du "parfait héros nazi", et J. Sorel y a vu un "bel aryen blond". Sur Rotten Tomatoes, le film a tout de même droit au très bon score de 94%.