Encore une fois en tête du box-office US pour la deuxième semaine consécutive, Thunderbolts* continue de raviver l’engouement autour des films Marvel. Un succès bien mérité pour un film qui se distingue totalement de ce que l’on a l’habitude de voir dans le Marvel Cinematic Universe.
Sorti le 30 avril dernier, Thunderbolts* ou plutôt Les Nouveaux Avengers a donné l'impression d'une véritable renaissance du MCU. Avec un film bien différent de ce à quoi on est habitué dans les productions Marvel, la nouvelle équipe de super-héros a su séduire tant les fans que les spectateurs. Là où Marvel misait auparavant sur des scénarios épiques, des personnages inspirants et des combats palpitants, cette fois-ci, le studio américain a choisi de centrer le film sur les thèmes de la dépression et de la solitude. Tout au long du film, on remarque que chaque personnage a traversé un parcours difficile qui les a finalement conduits à la solitude.
Les super-héros solitaires
Yelena Belova interprétée par Florence Pugh a eu une enfance difficile où elle a subi moulte tortures la conduisant à commettre des actes regrettables. De plus, elle a presque perdu toute sa famille, à l'exception de son père, le héros déchu Red Guardian (David Harbour). Ce dernier se retrouve seul dans une petite maison en désordre, avec un emploi de chauffeur privé. Lors d'une discussion avec Yelena, il confie qu'il déteste sa vie actuelle et qu'il était heureux lorsqu'il pouvait servir son pays et être acclamé. Ava Starr, alias le Fantôme, a perdu ses deux parents dans un accident. Cet événement lui a conféré des super-pouvoirs, mais elle doit porter une tenue spéciale pour stabiliser ses capacités.

John Walker, alias l'US Agent, est lui aussi devenu un héros déchu après avoir tué un ressortissant étranger appréhendé, et ce, devant une foule. Déchu de son titre de Captain America, il a été abandonné et oublié. Puis il y a Bucky Barnes, qui avant de devenir membre du Congrès, était sous le contrôle de HYDRA, une organisation maléfique. Sous leur influence, il est devenu le Soldat de l’Hiver et a tué de nombreuses personnes, ce qui l’a contraint à vivre dans l’anonymat pendant un certain temps. On remarque que tous ces personnages ont un point commun : la solitude. Il ne faut pas oublier le personnage le plus important, Sentry, qui permet de mieux comprendre le thème abordé par Jack Schreier.
"Cette sensation de vide ou de dépression ne sont pas une idée de niche"
Sentry, alias Robert "Bob" Reynolds, incarne le thème de la dépression et de la solitude. Enfant maltraité par son père et rejeté par sa mère, il se sentit toujours seul et vide. Dans sa quête de devenir plus fort, il fut choisi pour le projet Sentry, où il acquit des pouvoirs immenses. Cependant, le "vide" qu’il ressentait en lui devint une force à part entière, le transformant en "le Néant" (The Void). D'ailleurs, dans le film, "le Néant" a émergé lorsqu'il s'est senti trahi et à nouveau seul.
Ces thèmes sont complexes, mais le réalisateur Jack Schreier tenait absolument à les inclure dans le film. Dans une interview avec le média X (anciennement Twitter) Discussing Film, Schreier a expliqué pourquoi il souhaitait proposer quelque chose de différent.
Nous avions le sentiment que ces émotions, ce sentiment de vide ou de dépression, ne sont pas des sujets marginaux, vous voyez, et qu’on en est à un point où tout le monde peut probablement s’y identifier. Donc, si on allait faire le 36e film Marvel — et Kevin a dit dès le début : “Faites quelque chose de différent avec celui-là” — ça nous a semblé être une histoire différente à raconter dans cet univers. - Jack Schreier
‘THUNDERBOLTS*’ director Jake Schreier tells us about the importance of exploring mental health & depression in a MCU movie:
— DiscussingFilm (@DiscussingFilm) May 8, 2025
“These feelings and sense of emptiness or depression are not a niche idea, we’re at a place where everyone can connect with that” pic.twitter.com/0fWKEY9kII
Il s’agit donc d’une production Marvel qui cherche avant tout à explorer les luttes psychologiques liées à la dépression et à la solitude. L’enjeu ne se limite plus à survivre ou sauver le monde : le film va bien au-delà. Sa conclusion, bien que pouvant sembler "fleur bleue", s’impose avec justesse dans le contexte. Pour libérer Bob de sa part sombre, le Néant, qui cherche à le posséder entièrement, l’équipe d’anti-héros se précipite vers lui… pour l’enlacer. Ce geste collectif symbolise que les ténèbres intérieures et les troubles mentaux, comme la dépression, ne peuvent être surmontés que par la connexion aux autres — en rompant l’isolement.

Comme l’a montré Yelena Belova tout au long du film, Schreier a choisi de s’éloigner du schéma classique opposant un héros à un méchant. Il met plutôt en scène une jeune femme tentant de sauver un jeune homme qui partage sa souffrance, mais qui, contrairement à elle, n’a jamais bénéficié de soutien. Espérons que Marvel poursuive dans cette direction, en proposant des films plus profonds et porteurs de sens, bien au-delà de ce à quoi le studio nous avait habitués.