C’est un temps que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître… Si Doom : The Dark Ages arrive sur PC, PS5, Xbox Series et constitue l’un des jeux les plus prometteurs de cette année 2025, c’est aussi parce que la licence bénéficie d’une notoriété intouchable… depuis sa création. Dans cet article, on revient rapidement sur ce qu’est Doom et pourquoi, en 1993, il a été une révolution.
Doom, c’est une licence de jeux dont le premier épisode sort en 1993. On ne va pas vous refaire toute l’histoire : on l’a déjà abordé à plusieurs reprises sur le site. C’est même mon cher collègue Carnbee qui a troqué sa plume contre son fusil double-canon pour célébrer les 30 ans de cette franchise appartenant au panthéon du jeu vidéo. Elle est créée par John Carmack, John Romero, Adrien Carmack (qui n’a aucun lien de parenté avec le premier), Kevin Cloud et Tom Hall. Les cinq jeunes hommes de l’époque développent le jeu sous le nom de studio id software. Un studio qui, comme l'essence de la licence, sera toujours aux commandes.
De fait, c’est encore aujourd’hui id software qui est aux manettes pour la licence avec un prochain épisode (prévu pour le 15 mai 2025) nommé Doom : The Dark Ages. Et bien qu’évoluant dans un contexte rappelant la medieval fantasy, loin des cadres SF privilégiés jusqu’alors, cet opus principal ne trahit par ses origines.
Doom, c’est quoi exactement ?
Les jeux vidéo Doom (que l’on peut écrire aussi DOOM, faut avouer que ça colle mieux à l’esprit de la série) sont des jeux vidéo de tir en vue subjective, c’est-à-dire à la première personne. Comprenez que la caméra est placée au niveau de vos yeux et que vous voyez à peine votre main et évidemment celle qui tient l’arme. Pas de bras, pas de chocolat pour le Doom Guy, le personnage incarné par le héros, qui récolte surtout des vagues de créatures démoniaques. C’est un ancien de la Marine qui est, dans le premier épisode, envoyé sur Phobos : un satellite de la planète Mars abritant un laboratoire de recherches scientifiques. Certaines expériences entreprises là-bas ont mal fini, provoquant la transformation des humains sur place en monstres des enfers.
Mais si Doom fait autant parler de lui à travers les décennies depuis les années 90, ce n’est pas pour son histoire. Il y a bien une intrigue globale qui explique le contexte. Ce serait comme s’intéresser au tennis parce que le prêt-à-porter est joli : un élément indispensable mais quand même accessoire. C’est encore mieux expliqué par John Carmack, l’un des créateurs du jeu. Le livre Masters of Doom : How Two Guys Created an Empire and Transformed Pop Culture (2004) de David Kushner rapporte :
L'histoire d'un jeu, c'est comme l'histoire d'un film p****. On s'attend à ce qu'elle soit présente, mais elle n'est pas importante.
DOOM, c’est un jeu de tir avant toute chose où il faut donc dézinguer du démon à travers une campagne composée de plusieurs chapitres. Le Doom Guy (ou le Doom Slayer dans les jeux récents) compose avec une dizaine d’armes différentes allant du simple blaster au lance-roquettes. Les ennemis défilent, chacun ayant ses propres caractéristiques, et forcent le joueur à jongler entre ses armes s’il veut survivre. Cette mécanique de gameplay évolue à travers les âges avec par exemple la possibilité d’améliorer ses armes. Idem pour l’exploration avec un opus de 2016 plus orienté plateformes. Mais au fond, la formule reste la même et continue de plaire.
Pourquoi Doom a été une révolution ?
Si Doom a été une révolution, c’est parce que John Carmack, John Romero, Adrien Carmack, Kevin Cloud et Tom Hall ont été en avance sur leur temps. Avec Doom, ils sont si innovants qu’ils vont influencer à eux seuls l’industrie du jeu vidéo. On peut dire sans hésiter que si Doom n’avait pas existé, elle ne ressemblerait pas à ça aujourd’hui.
C’est, entre autres choses que l’on va aborder dans la fin de cet article, grâce à la technique de son moteur que id software façonne le FPS. Le moteur est appelé id tech et permet de proposer, pour l’époque, des graphismes bluffants avec l’intégration de la 3D. Quelque chose d’inédit… ou presque ! Wolfenstein 3D, sorti en 1992 et aussi développé par id software, avait déjà fait parler de lui pour ça. Ce moteur technique fait la fierté du studio qui prône en plus le partage de ses ressources. Le moteur tourne et va être récupéré par plusieurs studios phare du milieu comme Raven Software, Valve ou encore Infinity Ward. C’est par ce biais donc que se démocratise le FPS avant tout : une mise en commun des connaissances et du savoir-faire qui va accoucher de plusieurs jeux de tir à l’époque comme Duke Nukem, Quake et quelques années plus tard Golden Eye ou Turok.
Cette philosophie de partage se retrouve aussi dans la manière de distribution de DOOM premier du nom. Une majorité de logiciels PC s’obtenaient gratuitement à l’époque sous ce que l’on appelle des versions shareware : des éditions limitées des jeux complets. L’histoire dit que des millions de shareware de DOOM ont été en circulation et qu’ils ont été installés plus de fois que Windows 95... Une version gratuite mais tout de même addictive qui a façonné la notoriété de la licence.
Doom, Night Trap et Mortal Kombat.



Doom sort en 1993, quelques mois après Mortal Kombat premier du nom et Night Trap. Leur point commun ? Une expérience ultra-gore réservée à un public majeur. La sortie des trois jeux pousse le Congrès américain à la fin de 1993 à se réunir pour forcer les entreprises du jeu vidéo à alerter leur audience sur le contenu réel de leurs titres. Cela a donc mener à la création de l’ESRB, un organisme toujours en place aujourd’hui, dédié à la classification des jeux vidéo par âge en fonction de leur contenu. Un système inspiré par celui mis en place par le monde du cinéma.
C’est aussi DOOM qui est à l’origine, aujourd’hui, d’un aspect désormais poncif des FPS : le match à mort, aussi connu sous le nom de Deathmatch en anglais. Un mode de jeu où deux joueurs (ou équipes) s’affrontent, la gagnante étant celle ayant éliminé le plus de fois ses adversaires.
Doom est aussi une révolution dans un autre registre (promis, c’est le dernier point !) : celui de l’édition de niveaux. Le jeu d’id software n’est pas le premier à proposer un mode où les joueurs peuvent faire leurs propres stages : avant lui, il y a par exemple Lode Runner (1983) et ZZT (1991) qui le proposent. Une idée que reprend le studio avec, en rendant disponible le code source (le squelette grosso modo) pour le public. De nombreux joueurs vont alors personnaliser DOOM à leur façon et ce que l’on va appeler le modding : la modification d’un jeu par des personnes ou entités n’appartenant pas à l’équipe de développement originale. Un processus qui se popularise surtout à la fin des années 90, les exemples populaires étant Counter-Strike (un mod de Half-Life) ou encore DotA / DotA 2 (des mods de Warcraft 3).
À ce sujet, DOOM fait encore parler de lui pour ça. On le retrouve sur des barres chocolatées, des tests de grossesse, de réfrigérateurs ou même sur… X et Excel. Bref, entre multijoueur, classification, gameplay ou encore graphismes et technique, Doom premier du nom a révolutionné en tout point l’industrie du jeu vidéo et continue de séduire, année après année, les joueurs. Le prochain rendez-vous ? Le 15 mai prochain avec la sortie de Doom : The Dark Ages sur PC, Xbox Series et PS5.