Ce réalisateur emblématique français a récemment levé le voile sur les coulisses d’un de ses films. Il revient sur la collaboration désastreuse qu’il a eue durant toute la production.
Dans une interview de près de huit heures au magazine français Les Années Lazer, Jean-Jacques Annaud n’a pas mâché ses mots concernant sa relation professionnelle avec Marguerite Duras lors de l’adaptation de son roman L’Amant en 1992.
Une collaboration sous haute tension
L'histoire du livre de l’autrice parle de la liaison entre une jeune fille de 15 ans et un élégant chinois dans l’Indochine française, une autofiction aux mœurs douteuses qui ne passerait plus du tout si cela devait sortir aujourd’hui. Initialement réticent à l’idée de travailler avec l’autrice, le réalisateur confie : “Après tout ce que j’ai entendu sur la personnalité de Marguerite Duras, il était hors de question que je travaille avec cette emmerdeuse”.
Ce n’est qu’en apprenant que Duras était hospitalisé et dans un état critique qu’Annaud accepte finalement de prendre les rênes du projet, pensant mener à bien l’adaptation sans son intervention. Cependant, contre toute attente, l’écrivaine se rétablit et s’implique dans le processus, imposant ses idées et ses exigences.
Film : L'Amant

Des divergences artistiques profondes
Le réalisateur décrit une collaboration chaotique marquée par des désaccords constants. Duras insistait pour que le film reflète fidèlement son œuvre, allant jusqu’à exiger que les dialogues soient repris mot pour mot de son roman. Elle souhaitait également que le tournage ait lieu sur les bords de Marne, plutôt qu’au Vietnam, lieu original de l’intrigue. De plus, elle avait des idées précises sur le casting qu’elle souhaitait, proposant Isabelle Adjani pour le rôle principal et imposant des choix de costumes plus que discutables.

Malgré ces obstacles, Annaud parvient à imposer certaines de ses décisions, notamment en choisissant Jane March, alors inconnue du grand public, pour incarner l’héroïne et en tournant le film en Asie. Le rôle du riche amant chinois est confié à Tony Leung Ka-Fai, qui tournera aussi dans des films comme Detective Dee. Le film se fera alors qualifier de “tas de merde” par son autrice.
Le film L’Amant témoigne les différents défis que peuvent représenter une adaptation d’un roman lorsque l’auteur original souhaite s’impliquer dans le processus créatif. Il démontre aussi la tension entre la fidélité de l’œuvre originale et la vision artistique du réalisateur avec tous les compromis afin de donner au public une œuvre cinématographique aboutie.