Metal Gear Solid 2 : La création tumultueuse d'un jeu visionnaire face aux défis contemporains

Titre original : Metal Gear Solid 2 : une œuvre née dans la douleur !

Entre ambitions démesurées, pression médiatique et contexte post-11 septembre, le développement de Metal Gear Solid 2 a été un véritable parcours du combattant pour Hideo Kojima. Pourtant, le jeu est aujourd’hui considéré comme l’un des plus marquants de son époque. On vous raconte tout ça dans ce nouveau Hall of Games !

Kojima bluffeur : l’ambition d’un jeu en avance sur son temps

En 1998, Metal Gear Solid étonne beaucoup de monde avec sa 3D, sa narration cinématographique et son gameplay d’infiltration. Trois ans plus tard, Hideo Kojima veut faire encore plus fort avec Metal Gear Solid 2 : Sons of Liberty. Il le conçoit comme une sorte de jeu vitrine de la PlayStation 2 avec des ambitions folles : graphismes photoréalistes, 60 FPS constant, IA avancée, interactions inédites et une narration digne des plus grands films.

Metal Gear Solid 2 : une œuvre née dans la douleur ! Metal Gear Solid 2 : une œuvre née dans la douleur !

Petit détail qui en dit long sur le personnage : il construit ses niveaux en LEGO pour travailler les proportions et teste la lisibilité avec une mini-caméra. C’est sa manière de garantir une mise en scène quasi cinématographique. Il ira même jusqu’à recruter Harry Gregson-Williams, compositeur du film The Rock, pour la bande son du jeu.

Et côté gameplay, MGS 2 frôle le surréaliste : glaçons qui fondent en temps réel, possibilité de tirer précisément dans un membre pour le désarmer… Ce niveau de détail n’avait pas encore été fait à cette époque. Ce qui est encore plus impressionnant, c’est le budget alloué au projet : il était seulement de 10 millions de dollars pour une équipe d’environ 100 personnes, des chiffres bien en dessous comparés aux blockbusters actuels.

Metal Gear Solid 2 : une œuvre née dans la douleur !

Du génie à la crise : un scénario réécrit à cause d’incidents

Mais si le jeu impressionne encore aujourd’hui, c’est aussi parce qu’il a frôlé la catastrophe en coulisse. Le scénario original était très différent et beaucoup plus sombre. À l’origine, le jeu devait s’appeler… Metal Gear Solid 3 : Snake Eater. Eh oui, Kojima voulait jouer avec les attentes des joueurs pour les désorienter. Mais il y avait une autre raison plus symbolique à ce choix : cela devait représenter les 3 gratte-ciels de Manhattan – les deux tours du World Trade Center et l’Empire State Building – éléments centraux pour le scénario prévu initialement. Car les premières versions du jeu se terminaient dans un New York en ruines, après l’écrasement d’un engin militaire sur la ville.

Metal Gear Solid 2 : une œuvre née dans la douleur !

Mais les attentats du 11 septembre 2001 sont venus tout bouleverser. Toute l’équipe et Kojima doivent alors agir en urgence : certaines cinématiques sont censurées, des dialogues complètement réécrits et même une séquence a été supprimée sur la statue de la Liberté. Même la fin du jeu est modifiée à la hâte pour éviter toute polémique, ce ne sera pas loin de 300 modifications quelques jours avant la sortie du jeu. Kojima était même prêt à démissionner de son poste. Au final, Konami repoussera la date de sortie du jeu pour le bien commun.

Avec ces modifications, le jeu avait réservé un twist à tout le monde : on ne joue pas Snake, mais un nouveau personnage, Raiden. Kojima avait volontairement piégé les joueurs avec des bandes-annonces “mensongères” pour préserver la surprise. Un choix qui divisera à l’époque, mais dans la volonté de Kojima de casser le quatrième mur.


Si MGS2 fait partie des jeux les plus ambitieux de la PS2, c’est aussi pour sa capacité à anticiper notre monde actuel. Il parle déjà, en 2001, de contrôle de l’information, de l’IA qui va remplacer pas mal de nos tâches, de fake news et de perte d’identité. Autant de sujets qui sont au cœur de notre actualité quotidienne.