La grande histoire du jeu vidéo est faite de nombreux affrontements entre des licences d’un même genre se disputant la première place du podium. Street Fighter contre Mortal Kombat pour la baston, PES contre FIFA pour le foot… lorsque deux IPs concourent dans la même catégorie, tous les coups sont permis afin d’attirer les joueurs. Il y a 20 ans, Forza Motorsport débarquait sur les pistes de la “simcade” pour pousser ce qui se faisait sur PlayStation dans le décor.
20 bougies dans le moteur
Quand Forza Motorsport arrive sur Xbox le 3 mai 2005, la presse spécialisée est ravie de voir que Microsoft prend les Lamborghini de Gran Turismo par les cornes. Le jeu de course “simcade” (mélange entre simulation et arcade) développé par Turn 10 Studios a su frapper là où ça faisait mal avec des graphismes réalistes, de nombreuses options de personnalisation, du jeu en ligne et des voitures qui subissent des dommages.



“Inspiré par le chef-d'œuvre de Polyphony, Forza Motorsport (...) dépasse par certains côtés la série GT quelque peu stagnante”, écrit IGN dans son test. Avec un Metacritic s’élevant à 92/100, la production de Microsoft se fait immédiatement remarquer par les passionnés. Impressionner les fans de bitume – acquis à la cause de Polyphony Digital – n’est pourtant pas chose aisée ! Depuis que les Gran Turismo ont débarqué sur les consoles de Sony en 1997, les dingues de jeux de course n’ont jamais trouvé de productions équivalentes, qu’elles soient conçues par Codemaster (Toca Race Driver) ou par Microsoft (Project Gotham Racing, Racing Evoluzione). Avec Forza Motorsport, le géant américain se rapproche enfin du meilleur pilote de Sony... qui fait la course en tête depuis bien trop longtemps.


Turbo, diesel, sport, injection
Deux éléments ont permis à Forza Motorsport de faire des burns enfumés au nez et à la barbe de Gran Turismo. Le premier est incontestablement la gestion des dégâts. Contrairement à son rival où les bolides restent intacts après chaque collision, la production de Turn 10 impose de la tôle froissée ainsi que les dégâts bien réels qui vont avec. Finies les trajectoires kamikazes et les freinages tardifs pour s’appuyer sur ses adversaires : ici, chaque choc a des conséquences sur la conduite, rendant les courses autrement plus intéressantes.


Au-delà des détériorations des véhicules, le jeu de Microsoft introduit également un mode jouable en ligne lui aussi absent des productions de Polyphony Digital à cette époque. Grâce au Xbox Live, Forza Motorsport offre la possibilité de consulter des classements, d’échanger des véhicules, mais aussi d’organiser de véritables tournois via des clubs. Ce n’est pas tout, le soft permet aussi de participer à une campagne en ligne contre d’autres participants avec des conditions de jeu optimales puisque aucun lag n’est à signaler. Microsoft, qui cherche encore à convaincre les joueurs de payer un abonnement pour qu’ils s’amusent en ligne, a désormais un argument de poids : Forza Motorsport permet d’affronter le monde entier, là où Gran Turismo est cantonné au hors-ligne contre une intelligence artificielle moribonde. La promesse d’une compétition en ligne qui ne s’arrête jamais, avec des pilotes au comportement humain plutôt qu’une IA trop prévisible, parle évidmment aux férus de jeux de course.

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Tôle froissée entre GT et FM
Bien accueilli par la presse et les joueurs, Forza Motorsport devient rapidement une franchise phare des consoles Xbox. En 2012, l’IP connaît même un spin-off en monde ouvert arcade via les célèbres Forza Horizon. En 20 ans d’existence, la licence s’est régulièrement heurtée à Gran Turismo, tout du moins en Europe. Au cours du premier semestre 2005 tout d’abord, quand le premier Forza Motorsport est arrivé deux mois après Gran Turismo 4. À la fin de l’année 2013, ensuite, lorsque Gran Turismo 6 a croisé la route de Forza Motorsport 5. En octobre 2017, enfin, au moment où Forza Motorsport 7 et Gran Turismo Sport ont fait hurler leur moteur de concert. En nous basant sur les moyennes visibles sur Metacritic, Forza Motorsport a su faire mieux que Gran Turismo durant plusieurs épisodes. Qui aurait pu prédire une telle remontada au milieu des années 2000, quand le soft de Turn 10 est initialement entré en piste ?

Aujourd’hui Gran Turismo 7 (2022) et Forza Motorsport (2023) se retrouvent de nouveau sur la route. Les tours se suivent et ne se ressemblent pas : c’est le jeu de Polyphony Digital qui passe en pole position, d’une courte tête (87/100 pour GT7 contre 84/100 pour Forza Motorsport, d’après Metacritic). En 20 ans, la série des Forza Motorsport a su gérer les dégâts mieux que n’importe quel Gran Turismo, faire des IA moins robotiques que ses concurrents grâce aux Drivatars, donner tout un tas d’outils pour personnaliser les livrées, développer une expérience en ligne riche et mettre au point une météo dynamique convaincante. En espérant que Turn 10 ne se repose pas trop sur ses lauriers pour la suite, on se réunit tous dans l’habitacle pour souhaiter un joyeux anniversaire à Forza Motorsport !