Lorsqu’un jeu vidéo est adapté au cinéma, à qui doit-on faire des éloges ? Aux développeurs de l’œuvre vidéoludique ou aux créatifs ayant réinterprété le travail d’origine ? Sony semble avoir tranché avec cette adaptation d’un de leur titre phare.
En 2015, les joueurs ont découvert le titre du studio Supermassive Games : Until Dawn. Édité par Sony Entertainment, cet opus avait reçu un accueil critique favorable et a obtenu la note de 79 sur Metacritic pour sa version PS4. Après deux portages sur PS5 et PC, le jeu a récemment eu droit à une adaptation cinématographique. Réalisé par David Sandberg, à l’origine des Shazam!, cette réinterprétation s’intitule Until Dawn : La Mort Sans Fin et n’a pas conquis le cœur des critiques, obtenant une note de 49% de la part de la presse sur Rotten Tomatoes. Mais récemment, une déconvenue est venue s’abattre sur le long-métrage, une ex directrice narrative de PlayStation a révélé que les scénaristes du jeu original n’ont pas été crédités.
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Petit souci de propriété intellectuelle... ou pas.
Sorti le 25 avril dernier, Until Dawn : La Mort Sans Fin s’inspire en grande majorité du jeu, mais ne suit pas totalement la même intrigue. Bien que le générique mentionne qu’il s’en inspire, aucun des développeurs du titre original sorti sur PS4 n’a été crédité. Kim MacAskill, anciennement directrice narrative chez PlayStation, a alors lancé une pétition (comptabilisant 385 signatures à l’heure où nous écrivons ces lignes) appelant Sony à “réviser le générique d’Until Dawn”. À travers un post partagé sur son profil Linkedin, on peut lire ces lignes :
Je viens de quitter Until Dawn où le réalisateur, les scénaristes, etc. ont tous été crédités, mais au lieu de mentionner le(s) principal(s) développeur(s) de jeux qui ont créé ce jeu EMBLÉMATIQUE dont vous êtes clairement fier, vous l’avez simplement enveloppé comme “basé sur le jeu Sony”. (...) Pas de crédit. Pas de remerciement. Pas d'honneur. - Kim MacAskill

Mais ce qui la surprend davantage, c’est bel et bien la différence de traitement entre l’adaptation par HBO de The Last of Us (qui crédite le studio ainsi que Neil Druckmann) et celui d'Until Dawn. Et ce, alors qu’elle rappelle que Sony et PlayStation lui avaient expliqué que la propriété intellectuelle d’un jeu n’est jamais attribuée à ses développeurs étant donné qu’ils sont salariés.
En tant qu’ancien membre de Sony Interactive Entertainment et directeur narratif PlayStation à qui on a fermement dit que la propriété intellectuelle que j’ai personnellement créée ne me serait JAMAIS créditée car j’étais salarié (pas de royalties, pas de contrôle, pas de propriété, pas de reconnaissance), je me bats avec la différence entre la faveur de Neil Druckmann et celle des autres dans votre entreprise.
À qui revient les éloges ?
Malgré cela, il faut remettre en contexte les différences entre les adaptations de The Last of Us et Until Dawn. Entendez par là que Neil Druckmann est impliqué dans la production de la série des aventures de Joel et Ellie en tant que scénariste et réalisateur. Tandis que pour le film Until Dawn, les scénaristes du jeu n’ont pas été sollicités pour l’écriture du film qui, comme nous l’avions expliqué, diffère clairement du jeu original. Cette situation relance le sensible débat sur la propriété intellectuelle et les productions transmédia. À juste titre, Kim MacAskill explique plaider pour “non seulement les créateurs d’Until Dawn, mais aussi pour l’intégrité de l’industrie”.