D’après ce créateur de jeux vidéo reconnu, l’IA pourrait bien remplacer les développeurs et peut-être plus encore… Est-ce vrai pour autant ?
The Hundred Line : Last Defense Academy est un jeu d’aventure sorti le 24 avril dernier sur Nintendo Switch et PC, l’occasion pour le magazine japonais Famitsu de rassembler des figures emblématiques du milieu pour en faire la promotion. Celui-ci a convié les deux directeurs de ce nouveau titre, Kazutaka Kodaka et Kotaro Uchikoshi , ainsi que Jiro Ishii (428 : Shibuya Scramble) et Yoko Taro (NieR Automata). Lors de cet événement, ce dernier a fait part de ses inquiétudes sur la menace que représente l’intelligence artificielle pour l’industrie vidéoludique.
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IA, un véritable enjeu
Si Kodaka pense qu’une IA ne peut agir comme un écrivain, car ce dernier serait toujours capable de changer de style d’écriture et s’adapter constamment à de nouvelles situations, Yoko Taro estime au contraire que l’IA sera capable d’évaluer les préférences narratives des joueurs et de fait, générer des histoires qui leur conviennent parfaitement. Dans cette idée, il ajoute qu'une bonne IA serait capable “d’anticiper tous les changements que pourrait faire un bon scénariste et écrire de la même manière que celui-ci”.
Yoko Taro (au centre), lors de la Game Developer Conference Choice Awards 2018

Uchikoshi, quant à lui, partage son enthousiasme sur le fait qu’il souhaite continuer de nombreux titres, mais, dans un même temps, craint que les jeux d’IA ne puissent devenir “grand public”, autrement dit très répandus. Ce à quoi Yoko Taro lui a répondu en présumant que “les créateurs de jeux vidéo perdront leur emploi à cause de l’IA. Dans 50 ans, les créateurs de jeux seront peut-être traités comme des bardes”.
Yoko Taro, un visionnaire ?
Les propos de Yoko Taro sont très intéressants quand on les met en parallèle avec celui de ses créations, notamment NieR Automata. Sans entrer dans les détails, on constate à force de jouer que les machines, à l’origine dénuées de volonté propre, finissent par développer des comportements humains. Alors qu'on les détruisait comme on tuerait des ennemis lambdas dans n’importe quel jeu, on finit par s’éprendre d’affection pour ces machines.
Une parenthèse nécessaire, quand on fait le lien avec des précédentes déclarations de Yoko Taro lors de la Replaying Japan 2024, une conférence internationale dédiée à la culture vidéoludique japonaise. Il y avait expliqué que, comme dans NieR Automata, l’essence même de l’IA est l’imitation. Mais comme il avait poursuivi, malgré sa personnalité excentrique et sa créativité, lui-même écrit des histoires dans le but de vendre des jeux, en reprenant des idées d’autres créateurs avant lui.
Néanmoins, il avait fini sur ces notes :
Le bienfait de l’humanité repose dans l’ambition de faire ce qui n’a jamais été fait auparavant et dans la passion qui motive ce choix. La réponse la plus humaine qui soit face à n’importe quelle menace existentielle est de faire quelque chose, n’importe quoi, que l’on gagne ou que l’on perde. - Yoko Taro, lors de la Replaying Japan 2024.''''
Des mots qui viennent contredire ses récentes déclarations... Yoko Taro nous pousserait-il finalement à abandonner cette idée et à nous résigner face à l’IA ? Ou bien, comme il nous l’a toujours enseigné à travers ses créations, peut-être faut-il s’obstiner à repousser les limites et à combattre toute subordination…