Avec un pic de joueurs en simultané s’approchant des 200 000 rien que sur Steam, The Elder Scrolls 4 : Oblivion Remastered prouve qu’il était désiré. Certes, cela faisait plusieurs mois que les bardes prophétisaient son retour, mais son arrivée soudaine a fait l’effet d’un coup de tonnerre. Oui, le célèbre RPG en monde ouvert de Bethesda sorti il y a 19 ans se montre sous un nouveau jour. Ou plutôt, sous un meilleur jour. En 2025, la magie technique de Virtuos ravive la flamme. Oblivion est-il toujours un enchantement ?
Depuis le mois de mars 2019, JV a revu sa manière de noter les remasters. Il a été convenu que les nouvelles versions d’anciens jeux seraient évaluées par rapport à ce qu’elles valent aujourd’hui, et non par rapport à ce qu’elles ont représenté par le passé. Les mécaniques de jeu sont donc évaluées par rapport aux propositions actuelles. Si vous avez aimé Oblivion en 2006 et que tout ce que vous voulez, c’est pouvoir y rejouer dans de meilleures conditions (mais sans voix françaises), alors vous pouvez vous fier à la critique de notre test d'origine.
Venez, pauvres fous !
C’est dans une cellule froide de prison que l’épopée commence. Après avoir façonné le héros de ses rêves parmi les dix races disponibles, le joueur est témoin de l’assassinat de l’empereur Uriel Septim VII. Pas le temps de tergiverser, il est temps d’accomplir une mission de la plus haute importance : aider l'héritier du trône, Martin Septim, à régner avant que l'empire ne tombe entre les griffes d’entités démoniaques. Car il n’y a pas que les portes de la prison qui se sont ouvertes, celles du monde infernal d’Oblivion déversent un torrent ininterrompu de créatures belliqueuses sur les contrées. Envahies par des monstres sans foi ni loi, dévastées par le feu, couvertes du sang d'innocentes victimes, les terres de Cyrodiil n’attendent que l’arrivée d’un sauveur pour que germe la graine de l’espoir. 20 ans après, la trame principale d’Oblivion se suit toujours avec intérêt. Cette histoire de succession tourmentée et d'objets légendaires à débusquer n’a pas bougé d’un iota à l’occasion du remaster, mais les ficelles fonctionnent toujours.



Oblivion Remastered : + 10 en charisme !
Afin de raconter la fantastique histoire de Martin Septim, qui s’étend tout au long de la couronne des montagnes de Cyrodiil, le studio parisien Virtuos a dépoussiéré le livre écrit par Bethesda en 2006 et lui a ajouté une tonne d'enluminures. Oblivion Remastered fait (re)découvrir le mythe sous son meilleur jour. Les artistes ont su piocher dans ce que l’Unreal Engine 5 a dans le ventre pour nous écarquiller les yeux et offrir une seconde jeunesse à la direction artistique singulière du soft. La faune, la flore, les édifices, le ciel… tout a été remodélisé, redessiné, repensé dans le but de ne pas avoir à rougir face aux productions actuelles. Les textures sont détaillées, la végétation est beaucoup plus dense qu’avant et cette fois-ci, le moteur gère plusieurs ombres en temps réel avec une précision sans faille. Cela permet d’instaurer des jeux d’éclairage – absents à l’époque – qui différencient un peu plus les donjons. En bref, ça vaut le coup d'œil même si le HDR est étrangement absent.


Vous l’aurez compris, les polygones se sont multipliés comme des champignons en forêt. La contrepartie à ce festival visuel, c’est qu’il y a quelques ralentissements lors des séquences plus chargées. En mode Performances, le 4k/60fps n’est donc pas aussi rock solid que nous l’aurions souhaité, tout du moins sur consoles. Il y a aussi quelques effets visuels un peu ratés, comme tout ce qui touche aux reflets sur l’eau. Heureusement, il est possible de désactiver “les réflexions en espace écran” dans les options graphiques. Par rapport au soft d'origine, on constate un habillage plus moderne, notamment dans tout ce qui touche à la fiche du personnage. On note aussi l'apparition d'animations contextuelle lors des séquences scriptées, comme lors de l'assassinat de l'empereur dans les souterrains.

Malgré cette refonte graphique impressionnante, les animations restent raides. Il suffit d’activer la vue à la troisième personne, pourtant retravaillée, pour se rappeler que sous cette gigantesque couche de vernis se cache bien un soft de 2006. Les musiques, quant à elles, sont tellement cultes que personne n’a osé y toucher. Elles n’ont pas été réorchestrées et à vrai dire, cela ne pose aucun problème.


Entre tradition et modernité
Oblivion Remastered aurait pu se contenter d’une simple mise à jour graphique. Après tout, c’est ce que font ses concurrents, en règle générale. Néanmoins, Virtuos a apporté des évolutions de gameplay bienvenues par rapport au titre de base. Les nouveaux joueurs comme les anciens seront ravis de voir l’apparition d’un sprint rendant l’exploration comme les combats plus agréables. Les affrontements, eux, livrent de meilleures sensations grâce aux impacts des coups enfin visibles. Cela ne transcende pas le gameplay combat, qui demeure simple, mais l’évolution est plaisante.

S’inspirant de ce que l’on trouve dans Skyrim, l’interface utilisateur est à la fois plus claire et plus user friendly avec sa disposition mieux adaptée (boussole en haut, barres d’état juxtaposées en bas), ses raccourcis mieux pensés et ses filtres. Oblivion remastered adopte également une approche inspirée de Skyrim de la montée en niveau avec ses 12 points de vertu à répartir entre les attributs à chaque level up. Pour le reste, les mécaniques n’ont pas bougé, pas plus que les coffres et les adversaires planqués aux mêmes endroits qu’avant. On retrouve même des bugs visuels et de script parfois bloquants, à l'instar de ce que nous avions en 2006. Les sauvegardes multiples permettent d’éviter pas mal de frustration : nous avons dû recharger quelques vieux checkpoints à cause de soucis techniques et ça, c'est tout de même dommage.



Bien sûr, il y a des mécaniques vieillottes en 2025 qui ne manqueront pas d'interpeller les nouveaux joueurs. En premier lieu, il y a le système de combat, toujours extrêmement basique et n’évoluant pas au fil du jeu. Ensuite, il y a l’intelligence artificielle alliée comme ennemie qui a la fâcheuse manie de tourner en rond dans les villes ou d’avoir des comportements étranges dès que l’arène n’est pas dégagée. Les chargements – raccourcis par rapport à avant – sont légion, ce qui rend l’exploration des donjons (toujours aussi peu variés dans leur level design) un brin laborieuse. Fort heureusement, il y a aussi des éléments qui font mouche aujourd’hui. Nous citons tout particulièrement l’univers fabuleux où l'exploration est récompensée, les dialogues inspirés, les différentes façons de remplir les objectifs, la boussole précise, le journal de bord très clair, les voyages rapides ou encore les PNJs qui nous aident… si l’on prend le temps de les convaincre !


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Deux voies en avant, une voix en arrière
Avec un vaste univers à explorer plein de secrets et les DLCs Shivering Isles et Knights of the Nine intégrés, ce remaster a également des allures de Definitive Edition. Il est inutile de préciser que le joueur un minimum investi va pouvoir se perdre pendant des heures dans les lieux enchanteurs mais souvent hostiles d’Oblivion. Si l’épopée se montre trop facile ou au contraire trop compliquée, sachez qu’il est possible de modifier la difficulté à la volée, comme à l’époque. Ceci étant dit, les options et paramètres sont nombreux et tout ce qui touche à la personnalisation de l'expérience est autrement plus fourni par rapport à avant. La disparition d’une option rend cependant les joueurs francophones en colère : celle de l’absence de VF pour les voix.

Le choix de Bethesda de proposer un doublage pour chaque race avec une synchro labiale au poil est louable. Le problème, c’est que cela se fait au détriment des joueurs qui ne sont pas anglophones. Les voix françaises, pourtant disponibles dans la galette de 2006 (et adorées des vieux fans), n’ont pas fait le voyage avec ce remaster. Les dialogues sont simplement sous-titrés dans le meilleur des cas… puisqu’il arrive que des discussions ayant lieu dans l’univers ne soient pas traduites. Ce n’est pas la première fois que Microsoft nous fait le coup avec une production first-party, et on espère que cela ne deviendra pas une habitude. Concernant les mods, bien qu'ils ne soient pas officiellement soutenus par Bethesda, on en compte déjà des centaines façonnés par la communauté. Le studio autorise malgré tout l’activation de commandes console sur PC afin de transformer l’expérience et de faire un peu ce que l’on veut facilement. Les fans de Machinima devraient être ravis !



Conclusion
Points forts
- Travail de remasterisation impressionnant
- Des mécaniques qui n’ont pas pris une ride : multiples solutions possibles à un problème, journal de bord précis, etc.
- Des ajouts dans le gameplay discrets, mais bienvenus
- Durée de vie à tomber (quêtes nombreuses, DLCs inclus, etc.)
Points faibles
- Des éléments qui accusent leur âge : chargements nombreux, IA passable, combats basiques, animations raides
- Pas de voix françaises, contrairement au jeu de 2006
- Des bugs visuels, sonores et de scripts (parfois bloquants) encore présents
Note de la rédaction
Certes, le RPG solo en monde ouvert a beaucoup évolué en 20 ans. Même si The Elder Scrolls IV reste un titre incroyablement riche, divers éléments nous rappellent que nous sommes bien face à un soft sorti en 2006. Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est qu’Oblivion était en avance sur son temps et qu’il a encore de sérieux arguments en 2025. La lettre d’amour de Virtuos adressée à l'œuvre de Bethesda est en tout cas très forte : c’est beau, c’est rénové avec intelligence et ça reste fidèle à l’âme d’une création qui a marqué son époque. Nostalgiques, vous avez toutes les raisons du monde pour répondre à l’appel des Lames. Néophytes, il serait peut-être temps de vous laisser séduire par ce vieux grimoire joliment réédité, surtout si vous avez le Game Pass : vous pourriez trouver une formule ensorcelante.