Fatal Fury n’est pas qu’un simple jeu de baston. C’est une saga qui a su combiner narration, style et innovation, devenant un monument du genre. Si d’autres séries ont dominé le marché, Fatal Fury a laissé une empreinte durable et son retour tant attendu dans les jours prochains pourrait bien rallumer la flamme d’une nouvelle ère pour SNK.
Aux origines : la revanche des Bogard
C’est en 1991 que tout commence. SNK, société japonaise alors en pleine montée en puissance, décide de rivaliser avec le mastodonte Street Fighter II de Capcom. Pour cela, elle s’appuie sur un créateur de poids : Takashi Nishiyama, l’un des développeurs du premier Street Fighter, fraîchement arrivé chez SNK.
Son projet : un jeu de combat plus narratif, plus viscéral, plus personnel. Le résultat ? Fatal Fury: King of Fighters, un titre qui mêle vengeance familiale et tournoi de rue dans la fictive South Town. Terry et Andy Bogard, accompagnés de leur ami Joe Higashi, se lancent dans un tournoi clandestin pour affronter le criminel Geese Howard, assassin de leur père. Cet opus est lancé tout d'abord sur borne d'arcade (Neo Geo MVS) puis sur les consoles de salon Neo Geo dans la foulée fin 1991. En 1994, étant donné le succès réalisé, le jeu arrivera sur Super NES et MegaDrive.


La Neo Geo : presque inaccessible mais pourtant très populaire
Dans la tête de toutes les personnes qui ont grandi dans les années 80 ou 90, le nom Neo Geo inspire surtout le "trop cher". En effet, les prix assez prohibitifs (environ 400$ la console et entre 200 et 300$ par jeu) ont empêché la plupart des enfants de cette époque d'en profiter dans leur salon. Par contre, les bornes d'arcade ont eu un franc succès. Et Fatal Fury: King of Fighters est rapidement devenu la vitrine de ces bornes d'arcade, contribuant largement au succès de la saga.
Une vitrine technologique pour Fatal Fury
- Des sprites énormes et des animations fluides : Grâce à la puissance de la Neo Geo, les personnages de Fatal Fury étaient bien plus détaillés que ceux des jeux concurrents. Dès le premier épisode, Terry, Andy ou Joe avaient un charisme visuel renforcé par des animations travaillées.

- Des décors vivants et immersifs : Chaque arène était un spectacle en soi : foule en arrière-plan, météo évolutive, effets sonores immersifs. L’arène de Geese Howard avec son temple au coucher du soleil est devenue une image culte du jeu de combat.
- Des bandes-son iconiques : Le chipset audio de la Neo Geo permettait une qualité musicale jamais vue sur console à l’époque. Chaque personnage avait son propre thème, et certains (comme celui de Terry ou de Krauser dans Fatal Fury Special) sont restés gravés dans la mémoire collective.
Un gameplay taillé pour l’arcade
Fatal Fury a été pensé pour les sticks d’arcade et les boutons larges des bornes MVS. Le jeu proposait un rythme nerveux, des inputs précis, et un système de combat qui récompensait l’habileté, parfait pour les duels entre joueurs en salle. Mais sur la Neo Geo AES (la version de salon), cette expérience était identique à 100 %. Le même jeu, la même vitesse, les mêmes sensations. Pour la première fois, les joueurs pouvaient pratiquer chez eux les mêmes combos qu’en salle d’arcade, sans aucun compromis.
Un des piliers du catalogue Neo Geo
Le premier Fatal Fury était l’un des jeux de lancement officiels de la Neo Geo AES, confirmant son importance stratégique pour SNK. Les épisodes suivants, comme Fatal Fury 2, Special ou Real Bout, ont accompagné la Neo Geo tout au long de sa vie commerciale. Certains, comme Garou: Mark of the Wolves, sont même sortis alors que la Neo Geo était déjà considérée comme en fin de vie, mais ont continué à impressionner par leur qualité graphique et technique.
Fatal Fury : un gameplay en avance sur son temps
Là où Fatal Fury innove, c’est dans son système de combat. Très tôt, la série propose :
- Plans de combat multiples : Le joueur peut se déplacer entre deux (et plus tard trois) plans horizontaux, ajoutant une dimension stratégique et un dynamisme accru
- Système de combo simplifié mais technique : Moins rigide que Street Fighter, Fatal Fury mise sur des enchaînements naturels et des manipulations accessibles
- Fury Moves et Desperation Moves : Des attaques spéciales dévastatrices disponibles lorsque le joueur est en mauvaise posture, anticipant les systèmes de comeback modernes
Des personnages devenus emblématiques
La saga Fatal Fury doit aussi son succès à ses personnages marquants. Certains sont devenus les icônes de SNK, au point d’être intégrés dans d’autres jeux comme The King of Fighters.
- Terry Bogard : Avec sa casquette "Fatal Fury", son gilet rouge et ses répliques cultes ("Are you OK? Buster Wolf!"), Terry est une légende vivante du genre
- Andy Bogard : Le frère calme et technique, expert en arts martiaux japonais
- Joe Higashi : Le comique de la bande, mais aussi un redoutable combattant de muay-thaï

- Mai Shiranui : Ninja flamboyante et symbole de "sensualité pixelisée" auprès des joueurs, elle est aussi une redoutable combattante
- Geese Howard : Boss charismatique, froid et impitoyable, il incarne le mal absolu
- Rock Howard : Fils de Geese et élève de Terry, il incarne une nouvelle génération dans Garou: Mark of the Wolves
Les jeux Fatal Fury : la liste complète
- Fatal Fury: King of Fighters (1991) - Premier opus, il introduit Terry, Andy, Joe, et le tournoi organisé par Geese Howard. Un jeu encore rudimentaire mais déjà novateur.
- Fatal Fury 2 (1992) - Amélioration graphique et technique majeure. Introduction de Kim Kaphwan, Big Bear, Jubei, Cheng Sinzan, et des boss mythiques comme Krauser. C'est le premier vrai concurrent à Street Fighter II
- Fatal Fury Special (1993) - Version enrichie de Fatal Fury 2, elle intègre tous les anciens boss comme personnages jouables et perfectionne le gameplay.
- Fatal Fury 3: Road to the Final Victory (1995) - Nouvelle refonte graphique. Introduction de Ryuji Yamazaki, Blue Mary, et un système de plan à trois niveaux.
- Real Bout Fatal Fury (1995) - Changement radical avec une esthétique cartoon et un gameplay plus nerveux. Le ring out (chute hors de l’arène) fait son apparition.
- Real Bout Fatal Fury Special (1997) - Équilibrage et retour de Geese Howard en tant que boss. Le système de combat est affiné, les animations sublimées.
- Real Bout Fatal Fury 2: The Newcomers (1998) - Ajoute deux nouveaux personnages : Rick Strowd et Li Xiangfei. L’un des meilleurs de la série, très apprécié des fans.
- Fatal Fury: Wild Ambition (1999) - Première incursion dans la 3D sur PlayStation et Hyper Neo Geo 64. Malgré des idées intéressantes, il divise les fans par son esthétique.
- Garou: Mark of the Wolves (1999) - Chef-d’œuvre unanimement salué. Se déroulant des années après les événements initiaux, il met en scène Rock Howard (fils de Geese Howard adopté par Terry Bogard). Nouveau système de "Tactical Offense Position" (TOP) et gameplay d’une fluidité remarquable.
Quel présent et futur pour Fatal Fury ?
Après des années de silence, SNK a officiellement annoncé en 2022 le retour de la série avec Garou: City of the Wolves. Prévu pour le 24 avril 2025, ce nouvel opus promet de renouer avec l’héritage tout en modernisant le gameplay pour la nouvelle génération de joueurs. Les fans trépignent déjà.
Pourquoi 25 ans après ? D'après Yasuyuki Oda, SNK était tout simplement "engagé sur d'autres projets. Le retour de Fatal Fury a toujours été envisagé". La meilleure surprise ? Terry est de retour pour cet épisode ! Et si vous avez un peu suivi les réseaux sociaux les dernières semaines, vous avez aussi pu apercevoir les nouvelles aspirations de SNK pour sa licence : Cristiano Ronaldo (oui oui, le footballeur) fait partie du roster.
Interrogé sur ce sujet, Oda a avoué qu'il avait "toujours eu envie d'ajouter des stars de la vie réelle : Michael Jackson, Bruce Willis, Sylvester Stallone, tout le cast de The Expendables...". Rendez-vous dans quelques patchs ou années pour savoir si tout cela arrivera vraiment ou si ça n'est qu'un effet d'annonce !