Après l’annonce par Electronic Arts (EA) du refus de financer le troisième volet tant attendu de la série de jeux vidéo inspirée de l’œuvre de Lewis Carroll, le créateur original a exprimé une profonde déception et a déclaré qu’il ne pourrait plus jamais s’impliquer dans cette franchise ni dans des projets similaires.

La genèse d'une trilogie avortée

L'aventure vidéoludique Alice a débuté en 2000 avec la sortie de American McGee's Alice, un titre qui proposait une relecture sombre et mature du conte de fées classique. Il plonge Alice Liddell, traumatisée par la mort de ses parents dans un incendie, internée dans un asile dans un Pays des Merveilles créé de toutes pièces par son esprit. Ce premier opus, classé 18+ par Electronic Arts, a rencontré un succès critique significatif. Une suite, Alice : Madness Returns, a vu le jour quelques années plus tard, explorant la tentative de guérison d'Alice et son retour dans un Pays des Merveilles toujours aussi torturé.

Depuis ses débuts, American McGee avait envisagé l'histoire d'Alice comme une trilogie. C'est ainsi qu'il a entamé la conception d'un troisième volet, Alice Asylum, dès 2011, avant même d'obtenir l'aval de son éditeur. Pendant plus de dix ans, ce projet a évolué sur le papier, culminant dans la création d'une "bible" de conception détaillée, décrivant le scénario, les graphismes, les éléments à collectionner et les mécanismes de jeu. Cette bible de 400 pages téléchargeable gratuitement sur KickStarter encore aujourd'hui présentait une conclusion au voyage d'Alice Liddell, la situant initialement dans un hôpital psychiatrique à l'âge de 13 ans, traversant les cinq étapes du deuil au fil d'une vingtaine d'heures de jeu et se réfugiant à nouveau dans son Pays des Merveilles. De nouvelles zones, à l'image d'un cirque symbolisant le déni, étaient imaginées, et le jeu était prévu pour être développé sous Unreal Engine 5. Des évolutions de gameplay étaient également au programme, avec l'introduction de "runes" aux caractéristiques uniques en remplacement des bonus liés aux robes, et une refonte du mode "hystérie" pour le rendre plus pertinent pour tous les niveaux de joueurs.

Malgré cet investissement considérable de la part de McGee et de son équipe, Electronic Arts a finalement décidé de ne pas donner suite au projet.

Un avenir incertain pour la franchise

La raison officielle du refus, communiquée par EA, repose sur une "analyse interne de la licence, des conditions du marché et des détails de la proposition de production". De plus, l'éditeur a clairement indiqué qu'il n'était "pas disposé à vendre ou à licencier" la propriété intellectuelle d'Alice, la considérant comme une partie importante de son catalogue de jeux.

Face à cette décision, American McGee a exprimé sa profonde tristesse et son sentiment d'impuissance. Dans une vidéo intitulée Asylum: Final Word, il a confié avoir été "émotionnellement assez détruit" par ce rejet, non seulement en raison de l'investissement de la communauté et des créateurs, mais aussi parce qu'il croyait fermement en la beauté et la faisabilité du projet. Plus encore, McGee a révélé que les droits d'Alice sont complexes et qu'il n'a "aucun contrôle sur la propriété ou la capacité de faire des choses similaires ou dérivées d'Alice au Pays des Merveilles ou quoi que ce soit de ce genre pour le reste de sa vie".

Il a exhorté les fans à "passer à autre chose" et à adresser leurs questions et plaintes directement à EA, soulignant que la situation était désormais complètement hors de son contrôle. Quelque chose qui, même quelque temps après les événements, semblent difficile pour les amateurs de la licence. En témoigne ce post sur le réseau social X :

McGee a également précisé que "les propriétaires de la propriété intellectuelle, Electronic Arts, ont clairement indiqué qu'ils n'ont aucun désir de voir la franchise Alice se poursuivre par lui ou par qui que ce soit d'autre". Bien qu'une adaptation télévisuelle de "American McGee's Alice" soit en préparation, l'avenir de la série de jeux vidéo sous la direction de son créateur original semble définitivement compromis, laissant un goût amer pour celui qui a porté la franchise pendant près de vingt ans. American McGee a même déclaré ne plus avoir "ni idées ni énergie" pour la production de jeux en général. Il a conclu en affirmant que si quelqu'un parvenait à convaincre EA de faire Asylum, il n'aurait "aucune envie d'être impliqué" et que son engagement dans la licence Alice touchait également à sa fin.