Cela fait maintenant 2 ans que j’attends avec impatience le prochain film de Cillian Murphy, une production bien plus modeste, mais qui ne manque ni de charme ni de poigne. Auréolé d’un Oscar pour le rôle de J. Robert Oppenheimer réalisé par Christopher Nolan, le comédien irlandais se rend sur ses terres natales le temps d’un drame déchirant. Je suis resté sans voix devant Small Things Like These, et je ne suis pas le seul.
Small Things Like These en quelques mots
Cillian Murphy prête ses traits en 2025 à Bill Furlong, un marchand de charbon qui tente de joindre les deux bouts à quelques jours de Noël 1985. Hanté par les souvenirs de son passé, il est le témoin involontaire de maltraitance sur mineurs orchestré par un couvent réputé strict. S’enclenche alors pour ce héros de l’ordinaire une prise de conscience risquant de lui mettre à dos le reste de la supposée paisible bourgade irlandaise. Réalisé par Tim Mielants (De Patrick, Wil, The Responder), Small Things Like These est l’adaptation du roman éponyme écrit par Claire Keegan en 2021. Ce livre a gagné le prix Orwell dans la catégorie “Fiction politique” en abordant un sujet délicat, celui d’un centre de réhabilitation et de pénitence catholique qui a sévi entre 1922 et 1998.
56 000 ont ainsi subi cette rééducation forcée sans oublier les innombrables nouveaux nés confiés aux services sociaux durant cette période. Le film est tout autant une réussite à en croire les 93% d’avis positifs de la presse sur Rotten Tomatoes. Cillian Murphy y est décrit comme exceptionnel en servant de point d’ancrage à un récit par nature difficile. Small Things Like These est sorti au cinéma en Irlande et au Royaume-Uni le 1er novembre 2024 et une semaine plus tard aux Etats-Unis après avoir été projeté dans divers festivals à travers le monde (Berlin, Athènes, Sao Paulo, Rome, etc.). En France, il sera disponible dans les salles obscures à compter du 30 avril 2025.
Small Things Like These sort le 30 avril 2025 au cinéma en France.

Cillian Murphy, un acteur qui ne m'a jamais déçu
Ma première rencontre avec Cillian Murphy sur grand écran remonte à 2003. Je suis alors âgé de 17 ans et je m’en souviens comme si c’était hier. Je fais face à 28 jours plus tard qui me scotche à mon siège par son réalisme glaçant alors que je suis déjà un féru de films de zombies à l'époque. Je suis surtout emporté par cet acteur irlandais qui crève l’écran et dont j’ignorais jusque-là l’existence. Depuis plus de 20 ans, je suis sa carrière avec un intérêt certain, sans pour autant tout regarder faute de temps (et parfois d’envie). Selon mon profil Letterboxd, j’ai visionné une ou plusieurs fois une quinzaine de ses films parmi lesquels des grands classiques, des blockbusters populaires et des productions plus confidentielles.
Pour être tout à fait honnête avec vous, je n’ai jamais été déçu par Cillian Murphy. J’adore le savoir aux côtés de Christopher Nolan dont la collaboration a donné Oppenheimer, Batman Begins, Inception et Dunkerque. Puis il m’a agréablement surpris dans Anna, Sunshine, mais aussi Au cœur de l'océan. Et bien entendu, il est impossible d’évoquer l’acteur sans faire mention du rôle qui l’a propulsé au rang d‘icône de la pop-culture… celui de Thomas Michael 'Tommy' Shelby dans la série culte Peaky Blinders. La saga devrait prendre fin en 2025 au plus tôt avec un film après 6 saisons diffusées entre 2013 et 2022.

Une performance déchirante de justesse
Cillian Murphy est déchirant de justesse dans le film réalisé par Tim Mielants. Il faut dire que les thèmes abordés ne prêtent en rien à rire… c’est même tout le contraire. L’acteur irlandais délivre durant un peu plus de 90 minutes une performance incroyable qui m’a laissé sans voix (ce qui est suffisamment rare pour être noté). Je ne l'avais jamais vu jusque-là dans un rôle plus sobre, moins enclin aux grandes tirades et aux facéties, et je fus conquis. En 2025, il est tout en retenue et garde en lui ce mal qui ronge son alter ego Bill Furlong. Le voir se débattre avec lui-même et avec sa conscience tout au long du film ne fait que confirmer tout le bien que je pensais de ce comédien qui fait partie des meilleurs aujourd’hui en activité à Hollywood.
Sa prestation se veut subtile. Elle se vit à travers l’intensité d’un regard qui en dit long sur sa perte de repères et des non-dits pesants à l’origine d’un sentiment de malaise qui m’a pris aux tripes pour ne plus me lâcher. Même le dénouement n’est pas sans conséquences. Et c’est là la force de Small Things Like These… donner du sens à ce petit rien qui fait de la performance de Cillian Murphy un exemple à suivre, mais aussi celles de ses partenaires à commencer par Emily Watson (Dune : Prophecy). Bien entendu, le seul sujet du film me fait trembler d’effroi et me glace jusqu’au sang.

Le roman est aussi excellent que difficile à lire. Son adaptation cinématographique est sans surprise d’autant plus difficile à regarder. Pourtant, la violence n’est jamais ostentatoire dans cette Irlande du milieu des années 80. Elle est insidieuse et toujours suggérée plutôt que placardée devant nos rétines. Il n’est pas nécessaire de filmer un sévice pour en comprendre la dureté et le caractère amoral. Il suffit de croiser le regard de la jeune Sarah et des autres pensionnaires pour en être convaincu. Small Things Like These se veut sobre en toutes circonstances et c’est tout à son honneur d’avoir choisi ce chemin pour relater l’histoire de ces 56 000 malheureuses jeunes femmes victimes d'un couvent.