Après des années de discussions et de tâtonnements, l’adaptation du jeu vidéo le plus vendu de tous les temps, à savoir Minecraft, sort dans les salles de cinéma ! Un budget colossal, un gratin de stars et un scénario calibré pour être un pur divertissement : voilà la recette du film. On a pu visionner le film en amont de sa sortie et si on en attendait pas spécialement grand chose, on a quand même été déçu ! Hollywood a transformé le jeu vidéo le plus créatif du monde en une adaptation sans saveur…

Minecraft, le jeu vidéo le plus vendu de tous les temps débarque au cinéma

Lorsque l’on peut se targuer d’être le jeu vidéo le plus vendu de tous les temps - on parle de 300 millions d’exemplaires écoulées depuis sa sortie, il y a 16 ans -, on peut être sûr d’avoir droit tôt ou tard à une adaptation sur les écrans géants, et c’est ce qui est en train de se produire. Le film Minecraft se retrouve, ce 2 avril, à l’affiche de tous les cinémas de France ! Mine de rien, cela fait plus de dix ans que l’on entend parler de cette adaptation. Depuis les premières discussions entre Markus Persson, le créateur du jeu, et Warner Bros, plusieurs réalisateurs et scénaristes se sont arrachés les cheveux pour concrétiser ce projet, et c’est en 2022 que les choses progressent vraiment avec la nomination de Jared Hess. Pour le réalisateur de Napoleon Dynamite et Super Nacho, l’adaptation de Minecraft est un sacré défi car, par essence, le jeu vidéo n’a aucun scénario prédéfini. Il a donc fallu le construire de toutes pièces - ou plutôt de tous cubes - et le rendre particulièrement attrayant, du point de vue du casting, pour attirer les foules. Avec un budget estimé à 150 millions de dollars et deux stars bankables (Jack Black et Jason Momoa), le film Minecraft marche dans les pas du reboot de Jumanji, décliné en deux volets (dont un troisième en préparation), avec une intrigue assez similaire. Voici d’ailleurs le contexte du film.

Des années après la découverte de l’Overworld par Steve, une ancienne gloire du jeu vidéo compétitif du nom de Garrett “The Garbage Man” Garrison retrouve l’Orbe de Dominance et l’entrepose dans sa boutique de jeux vidéo rétro jusqu’au jour où un garçon prénommé Henry, qui vient tout juste de s’installer dans une maison de la ville avec sa soeur, découvre le véritable pouvoir de cet orbe. Rejoints par celle-ci ainsi que par Dawn, le quatuor est aspiré à travers un portail qui les mène dans un monde entièrement constitué de cubes. Ensemble, ils vont devoir maîtriser les règles de cet univers si particulier pour espérer rentrer chez eux, mais des créatures maléfiques qui convoitent elles aussi l’Orbe de Dominance vont leur mettre des bâtons dans les roues. De notre côté, on a eu la chance de découvrir le film dans son intégralité à l’occasion d’une projection presse. Alors, l’adaptation de Minecraft est-elle aussi gênante que ce que laissait penser la bande-annonce ou tient-on l’un des meilleurs blockbusters de 2025 ? Vous l’aurez compris, on semble plutôt se diriger vers la première option…

Le film Minecraft est bien l’adaptation sans âme à laquelle on s’attendait, mais…

Avions-nous vraiment besoin de l’adaptation live-action de Minecraft ? À la sortie de la salle, à chaud, on vous aurait clairement répondu « non ». Pourtant, à en croire l’acteur Jack Black qui se donne corps et âme pour la promotion du film, Minecraft est « le film dont le monde a besoin en ce moment. » Alors oui, si vous voulez mettre votre cerveau sur « off » pendant 100 minutes ou que vous voulez faire plaisir à votre/vos enfant(s) passionnés par l’univers du jeu vidéo, Minecraft saura vous offrir le divertissement que vous espérez, même s’il ne faut pas en espérer des masses. Reconnaissons-lui cependant une grande qualité : les créateurs du film se sont bel et bien nourris du jeu vidéo iconique du studio de développement Mojang, et ça se ressent ! Déjà d’une, l’environnement du jeu est plutôt bien reconstitué, il n’y a pas de doute là-dessus. Dès l’instant où l’on découvre l’univers du jeu, on est transporté ! Au-delà de le reproduire, de manière à plaire aux fans, le monde du film Minecraft regorge des nombreux éléments du jeu vidéo et recèle de multiples clins d'œil. Sur ce point, le film Minecraft est quasi-inattaquable - on peut tout de même regretter la forte visibilité des fonds verts par moments -, ce qui tranche avec le reste…

La première prouesse du film Minecraft, c’est d’être parvenu à produire un long-métrage, à partir d’un jeu vidéo qui déborde de créativité, sans lui insuffler la moindre originalité. Sincèrement, Minecraft aurait pu se prénommer « Jumanji 3 », on y aurait vu que du feu. Rien que sur le principe, l’intrigue de Minecraft est si proche de cette série de films qu’on croirait à une pâle copie. Un personnage est resté captif de ce monde, des protagonistes qui n’ont presque aucun lien s’y retrouvent eux aussi plongés contre leur plein gré et tout ce beau monde se met en quête d’un objet censé tous les libérer. On y ajoute des gags un peu lourds, des dialogues qu’on espère improvisés tant on refuse de croire qu’ils ont été couchés sur du papier, du bon sentiment et des petits moments larmoyants. Et en guise de dernière touche, de cerise sur le gâteau, on y ajoute deux acteurs principaux en roue libre - ne suivez pas mon doigt vers Jason Momoa et Jack Black - qui cabotinent tout du long, devenant presque une parodie d’eux-mêmes. Alors oui, les deux acteurs incarnent deux espèces de losers mais là, ça en devient gênant à regarder… C’est d’ailleurs l’un des gros problèmes de ce film, c’est que les seuls instants où j’ai esquissé un rire gêné, c’est parce que les blagues ou le gags me mettaient très mal à l’aise.

Oui, comme si les mimiques de Jack Black n’étaient pas suffisantes - on s’est longtemps moqués de la palette d’expressions faciales de Ryan Gosling, mais le fondateur du groupe Tenacious D commence à sacrément tourner en boucle -, l’humour du film Minecraft tombe souvent à plat et risque de vite creuser un sillon entre les publics. On le ressent tout du long, Minecraft est un film purement familial et on sent qu’il ne fait aucun effort pour être plus que ça. Du côté du scénario, on ne s’est absolument pas cassé la tête tant il tient sur un post-it. La moitié des personnages - le casting féminin (Danielle Brooks et Emma Myers) en l’occurrence - est relayée au second plan parce que les deux plus grosses stars du film enchaînent les pitreries, les répliques banales et les situations grotesques. C’est aussi ça le souci du film Minecraft, c’est qu’il est grotesque dans le pur sens du terme, c’est-à-dire qu’il est risible car trop caricatural. Et même quand il est absurde, notamment dans un de ses running gags qui implique Jennifer Coolidge (sûrement grâce à elle que la blague fonctionne) et un villageois, Minecraft provoque toujours ce même sentiment de gêne, celui qui vous colle des frissons dans le dos. Heureusement pour lui, des hordes de fans vont se précipiter pour en découvrir l’adaptation et c’est ce qui lui évitera sûrement d’être condamné car, en termes de qualité, on est plus proche d’un Borderlands que d’une série à la Arcane, The Last of Us ou Fallout.