Assassin’s Creed Shadows : Une Réinvention Réussie qui Change la Donne de la Saga d’Ubisoft

Titre original : Assassin’s Creed Shadows m’a prouvé que j’avais tort, ce nouvel épisode a changé ma vision de la saga d’Ubisoft

Désormais, Assassin’s Creed Shadows a son propre destin entre les mains (et aussi celui d’Ubisoft) et il lui appartient d’aller convaincre les joueurs autant que la presse et les créateurs de contenu qui l’ont eu en main quelques semaines auparavant. De notre côté, le verdict sur AC Shadows a été rendu, mais j’ai encore envie d’en parler, et ce pour une raison bien particulière. Après quelques épisodes auxquels j’ai vraiment eu du mal à adhérer, la nouvelle création d’Ubisoft Québec a changé ma vision et m’a prouvé que j’avais (en partie) tort vis-à-vis de la saga.

Assassin’s Creed Shadows, un virage vers la lumière plutôt qu’en direction des ombres

À l’heure où ces lignes sont écrites, l’éditeur français Ubisoft n’a toujours pas communiqué les chiffres de ventes exacts d’Assassin’s Creed Shadows. Ce que l’on a à se mettre sous la dent à la place, c’est un cumul de joueurs, estimé à plus de trois millions. Malgré les polémiques et le poids d’anciens titres de la saga, Assassin’s Creed Shadows s’en sort avec les honneurs, devenant même le second meilleur lancement de la franchise, devant Assassin’s Creed Origins et Odyssey ! Pas de doute, ces statistiques doivent redonner le sourire à Ubisoft. Sur les réseaux sociaux, l’éditeur français évoque « une fierté » au moment « d’atteindre ce chiffre symbolique », tout en remerciant les joueurs d’avoir débuté l’aventure aux côtés de Yasuke et Naoe. En interne, comme l’ont révélé nos confrères de Tech&Co, ce lancement est une parenthèse hautement positive dans le tumulte que traverse Ubisoft, même si un rebondissement, impliquant Tencent, a eu lieu. Depuis la sortie du jeu, on savoure les retours « extrêmement positifs », les données de visionnage de la plateforme Twitch et l’élan conféré par la commercialisation d’Assassin’s Creed Shadows sur Steam. Même cette histoire de « clash » avec Elon Musk a convaincu certains joueurs de passer à la caisse ! Quoi qu'il en soit, pour le responsable de la licence, Marc-Alexis Côté, les résultats actuels du nouvel opus sont « une démonstration concrète de ce que nous pouvons accomplir lorsque créativité, savoir-faire et stratégie sont alignés à l’échelle d’Ubisoft ».

Assassin’s Creed Shadows m’a prouvé que j’avais tort, ce nouvel épisode a changé ma vision de la saga d’Ubisoft

Pourtant attaqué de toutes parts, et ce dès en amont de la sortie, l’optimisme demeure dans les rangs de la société tandis que l’état d’esprit de l’éditeur démontre une combativité loin d’être en berne. La phrase est courte, précise et surtout évocatrice : « Nous pouvons encore gagner ». Pour Ubisoft, ce lancement n’est que la première bataille d’une guerre mémorable. En attendant l’ultime affrontement, Ubisoft lance cette nouvelle ère de la saga Assassin’s Creed en remportant une lutte qui était loin d’être gagnée : Assassin’s Creed Shadows a réussi à changer ma vision de la saga et m’a prouvé que j’avais tort. Non, jamais je n’aurais pensé développer un tel attachement pour l'un des opus de cette série de jeux vidéo. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé par le passé. Or, jusqu’à présent, aucun titre n’est parvenu à m’emporter comme Assassin’s Creed Shadows l’a fait. Certes, mon test du jeu a mis en avant une multitude de défauts mais, aux yeux du grand public, ceux-ci n’ont pas forcément le même poids. Et puis, le titre possède suffisamment de points positifs pour diluer ces petites frustrations. Avant d’expliquer ce qui a participé à la modification de ma vision, je dois d'abord citer deux commentaires, que ce soit autour de ce volet ou de la saga en général, qui m’ont permis de réfléchir et de prendre du recul sur l’expérience que j’ai vécue avec Assassin’s Creed Shadows.


Avant Assassin’s Creed Shadows, aucun jeu AC n’avait réussi à me faire ressentir ça

Il y a quelques jours de cela, en traînant sur le réseau social communautaire Reddit, je suis tombé sur le message de l’utilisateur Sh4dowzyx. En guise de titre, celui-ci a opté pour une formulation à la fois claire et pleine de lucidité : « Je pense que je suis à 100% la cible des jeux vidéo Ubisoft et je suis fatigué de prétendre que ce n’est pas le cas ». Dans son message, il explique que c’est en jouant à Elden Ring et en s’aidant de la carte interactive créée par le site mapgenie qu’il est arrivé à cette conclusion. En réalité, il s’est rendu compte qu’il s’amusait davantage en « cochant des cases » plutôt qu’en errant dans l’espoir de tomber sur quelque chose, ou encore qu’avoir « une liste de choses exhaustives à faire» l’a rendu « heureux ». C’est notamment pour ces raisons et bien d’autres - le fait que le jeu nous dise quoi faire, donne des objectifs, place des marqueurs pour nous - qu’il explique être particulièrement friand des derniers jeux de la saga Assassin’s Creed. En quelque sorte, j’ai eu le sentiment de me retrouver sur certains points de ce message, hormis peut-être celui où il explique faire partie de ceux qui aiment les récents opus de la Assassin’s Creed. Pour ma part, je n’ai jamais réussi à m’accrocher de bout en bout aux épisodes de la saga, notamment à partir du changement opéré par Origins.

Assassin’s Creed Shadows m’a prouvé que j’avais tort, ce nouvel épisode a changé ma vision de la saga d’Ubisoft

Certainement trop influencé par les mastodontes et autres jeux phares de cette époque - The Witcher, Bloodborne, Dark Souls, L’Ombre du Mordor, Dragon Age : Inquisition, etc -, Assassin’s Creed a trop voulu coller à une formule et rentrer dans un moule qui n’arrivait pas à me convaincre'. Pendant un temps, les mondes ouverts, les activités à outrance qui apportent peu et leur redondance m’ont empêché d’apprécier certains titres, notamment ceux de la licence Assassin’s Creed. Au bout de quelques heures, les jeux me tombaient des mains et, encore aujourd’hui, cet aspect machinal continue de me faire tiquer et reste encore à l’ordre du jour dans Assassin’s Creed Shadows, même s’il est peut-être un peu moins marqué que par le passé. En fin de compte, je me rends compte que si je n’étais pas la cible des précédents opus - en raison du monde ouvert chronophage et des défauts de la licence qui m’ont souvent rebuté -, Shadows est parvenu à gommer mes réticences', me permettant d’apprécier les légers remaniements de la formule et de découvrir ce qui pouvait se cacher au-delà des soucis inhérents de la saga et ses épisodes.

Assassin’s Creed Shadows m’a prouvé que j’avais tort, ce nouvel épisode a changé ma vision de la saga d’Ubisoft

Avec Assassin’s Creed Shadows, il s’est passé quelque chose. Une sorte de revirement auquel je ne m’attendais pas du tout. Alors oui, le cadre de cet opus et les différents outils qui le rendent plus vivant, plus immersif et plus grisant à parcourir ont une part de responsabilité. Car, aujourd’hui, même si l’intrigue principale ne me laissera pas un souvenir mémorable, j’ai envie de faire le tour de tout ce que ce monde a à offrir. Ne plus y remettre les pieds, de but en blanc, me laisserait comme un goût d’inachevé et ce n’est pas ce que me dicte mon instinct de joueur. Oui, je risque d’enchaîner les éliminations des différentes organisations, de partir collecter les tas de statuettes Jizo, de libérer un très grand nombre de châteaux, de prendre part à des activités ayant peu d’intérêt, d’aller récupérer une quantité folle de ressources pour mon repaire, mais c’est bel et bien la première fois qu’un épisode d’Assassin’s Creed me pousse à y retourner. Par le passé, j’y allais quelque peu à reculons ou alors je lâchais complètement l’affaire au bout d'un moment. Oui, Assassin’s Creed Shadows m’a prouvé que j’avais tort : avec cet épisode, j’ai été capable d’apprécier la formule d’Ubisoft, l’univers ou encore les personnages créés à cet effet. Après, de là à dire que je suis prêt à me réconcilier avec l’ensemble de la saga, ça semble compliqué…

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AC Shadows me donne envie de tirer un trait sur le passé : le cadet fait de l’ombre aux aînés

Avant de partager mes impressions et d’apporter plus de précisions à ma réflexion autour d’Assassin’s Creed Shadows, j’avais évoqué deux sources importantes. Maintenant qu’on a présenté la première, je dois revenir sur la seconde. En amont de la sortie du jeu, la toile a été inondée d’avis, provenant des créateurs de contenu ou de la presse. Parmi celles-ci, le titre utilisé par l’un de nos homologues du site 3Djuegos m’a marqué parce qu’il est, en plus d’être fort à propos, extrêmement raccord avec mes impressions sur Assassin’s Creed Shadows après ces multiples dizaines d’heures passées en sa compagnie : « J’ai joué 50 heures au dernier monde ouvert d’Ubisoft et il sera difficile de revenir à d’autres jeux de la saga après cela ». Oui, la dernière création d’Ubisoft Québec a changé ma vision de la saga, mais uniquement parce que je la regarde actuellement à travers la lentille de Shadows. Aujourd’hui, quelques jours après la sortie du jeu et dans les mois à venir, les épisodes antérieurs vont souffrir de la comparaison avec leur cadet, et ça me paraît indéniable. J’ai beau trouvé le cadre d’Assassin’s Creed Origins plutôt accrocheur, avec le gigantisme des pyramides qu'on voit poindre au loin lors de certaines de nos traversées, le dépaysement offert par Shadows aura tendance à rendre l’expérience d’Origins plus aride. De même pour Assassin’s Creed Odyssey, qui aurait pu être l’épisode le plus apte à me charmer avant Shadows, ou encore Assassin’s Creed Valhalla, en raison de la mise en avant de la culture viking et de la mythologie nordique.

Assassin’s Creed Shadows m’a prouvé que j’avais tort, ce nouvel épisode a changé ma vision de la saga d’Ubisoft

Le souci, c’est qu’aucun de ces volets ne peut rivaliser face à Shadows à mes yeux. Les facteurs qui plaident en sa faveur sont nombreux : le cap graphique et technique, le respect de la culture japonaise et sa retranscription soignée, la redécouverte des contrées du jeu grâce au système de météo et de saisons, etc. On savait Ubisoft capable de créer des mondes à couper le souffle, mais c’est la première fois qu’il me pousse réellement à m’y investir à ce point. Attention, Shadows, malgré ses défauts, n’a pas que ses arguments visuels à faire valoir. Avec les ajustements effectués sur le gameplay, on apprécie ce duo de personnages complémentaires et, surtout, en raison des efforts en matière d’infiltration, on a vraiment l’impression d’incarner un assassin avec Naoe, ce qui n’était pas vraiment flagrant, durant les dernières années, à travers les personnages de Bayek, Alexios/Kassandra et Eivor. C’est aussi ça qui va permettre au public, aux novices et aux fans d’apprécier Assassin’s Creed Shadows ! Avec Naoe et l’articulation des mécaniques de jeu autour du personnage, on a vraiment la furtivité et l’infiltration qui sont remises au premier plan, tout en ayant un compromis à proposer aux adeptes de l’action grâce à Yasuke. En jouant à Shadows, j’ai vraiment eu le sentiment que la franchise renouait avec l’infiltration et ce qui gravite autour, et c’est aussi pour ça qu’il sera dur de revenir sur les anciens opus.

Assassin’s Creed Shadows m’a prouvé que j’avais tort, ce nouvel épisode a changé ma vision de la saga d’Ubisoft

Lorsque l’on décortique Assassin’s Creed Shadows, on se rend bien compte que, dans le fond, les défauts de la série sont encore présents, même si les équipes d’Ubisoft Québec ont remanié certains aspects. Contrairement à ses aînés, l’épisode Shadows renvoie moins cette impression de mettre l’accent sur la quantité que sur la qualité, bien qu’il reste des exemples assez typiques (les activités secondaires pour progresser dans les arbres de compétences, le repaire, les châteaux, le grand nombre de cibles annexes) de cette démarche. Dans les précédents, on ressentait trop, à mon sens, cette dépendance aux codes du jeu de rôle et surtout à l’ajout de mécaniques de jeu, s’accumulant comme des couches de gras qui alourdissent l’expérience à défaut de la rendre savoureuse. Shadows dégraisse et, résultat des courses, la carte est moins remplie, les ambitions plus profondes que larges et la saga retrouve (quelque peu) la raison. Plus qu’une vision qui a totalement changé sur la saga grâce à cet épisode, Assassin’s Creed Shadows m’a mis au centre d’un carrefour. Derrière, il y a le passé et celui-ci devra faire plus que des pieds et des mains pour me donner envie de faire marche-arrière. Devant, l’avenir de la saga qui, je l’espère, sera dans la veine de Shadows et ses petites « révolutions ». Et puis, sur les côtés, des échappatoires, des itinéraires qui vont dépendre des intentions et des prises de conscience d’Ubisoft vis-à-vis du futur et qui feront que mon idylle avec Shadows restera, ou non, mon unique souvenir mémorable avec la saga.