Le monde des super-héros s’enrichit d’une production venue de Russie qui fait une entrée remarquée sur la plateforme de streaming Amazon Prime Video. Ce film de science-fiction et d’action, bien que suscitant des réactions critiques peu favorables, a néanmoins réussi à capter l’intérêt d’un public international, notamment en raison de ses similitudes thématiques et visuelles avec les productions Marvel telles que Avengers et Les Gardiens de la Galaxie.
Les Avengers russes
L'arrivée de Guardians sur une plateforme aussi accessible met en lumière une tentative de la Russie de s'inscrire dans le genre populaire des films de super-héros avec une approche et des personnages ancrés dans un contexte historique spécifique. Le long-métrage réalisé par Sarik Andreasyan débute durant la Guerre Froide, période pendant laquelle une organisation secrète nommée "Patriot" met en place un programme visant à créer une équipe de super-héros soviétiques. En altérant l'ADN d'individus sélectionnés parmi les différentes nationalités de l'URSS, "Patriot" donne naissance à des êtres aux capacités extraordinaires, dont les pouvoirs symbolisent les forces et les traditions des peuples soviétiques.
L'équipe est composée d'Arseniy (alias Arsus), un homme capable de se transformer en ours immense et puissant ; Temirkhan (alias Khan), doté d'une vitesse surhumaine et maniant des épées courbes ; Lernik (alias Ler), qui contrôle la terre et les pierres ; et Xenia, capable de devenir invisible sous l'eau. Cependant, le succès de ce programme contraste avec l'échec d'un projet concurrent, le Module-1, dirigé par le professeur Avgust Kuratov. Ce dernier, après avoir survécu à une explosion dans le laboratoire de "Patriot", se transforme en cyborg avec la capacité de générer de l'électricité et de contrôler les machines. Déterminé à prouver sa valeur, Kuratov lève une armée de clones et entreprend de dominer le monde, obligeant les Guardians, qui s'étaient cachés pendant des années, à sortir de l'ombre. Leur mission les conduit à affronter Kuratov dans une série de combats explosifs où le cyborg cherche à utiliser des infrastructures clés pour étendre son contrôle à l'échelle planétaire.

Essayer Amazon Prime gratuitement pendant 30 jours
La chute des défenseurs de la patrie
La réalisation de Sarik Andreasyan et le jeu des acteurs principaux, parmi lesquels Sebastien Sisak (Ler), Anton Pampushnyy (Arsus), Sanjar Madi (Khan) et Alina Lanina (Xenia), ont été l'objet de critiques majoritairement négatives en Russie. Décrit par de nombreux médias russes comme l'un des pires films jamais réalisés, Guardians a été fustigé pour son scénario jugé dérivatif, la qualité médiocre du jeu d'acteur et de la réalisation, des effets spéciaux bon marché, des incohérences narratives et une qualité globale faible. Des comparaisons peu flatteuses avec le film Les Quatre Fantastiques ont également été fréquemment établies. Ard Vijn, de ScreenAnarchy, note que "ce n'est pas seulement l'histoire qui a des problèmes, l'exécution des moments dramatiques n'est pas non plus exactement brillante".
Sergio Lopez Aguirre de Cine Premiere estime que "le film russe, Guardians, reste en l'état une première ébauche de ce qui aurait pu être une réponse fraîche au genre". Gavia Baker-Whitelaw du Daily Dot va plus loin en affirmant que le film "prend la formule de base des films Marvel, enlève toute la caractérisation et l'esprit, et livre un festival divertissant mais profondément stupide". Malgré un démarrage en tête du box-office russe lors de sa sortie le 23 février 2017, coïncidant avec le jour du Défenseur de la Patrie, les recettes ont rapidement chuté, conduisant à considérer Guardians comme un échec commercial retentissant en Russie, bien qu'un regain d'intérêt à l'international ait permis de limiter les pertes.
John Lui du Straits Times souligne un aspect paradoxal du film : "l'intrigue est idiote et la qualité des effets visuels est terrible, mais il y a un sens pur et non ironique dans ce film qui est tout à fait charmant et, parfois, involontairement hilarant". L'accueil mitigé n'a pas empêché l'annonce initiale d'une suite qui devait potentiellement inclure un super-héros chinois, mais ce projet a finalement été annulé, en partie à cause de similitudes scénaristiques avec Deadpool 2. En dépit de ses lacunes, Guardians a engendré d'autres produits dérivés tels qu'une bande dessinée préquelle et un roman. La présence du film sur Amazon Prime Video offre une nouvelle visibilité à cette production russe atypique, permettant à un public plus large de se forger sa propre opinion sur cette tentative d'intégrer le lucratif marché des super-héros.