Alors que Konami vient de révéler plusieurs informations sur Silent Hill f, un futur épisode se déroulant dans un village japonais pendant les années 1960, nous revenons aujourd’hui sur un des volets les plus décriés de la saga. Développé par WayForward, il a tenté de transporter l’univers horrifique de la série dans le monde bourré d’action du Hack’n Slash. Vous pensez que c’est une mauvaise idée ? La réalité est encore pire.

Book of Memories à oublier

Il y a 13 ans, les jeux Silent Hill poussaient comme des champignons et s’adaptaient à toutes les conditions. Trois ans après Shattered Memories – réimagination puissante de Sam Barlow (Immortality) de l’épisode d’origine – et deux ans après Orphan 3 – un point-and-click – réservé au mobile, la franchise de Konami connaissait son année la plus fructueuse. En effet, Silent Hill Révélation 3D sortait dans les salles obscures et trois softs pensés pour les consoles à la mode perçaient les ténèbres : Silent Hill HD Collection (compilation contenant le deuxième et le troisième opus), Silent Hill Downpour (nouveau survival-horror plaçant le joueur dans la peau d’un fugitif) et Silent Hill : Book of Memories. Ce dernier stupéfia les fans dès son annonce, puisqu’il s’agissait d’un Hack’n slash/Dungeon Crawler bien loin des genres et des thèmes habituellement aperçus dans les boyaux fumants de la ville maudite.

Bien sûr, en 2012, ce n’est pas la première fois que la série de Konami s’essaye à des catégories où nous ne l’attendons pas forcément, puisqu'elle s’est déjà risquée au visual novel interactif (Play Novel, 2001), au point-and-click atmosphérique (Orphan, 2007), au FPS mobile (The Escape, 2007) et même au rail shooter rythmé (The Arcade, 2007). Néanmoins, il y a quelque chose qui cloche vraiment avec Book of Memories, perceptible dès les premières minutes de jeu : très éloigné d'un épisode conventionnel tout en étant à des années-lumière des canons du Hack'n slash, le soft porte le nom Silent Hill tel un fardeau dont il ne sait quoi faire.

Silent Hill sauce Diablo ?

WayForward, surtout connu pour ses platformers colorés tels que Shantae ou Mighty, se prend les pieds dans le tapis (enflammé) en développant le premier Dungeon Crawler top-down de son histoire. L’aventure estampillée Silent Hill sur Vita commence mal. Après la création de son avatar où l’on peut choisir quelques traits physiques ainsi qu’une des cinq classes – dignes d’un film horrifique de série B avec le sportif, l’intello, le bcbg, le gothique ou le rockeur – le jeu débute sur une cinématique montrant notre héros recevoir un livre en provenance de Silent Hill.

Après une petite lecture, l’avatar s’assoupit puis se réveille dans l’Otherworld de la cité maudite. Le cauchemar du héros devient vite celui du joueur : enfermé dans des labyrinthes générés de façon procédurale, il doit explorer – seul ou avec trois autres camarades – des donjons peu variés à la recherche d’ennemis à tuer afin de récupérer des éléments permettant de résoudre un puzzle final. Le level design, insipide, provoque malheureusement l’ennui au bout de deux petites heures de jeu seulement.

Qu’est-ce qu’il y a de vraiment “Silent Hill” dans la production de WayForward ? Pas grand-chose, en réalité. À part le bestiaire, l’arsenal, et le fait que les armes ont une durée de vie limitée, bien sûr. Pour le reste, les musiques sont décevantes, l’ambiance tombe vite à plat, il y a des sorts magiques (oui !) et l’histoire est quasiment inexistante. Certes, certains document donnent quelques informations sur le lore, mais tout est tellement secondaire qu'on ne vit plus que par et pour le combat. Comme nous le précisions dans notre test, le gros souci, c’est qu’en tant que jeu d'action, Book of Memories est très décevant. Les combats manquent de peps, les coups sont peu variés et il y a de vraies absences du côté de l’ergonomie : il n’est par exemple pas possible de connaître l’efficacité d’une arme avant de la tester directement sur un adversaire !

Loot rare, mais pas légendaire

Que se passe-t-il quand un jeu vidéo d’une licence sur le déclin tente un spin-off – mal noté par la presse – sortant exclusivement sur une machine peu vendue (dont la production s’arrêtera 6 ans plus tard) ? Oui, il devient rare. Puni par un terrible 59/100 sur Metacritic, Book of Memories a longtemps été le Silent Hill sorti sur console le moins bien noté par la critique, avant que cette place ne soit prise en 2024 par Silent Hill : The Short Message (PS5). Ce dernier est malgré tout hors catégorie, puisqu’il s’agit d’une expérience gratuite. Peu vendu, et donc peu produit, le titre de WayForward a en tout cas rapidement vu sa cote grimper.

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Proposé à quelques euros au moment de la liquidation des stocks des magasins Games en 2013, Book of Memories s’échange aujourd’hui sur le marché de l’occasion autour des 150 euros sur les sites de revente, ce qui fait de lui un des Silent Hill les plus onéreux aux côtés de Shattered Memories (PS2), du tout premier soft sorti sur PS1 et de Play Novel. Vous l’aurez cependant compris, nous vous déconseillons de dépenser autant d’argent pour mettre vos petites mains dessus. Bâti sur des fondations rouillées, Book of Memories est un chapitre de l'histoire de Silent Hill qu'il vaut mieux oublier.